Alternatiba est passé à Montpellier

par Roland Gérard
samedi 22 septembre 2018

Pour nous tous, ça a été une émotion de les voir arriver. Ils et elles sont partis de Paris le 6 juin et arriveront à Bayonne le 6 octobre. Ce seront au total 5800 kilomètres parcourus sur leurs vélos et tandems à trois et quatre places. Heureusement ils et elles se donnent le relais.

Terres agricoles ou zone commerciale ?

Pour l’étape de Montpellier, l’accueil s’est fait à Saint-Clément de Rivière à proximité d’une terre agricole que Décathlon veut bétonner pour implanter une zone commerciale comme il y en a tant déjà autour de la ville. Le collectif oxygène s’est mis en travers du projet. Bien lui en a pris, le juge a décidé d’une annulation partielle du permis d’aménager et les documents d’urbanisme en cours d’élaboration semblent aller maintenant vers une protection du site.

Enthousiasme et bonne humeur

Ils étaient une douzaine ceux du tour et arrivaient d’Aubais dans le Gard. Ils ont autour de la trentaine, ils sont vaillants, enthousiastes et de très bonne humeur, tous avec leur teeshirt « Alternatiba ». A leur arrivée ils scandaient « on est plus chauds que le climat ». L’une des cyclistes a lu une déclaration qui se termine en donnant rendez-vous à tous le 6 octobre à Bayonne sur la ligne d’arrivée du tour. Nous avons repris en cœur la chanson de Kalune les Fleurs de la résistance au refrain entrainant.

Refrain

On se bouge, on se lance


On vise l’autosuffisance
Et on ose, on propose
Un profond changement des choses /
On se bouge, on avance
Dans la désobéissance
Et on sème, en urgence
Les fleurs de la résistance

Garden party

Nous n’étions pas loin de 100. Le repas préparé la veille par des bénévoles, avec des ingrédients issus pour leur majeure partie de l’agriculture locale et bio, a été très apprécié ainsi que les boissons au gingembre, le bissap, les vins bios locaux… La très bonne ambiance sous les pins faisait penser à une « garden party » et la formule prix libre pour le repas a très bien fonctionné. Un petit stand dressé et tenu par nos cyclistes du tour a permis d’acheter des teeshirts, des badges, le DVD du film « Irrintzina, le cri de la génération climat » des brochures aussi… Cela faisait à peine plus de deux heures qu’ils étaient là et déjà, ils repartaient vers la place de la Comédie à Montpellier pour se lancer dans la vélorution qui les a amenés jusqu'à la Paillade. C’était là le lieu d’un nouveau rendez-vous en fanfare pour la conférence et le repas.

Les chiffres clés de la conférence : « Climat est-ce déjà trop tard ? »

La conférence présentée par une jeune cycliste prénommée Pauline est sobre, précise, bien documentée et elle donne envie de participer à l’effort général. Elle nous a donné quelques chiffres qui fixent bien les idées : la température sur la Terre a augmenté de 1,1° en 150 ans, le nombre de catastrophes a énormément augmenté ; on peut dire qu’on est passé de 40 à 400 par an entre 1960 et aujourd’hui, les 10% les plus riches sont responsables de la moitié des émissions mondiales, suite à la COP 21 en faisant la somme des engagements des Etats, on arrive à plus de 3° d’augmentation, nous vivons en ce moment la 6ème extinction massive des espèces, la dernière c’était celle des dinosaures.

Une dimension historique

Elle va loin dans ce qu’elle dit, mais on sent que c’est très réfléchi et que c’est juste de bout en bout. Rien de fébrile dans le propos. Il y a des risques aujourd’hui d’ « emballement climatique », « on est à une époque charnière de l’histoire de l’humanité », « on a la solution : arrêter de bruler des énergies fossiles, c’est très compliqué parce que le pétrole est partout », « Est-ce qu’on veut vivre dans une société où les multinationales prennent les terres des petits paysans ? », « Les vraies alternatives sont celles qui permettent aussi de vivre selon des valeurs de justice, de coopération, de liberté… ». Elle demande au public sans doute une cinquantaine de personnes, quelles sont les solutions et aborde les thèmes des énergies parlant d’Enercoop, elle parle d’ « ébriété énergétique » Elle demande : «  veut-on de l’énergie pour faire plus de panneaux lumineux ?  », un participant éclairé dira « non !  » et les autres de rire !

« 50 à 70% des solutions sont au niveau local »

Elle prend l’exemple de la dernière guerre pour dire que « quand l’Etat le décide, on peut changer », les hommes sont allés au front et les femmes dans les usines. Elle insiste sur ce chiffre important « 50 à 70% des solutions sont au niveau local » ce chiffre vient du GIEC. Elle témoigne des actions faites en ce moment contre la Société Générale qui veut investir sur les énergies fossiles et raconte comment la BNP a renoncé à ce type d’investissements suite à des actions non violentes menées dans les agences.

Action non violente

L’ambition d’Alternatiba est de déclencher un mouvement de masse en s’appuyant sur la non violence comme l’ont fait en leur temps, Gandhi et Martin Luther King. Pauline nous dit qu’il y avait 150 000 personnes dans les rues en France le 8 septembre dernier à marcher pour le climat, ils attendent 30 000 personnes à Bayonne. Peut-être qu’on est bien entrain d’en prendre la voie.

Couscous délicieux au cœur de la citée

Comment ne pas les admirer ? Une telle aventure, un tel défi, tous ces kilomètres, ces deux cents étapes, cette organisation, cette logistique. Comment ne pas être sensible à tout ce que ça déclenche d’initiative et de faire ensemble ? Ces femmes qui, la nuit tombée nous ont servi un délicieux coucous au pied de leur immeuble resteront dans bien des mémoires, elles étaient des nôtres, nous étions des leurs. Ce tour fait société dans des endroits où il y en a besoin. Nul ne sait ce que sera notre monde dans 10 ans et encore moins dans 50, mais on pourra dire que certains se sont bougés et qu’Alternatiba en était.


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