ALGERIE / Elections législatives du 4 mai 2017 : Enseignements et perspectives

par Zoheir Rouis
mardi 6 juin 2017

Le 4 mai dernier les Algériens ont exprimé de manière nette et massive leur rejet du régime en place et des partis qui ont accepté de cautionner un simulacre d’élections. De ce point de vue-là l’élection législative du 4 mai dernier s’apparente clairement à un référendum à l’envers !

 Le rejet du régime et de ses alliés a désormais atteint un effet de seuil. Et en cela cette séquence électorale a été inédite à plus d’un titre.

Inédite, elle l’a été par :

Pourtant, on ne peut pas dire que le régime n’a pas tout fait pour amener les algériens à se rendre aux urnes : vote des militaires hors des casernes comme gage de respect de la loi et de barrage à la fraude, commission de surveillance des élections, participation de partis de l’opposition pourtant préalablement engagés dans la plateforme de Mazafran, …

Tout cela n’aura pas suffi à induire en erreur une population majoritairement jeune, désormais de plus en plus engagée et au fait de la réalité des choses.

Les partis du pouvoir, FLN et RND, et malgré le probable bourrage d’urnes pour masquer l’ampleur du rejet dont ils font l’objet, ont officiellement récolté à eux deux 2.5 millions de voix, soit 11% du corps électoral. Et quand bien même on leur rajoute les 1% octroyés au MPA et à Taj, ils arrivent à 13% du corps électoral alors qu’ils sont censés avoir mobilisé leurs électorats pour faire le plein des voix. Une déroute consacrée officiellement !

Les partis dits islamistes quant à eux n’ont recueilli entre eux que 2.7% des voix du corps électoral (1.7% pour l’alliance autour du MSP et 1% pour celle autour du MRN) alors que les partis dits démocrates, que sont le RCD et le FFS, ont, en ce qui les concerne, recueilli moins de 1% entre eux (0.65% pour le FFS et 0.28% pour le RCD). On peut raisonnablement penser que les adhérents et sympathisants de ces partis ont pris le large tant ils ne se reconnaissent plus en ces vieux partis au double discours et qui pratiquent l’entrisme pour le partage du pouvoir avec le régime. 

Dans l’opposition, on peut penser que la clarification est désormais faite entre ceux ont tout fait lors de cette élection pour donner une caution démocratique à cette mascarade électorale et une légitimité à ce fiasco et ceux qui ont tout fait pour que les Algériens saisissent les véritables enjeux de cette élection et s’engagent par leur refus dans la construction d’une conscience civique tournée vers la construction d’un Etat de droit.

Quant au régime, les fissures internes sont béantes et les dissensions autodestructrices. La décomposition est inéluctable même si à mesure qu’elle progresse les prédateurs deviennent plus voraces mais néanmoins plus nuisibles entre eux.

Le 4 mai dernier, les Algériens ont en réalité fait le choix de l’avenir sans ce régime.

De la déroute du régime et de ses alliés naît en réalité une nouvelle forme d’engagement citoyen qui s’est exprimé notamment à travers les partis ayant boycotté le scrutin, les organisations dites de la société civile et les réseaux sociaux. Désormais, c’est de là que semble poindre l’espoir d’un renouveau possible de l’engagement pour le changement.

Une forte demande de rénovation des pratiques politiques s’exprime de même qu’une exigence très saine de la part des citoyens de pouvoir s’impliquer davantage dans le choix de leurs représentants à tous les niveaux.

C’est là une intransigeance encourageante en matière d’éthique en politique et qui engage les partis !

Répondre à la volonté de changement et de participation des citoyens en proposant une façon nouvelle de faire de la politique, telle est la mission des partis sincères et impliqués dans un changement réel et profond pour l’édification d’un Etat de droit.

Mettre en œuvre les conditions d’une implication personnelle plus poussée de leurs militants, encourager la créativité individuelle et le travail collectif, favoriser la circulation des informations et la formation politique permanente, promouvoir les échanges et la coopération, telles sont les responsabilités des partis. Autant de conditions qui pourront leur permettre d’apparaitre plus crédibles et donc plus aptes à représenter une véritable alternative.

Pour tout cela, il faut une organisation saine et démocratique, des structures solides et ouvertes, des règles communes, des délibérations collectives, transparentes et démocratiques, des dirigeants élus et responsables. Autrement dit, des partis nouvelle génération ! Des partis 2.0 !

Telles sont la raison d’être et l’ambition de Jil Jadid.


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