Alésia, le bafouillage continue

par Emile Mourey
vendredi 12 juin 2009

Le voilà enfin, le documentaire qu’on attendait sur l’Alésia officielle ; rediffusion dimanche sur la Cinq à 9h05. Très beau documentaire, une convergence de preuves telle que tous ceux qui contestaient le site, notamment dans la grande presse parisienne, se trouvent ridiculisés pour l’éternité. En revanche, le flou le plus complet sur le déroulement de la bataille et sur les obstacles du retranchement césarien, hormis le camp C. Un aperçu toutefois sur quelques misérables branches plantées dans le sol, véritable passoire face à un assaut de Gaulois dont tous les textes témoignent pourtant de la fougue. Et cela me met dans une colère noire.

 
La bonne traduction qu’il aurait fallu faire dès le début.
 
 
 
Le bafouillage napoléonien.
 
 
Le bafouillage actuel.
 
 
 
Une mauvaise interprétation des fouilles allemandes.
 
 
Michel Reddé voit des aiguillons/stimuli là où il faut voir les fleurs de lis/lilia et il plante des branchettes en avant qu’il nomme cippi car il n’a pas compris que ces cippi/colonnes de la mort étaient des troncs couchés dans le large fossé extérieur. Erreur supplémentaire, il interprète la sédimentation observée dans ce fossé comme l’indice qu’il s’agit de celui que César a mis en eau alors que cette sédimentation est la trace de mes troncs précités. Il n’a pas compris que le fossé mis en eau était le premier fossé au pied du rempart qui était ainsi rendu boueux. En ce qui concerne les fleurs de lis/ lilia/trous de loup, il les situe en dehors du glacis en se fiant aux fouilles de Napoléon III, ce qui est évidemment faux. La conséquence, c’est une reconstitution du retranchement qu’aucun bon professionnel de la guerre ne peut accepter alors que ce croquis de fouilles s’accorde parfaitement au texte de César tel que je l’ai traduit dans mon premier croquis.
 

 
....tels qu’il faut se les représenter.
 
Deuxième coup de colère en lisant à la page 204 du livre pré-cité : ... "à l’échelle des historiens, un épisode totalement secondaire"...alors qu’il s’agit d’une des plus grandes batailles de l’Antiquité.
 

Ma traduction du passage décrivant les "cippi" (colonnes funéraires, cf Gaffiot)

 Dans les fossés continus (le fossé de 6 mètres de large, et probablement aussi le fossé de 4m50 qui le jouxte), on amène des troncs d’arbres dont on a raccourci les branches de façon à ne conserver que les parties rigides qu’on écorce et que l’on taille en pointe. On les tire (autrement dit : on les couche) dans ces fossés continus profonds d’1m50. Une fois descendus, on attache les troncs par le bas pour que l’adversaire ne puisse pas les retirer. Seules les branches dépassent. Cela faisait cinq lignes liées ensemble et emmêlées (3 lignes de troncs dans le fossé de 6 mètres, 2 lignes dans celui de 4m50 ? ). On leur donne le nom de cippes (colonnes de la mort).

 Itaque truncis arborum des troncs d’arbres aut admodum firmis ramis abscisis dont on a raccourci les branches atque horum delibratis écorcées ac praeacutis cacuminibus et taillées en pointe perpetuae fossae dans les fossés continus quinos pedes altae profonds de cinq pieds ducebantur on amena. Huc illi stipites demissi ces troncs une fois descendus et ab infimo revincti attachés par le bas, ne revelli possent pour qu’on ne puisse pas les retirer, ab ramis eminebant ils ne dépassaient que par les branches. Quini erant ordines cela faisait cinq lignes coniuncti inter se liées ensemble atque implicati et emmêlées ; quo qui intraverant ceux qui s’y engageaient, se ipsi acutissimis vallis induebant s’enferraient d’eux-mêmes sur ces branches très pointues. Hos cippos appellabant on leur donna le nom de colonnes funéraires.

 

Lire l'article complet, et les commentaires