American sniper - American bastard

par Serge ULESKI
mercredi 5 août 2015

 

 Le dernier film de Clint Eastwood aura battu tous les records aux Etats-Unis dans les 2 premières semaines de son exploitation en décembre 2014 ; ce sera le plus gros succès commercial de la carrière du réalisateur.

Nominé pour six Oscars dont celui du meilleur film, il sera toutefois récompensé pour le "montage sonore" seul. Là, c'est Hollywood qui sauve la mise, et peut-être aussi son honneur car il était un temps question de remettre à cet "American sniper" l'Oscar du meilleur film.

 

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  Sorti en France en février 2015, American sniper "raconte" l’histoire de Chris Kyle de l’US Navy Seal aujourd'hui célèbre, et tout aussi célébré, pour sa remarquable efficacité durant son engagement en Irak. 

L’effet direct du film sur le public américain ne tardera pas à se faire sentir ; les retombées seront islamophobes et racistes : « Un p*** de bon film et maintenant je veux vraiment tuer certains de ces p*** d’enturbannés !  »

ou bien encore...

« Amerian Sniper me donne envie d’aller tirer sur quelques p*** d’arabes !  » déclare un autre spectateur.

 

N'a-t-on pas toujours les ennemis et les cibles que l'on mérite ?

 

  Quant au réalisateur, ce pauvre type d'Eastwood, il ne se sera décidément rien épargné durant sa longue, trop longue carrière - un film tous les ans depuis cinquante ans -, puisqu'il signe là son film le plus affligeant ; un film d'une ignorance et d'une bêtise crasses, et par voix de conséquence, moralement (et politiquement... pour peu qu'Easwood et son public soient capables de comprendre ce que cet adverbe implique) abject.

Comme quoi, on ne se refait pas ! Jamais ! Et plus encore lorsque l'on ne peut pas cacher très longtemps d'où l'on vient ! C'est sûr : Eastwood n'aurait jamais dû quitter le western spaghetti et s'effacer avec lui, ou bien encore, garder son costume d'inspecteur Harry, de triste mémoire, avant de prendre sa retraite dans l'oubli. Cela fait des années que nous sommes nombreux à tenter de convaincre la critique cinématographique à ce sujet, en particulier Télérama, les Inrocks et "Les cahiers" : en vain.

 

 Car... mais faut-il le préciser ?... avec "American Sniper", le réalisateur et son public dont il n'y a définitivement plus rien à sauver, semblent avoir tout simplement oublié, eh bien... que les Irakiens sont chez eux. Eh oui !

 Vous dites ? Les troupes américaines ont le soutien d'un gouvernement dit "irakien" de ce que l'on nomme encore l'Irak ?

Oui, sans doute, mais... ce gouvernement et sa proximité avec les troupes américaines ne vous rappelle pas un passé franco-français pas si éloigné : car enfin, ce gouvernement, n'est-ce pas un peu aussi, et surtout, Vichy et la collaboration avec l'occupant allemand ?

 

 Comment ça ? Ca vous avait échappé ?

 

 Une fois ce film visualisé (commande du Pentagone ?) plusieurs mois après sa sortie, pour ne rien dire des commentaires de ceux qui l'ont vu dès les premières semaines, une pensée vient à l 'esprit : heureusement qu'Hitler était nazi et accessoirement antisémite, car, dans le cas contraire, ils lèveraient tous le bras aujourd'hui. Oui ! Bien haut le bras et bien fort "Maréchal nous voilà !"

D'ailleurs, ils le lèvent ce bras, même manchots ! tellement la connerie et la scélératesse ne connaissent plus, chez tout ce beau monde, de limites, de frontières, de retenue.

Oui ! Ils le lèvent ce bras, à l'heure où ceux qui le baissent sont poursuivis en justice (e.i la quenelle)... tous le lèvent ce bras, de New-York à Tel-Aviv en passant par l'Elysée et Bruxelles ! Et c'est la gerbe ! Encore et toujours la gerbe !

 

 

  Aussi, pour cette raison, on vous épargnera une analyse du film d'Eastwood puisque ce film, vous le connaissez tous, il a déjà été tourné mille fois : avant hier les Indiens, puis vinrent les Vietnamiens ; aujourd'hui, les Arabes et les Musulmans ; John Wayne, De Niro (The deer hunter) et un dénommé Bradley... dont on se fout, du reste !

Et cette fois-ci en pire  : amalgame, dévalorisation, diabolisation, voire... déshumanisation de tout ce qui de près ou de loin ressemble à un Irakien, un Arabe, un Musulman, hommes, femmes et enfants sur fond de bonne conscience, bien évidemment propre aux pompiers-pyromanes venus faire un tour pour constater l'ampleur de la dévastation.

Faut dire qu'à huit euros la place, à ce tarif là, c'est donné ! On fait le voyage sans hésiter. Alors, pourquoi s'en priver ? Les occasions de passer un bon moment en cassant du bougnou** en toute impunité - encore et toujours le bougnou** ! -, ne sont pas si fréquentes de nos jours !

 

 Après le tourisme sexuel, voici le tourisme guerrier ! Là encore, pour trois fois rien, et sur le dos de la vérité du plus faible !

 

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Pour prolonger, cliquez : Clint Easwood : quand la critique s'effondre


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