Alliot-Marie, Fillon et Sarkozy : Tous dehors !
par Aimé Mathurin Moussy
jeudi 10 février 2011
On sent comme un augure de mauvais jours, à propos de ces affaires qui mettent en mal la France : la bonne gouvernance, les droits de l’homme et la démocratie. On pourrait résumer la situation trivialement ainsi : « Alors, ces émeutes de pauvres, ont-elles enrichi la classe politique française » ? On guette, on annonce ce que cela va produire, que c'est déjà commencé. Du cynisme, voire de l’ironie à l’endroit de ces pauvres pays africains. Piller plus les pauvres, pour se maintenir au pouvoir, telle semble être la nouvelle devise de ce gouvernement.
On rappelle à l'envi que des « pillards armés » rôdent dans les ruines de la Côte-d’Ivoire ; que la « république irréprochable et modeste » qu’est la France, est la gardienne de la démocratie, la défenseure des impotents et des démunis. Que ne découvre-t-on pas : des voyages privés sur les bords du Nil, de François Fillon, qui se transforment en voyage d’Etat ; des vacances d’Alliot-Marie en Tunisie, qui se transforment en caution à la dictature en place, un weekend privé, de Nicolas Sarkozy à New-York, payé par les contribuables, à qui l’on demande de se serrer la ceinture. Voilà l’image qu’on retiendra de la diplomatie française !
De l’hédonisme à l’Etat brut
Quel crédit Sarkozy a-t-il aux yeux des Africains ? Avant même que le séisme terrifiant des révélations sur le peu de considération que Sarkozy porte aux Africains, ne se déclenche, n'importe quel citoyen averti, était tenté de se demander comment une tel pouvoir pouvait tenir debout. Arrogance, imposture, perfidie, sont les maîtres mots de la gouvernance du pouvoir en place en France. Et même, comment une telle société africaine, tout simplement, pouvait continuer de vivre, quand elle est asphyxiée par ceux qui sont supposés la faire vivre. Le constat est sans appel : Inégalités effarantes, misère absolue, violences constantes, corruptions de toutes sortes. Une humanité à l'abandon.
Le reporter que je suis, était allé en Tunisie et en Egypte, y a deux ans de cela, en vue de faire l’état des lieux sur la liberté de presse et la démocratie. J’en étais revenu avec l'impression d'avoir connu le pire endroit de la planète, les pays les plus rongés par tous les maux sanitaires, sociaux, politiques, etc. J’avais eu une seule fois, auparavant, l'occasion d'éprouver un sentiment d'une même intensité, c'était lors d'un séjour au Rwanda. La situation de ces pays m’était apparue comme ne pouvant empirer. Erreur : il fallait que la barbarie s'ajoute à l'autocratie, la catastrophe démocratique aux catastrophes politiques : le pillage des deniers publics. La diplomatie française, si elle n’a pas participé de manière active aux pillages, a approuvé très implicitement cet état de fait.
La Tunisie et l’Egypte n'avaient donc pas atteint le fond du malheur. La misère et la pauvreté, s’ajoutant aux pires cauchemars dont sont victimes ces populations ; les diplomates français n’ont pas pu prévenir leur chancellerie, bien au contraire, ils ont favorisé l’entretien de réseaux parallèles entre l’oligarchie dominante et les politiciens français. La confiscation du pouvoir par ces oligarques, s’est vue entretenue et renforcée, par la vente d’armes, la coopération.
Qui de nous, ne peut s’empêcher, après ce que nous découvrons, des liens paternalistes que la France entretient avec des dictatures, d’être hanté par : la peur, les larmes, le désespoir ? Que dire qui ne soit dérisoire de ces pratiques monolithiques ? Il y avait, avant, une chose qui sauvait ce Continent : l'humour et la gaieté, le beau temps, comme un défi. Le ciel de Sarkozy est tombé sur lui, et enterre ses quotidiennes joies.
La fin d’un système
Est-ce la fin d’un règne ? Nous avions perdu l'habitude de voir un avilissant mélange de genres au sommet de l’Etat. Argent partout, gain qui pince soit les couches sociales les plus dépourvues, si nombreuses soient-elles, soit les gouvernements les plus véreux que le Continent ait eu. Que se passe-t-il donc qui eût étonné nos aïeux ou nos vieux souvenirs ? Rien que la force de cette courte habitude de voir l’Etat rester à sa place de gardien de l’éthique et de la morale. Rien que cette illusion d'un « gouvernement moins cupide », tellement présent dans nos esprits que nos corps en auraient négligé l’esprit et le sens de l’intérêt général. On entend, c'est vrai, des chiffres effarants (surtout pour un Africain) : « mille morts à Tunis » et « deux mille morts au Caire » un peu plus loin, dans d’autres pays, là où la misère a décimé, vous retenez votre souffle, dans l’espoir d’une embellie matinale... L’on se réveille et se rappelle que la France, quelle soit de droite ou de gauche, ne voit que ses intérêts en Afrique. Peu importe le nombre de morts que la mauvaise gouvernance laisserait sur le carreau.
Pas d’hommes de poigne pour mettre en branle, dans les esprits, les mots, équité et égalité, qui doivent sous-tendre les rapports entre les pays du Nord et du Sud. Maintenant, cette classe politique, bien à l’abri des besoins primaires, ne laisse que de mauvais souvenirs aux Africains. Mais que diront, en 2017 ou 2022, les enfants d'aujourd'hui du gouvernement Sarkozy de 2011 ? Que ce fut le dernier ou le premier ? Un hoquet terminal de nos espoirs ? Un coup de semonce aux efforts de progrès de l’Afrique ? Gageons que, dès la prochaine présidentielle, ce souvenir mauvais, commencera de s'effacer, on le vendra même aux esclavagistes modernes, appelés chefs d’Etats de la « Communauté internationale ». Au moins pour ceux qui souffrent, comme nous Africains, il est temps de bouter hors de la sphère politique, ces politiciens de petite vertu.
Aimé Mathurin Moussy