Allonnes (28), ici Marine Le Pen et Zemmour dépassent les 50%

par Coeur de la Beauce
samedi 16 avril 2022

C'est un patelin paumé situé à quelques kilomètres de chez moi, où Marine Le Pen est arrivée en tête au premier tour de la présidentielle. Comme à peu près partout dans le secteur. L'endroit est très (trop ?) calme, il n'y a aucun commerce, pas de services publics, peu de transports en commun ; la ligne Chartres-Orléans du Transbeauce offre quelques cars dans les deux sens.

Autrefois (photo d'illustration), c'était un village de cultivateurs. Aujourd'hui, les petits enfants de ces ruraux ont réinvesti les lieux faute de mieux. La région parisienne est proche mais le logement inabordable et ses quartiers populaires impraticables ; Chartres et Orléans n'attirent pas, avec leurs incivilités, leurs trafics et une promiscuité peu attractive.

Bienvenue à Allonnes, en Eure-et-Loir. L'endroit est plaisant pour les cyclistes amateurs comme votre narrateur, il y a pleins de petites routes, les chemins le long de la voie ferrée du LGV sud-ouest. Un paradoxe d'ailleurs, car les gares SNCF du coin sont fermées depuis au moins 1950. La modernité d'un côté, la campagne isolée de l'autre.

L'abstention a frappé dur ici aussi, où un petit peuple d'ouvriers et d'employés smicards, avec quelques artisans, ne croit plus dans la politique. Ici on paie des impôts pour entretenir les plans de relance des quartiers urbains et des services publics qui sont éloignés. Ici, pourtant, on est éduqué, il n'y a pas de tags sur les murs, pas de bandes de jeunes, pas de voitures dégradées. Ici, on roule au diesel car on ne peut faire autrement, difficile de faire 40 kms aller-retour pour travailler en trotinette électrique, et les moteurs DCI/HDI sont plus résistants aux intempéries. L'hiver, ils démarrent et nous permettent d'aller gagner notre vie en ville, où nos véhicules sont traqués, verbalisés, bridés à 30 km/h. Ici, il n'y a plus ni médecins ni dentistes depuis des lustres, on se soigne comme on peut.

Vous l'avez compris, à Allonnes on ne vote pas comme à Paris. Et pourtant, ils sont quelques uns les franciliens installés dans le secteur, comme en témoignent les plaques d'immatriculation des voitures. Beaucoup ont fui l'Essonne et les Yvelines (Grigny, Trappes...) où la coéxistence avec les populations issues du tiers-monde est devenue impossible. D'autres ne peuvent payer un loyer plus au nord (le coût du logement a été multiplié par six depuis 2002 en Ile-de-France), d'autres encore préfèrent la verdure à la saleté des grandes villes, mais tous ne peuvent se reconnaitre dans les discours moralisateurs, écolos et démagogiques des Macron, Mélenchon, Jadot et Hidalgo (deux voix pour elle dans ma commune de deux mille habitants).

A Allonnes (qui pourrait presque se traduire par "seul" en anglais), on attend un peu de respect et de considération. On aimerait vivre normalement, avec des commerces de proximité, un accès aux soins, des services publics autres que la seule gendarmerie qui contrôle les excès de vitesse sur nos routes quand les rodéos urbains ne sont jamais réprimés. Je ne réside pas à Allonnes, mais à dix kilomètres de là, où subsistent commerces et école communale, avec cependant le même sentiment de mépris de la part de ces élites urbaines qui considèrent le beauceron comme un "beauf" arriéré, pollueur et raciste.

France des grandes villes contre France de la tradition rurale, c'est toute la différence entre le banquier-président bilingue mondialiste et l'avocate des français pauvres et ruraux. Votre narrateur n'accorde qu'une confiance limitée à cette dernière pour changer les choses, car ce sont d'abord nos mentalités qui sont à revoir. Il faut comprendre que le vote "ultra" en milieu rural est un appel au secours, et non un choix nationaliste ou racialiste. Et si cette élection était celle du respect et de la lucidité retrouvés ? On peut toujours rêver en parcourant la campagne à vélo par ce beau week-end pascal...


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