Algérie : du Hirak (2)

par GHEDIA Aziz
mercredi 24 avril 2019

La « révolution du sourire » venait de naître. D’emblée, on lança le mot « silmiya », qui veut dire, en français, « pacifique ». On prôna la non-violence, comme le fit jadis le Mahatma Gandhi (dans les années 40 du siècle dernier) pour mettre fin à la présence de la Grande-Bretagne aux Indes. On conseilla aux manifestants de ne pas répondre aux provocations d’où qu’elles viennent ; car l’on savait bien que le pouvoir était capable du pire. Il était capable de réprimer par les forces de l’ordre ou, le cas échéant, en ayant recours à des voyous qu’il enverrait, le moment venu, à la casse et au pillage au niveau de la ville, choses qu’il mettra ensuite sur le compte des manifestants pour disqualifier le mouvement populaire.

 C’est ce qui s’était produit d’ailleurs durant deux ou trois vendredis de suite mais sans grandes conséquences sur le mouvement citoyen ni sur la suite des évènements. Les services de sécurité avaient eux-mêmes reconnus que ces casseurs, qui agissaient à visages couverts et pratiquement à la fin des marches, étaient manipulés par des forces occultes, forces occultes représentées par des personnes qui n’avaient pas intérêt à ce qu’il y ait un véritable changement politique en Algérie.

Toujours est-il que, vu l’ampleur de ces manifestations qui drainaient chaque vendredi des millions d’Algériennes et d’Algériens dans toutes les villes d’Algérie, d’Est en Ouest et du Nord au Sud, le vice Président de la Défense Nationale, Ahmed Gaïd Salah, était, en quelque sorte, mis au pied du mur. Obligé de réagir aux cris de la « rue » contre le 5e mandat d’Abdelaziz Bouteflika et de montrer qu’il était au côté du peuple, il ordonna probablement au Président du Conseil Constitutionnel d’appliquer l’article 102 de la Constitution. Or celui-ci, le Président du Conseil Constitutionnel, a été désigné par le Président Abdelaziz Bouteflika. C était l’un de ses proches et homme de confiance de surcroit. Comment, dans ces conditions, pouvait-il, ce Taib Belaiz puisque c’est de lui qu’il s’agit, répondre à l’injonction de Gaid Salah fut-il vice Président de la Défense, et destituer celui par la grâce duquel il se retrouve à la tête d’une institution étatique de grande importance alors que réglementairement et constitutionnellement il n’en avait aucun droit ? Encore un non respect de la Constitution algérienne qui a été taillée sur mesure, par nos parlementaires indignes, au Président Abdelaziz Bouteflika. 

Mais que dit l’article 102 de cette Constitution tant triturée et tant violée par ceux-là même qui l’ont écrit ? Il dit ceci :

« Lorsque le président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose, à l’unanimité, au Parlement de déclarer l’état d’empêchement. » « Le président du Conseil de la nation assume la charge de chef de l’Etat pour une durée de quatre-vingt-dix (90) jours au maximum, au cours de laquelle des élections présidentielles sont organisées. »

Or, il était de notoriété publique que le Président Abdelaziz Bouteflika souffrait d’un handicap majeur tant physique que cognitif depuis son AVC de 2013 et que c’est à cette époque-là qu’on aurait dû appliquer cet article 102.

Le Président Abdelaziz Bouteflika était dans un état presque comateux dans un HUG à Genève et ignorait certainement tout ce qui se passait en Algérie. Son rapatriement s’était fait dans des conditions rocambolesques dignes d’une grande réalisation hollywoodienne. Et cela après que les urgences de cet hôpital Genevois furent assaillies d’appels téléphoniques de jeunes algériens à l’humour drolastique. 

A suivre

Par GHEDIA Aziz, membre fondateur de Jil jadid.  


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