« Anti-radioactivité » chevronnés, les Verts ont-ils le cerveau cramé ?

par Quentin
vendredi 14 mars 2014

Dans Malevil, l'écrivain Robert Merle met en scène une poignée de survivants à ce qu'on imagine être un cataclysme nucléaire. Armés jusqu'aux dents, ils organisent leur survie derrière les fortifications d'un vieux château, moins effrayés par les hordes de mercenaires qui écument les routes que par les retombées radioactives qui menacent. Pourtant, quand le ciel crève, déversant des baquets d'eau, nos survivants dégainent leur compteur Geiger, et là, surprise, rien. La radioactivité ambiante n'est pas supérieure à la normale.

 
Emprunté à la fiction, cet exemple n'en illustre pas moins avec force l'absurdité de la posture alarmiste. La catastrophe de Tchernobyl et sa traine nuageuse radioactive ont laissé dans les mémoires des séquelles impérissables. Et pour cause. La fusion du réacteur de la centrale nucléaire de cette petite ville d'Ukraine a propagé dans l'atmosphère l'équivalent radioactif de 400 fois la bombe d'Hiroshima, et pourrait être responsable de la mort de 4 000 personnes, à en croire l'OMS.

Aussi, montée en épingle par les médias, confortée par les résolutions d'organismes comme la CIPR, qui a érigé le dogme de la relation linéaire sans seuil, rien d'étonnant à ce que la thèse paranoïaque prospère. La simple évocation du terme "radioactif" suffit à provoquer une crise d'urticaire chez les plus fervents anti-nucléaire, qui en oublient au passage que le lait, le blé, les pommes de terre mais aussi leurs propres corps sont naturellement radioactifs.

L'idée n'est bien évidemment pas ici de nier les dangers liés au nucléaire artificielle, c'est à dire d'origine humaine, par contraste avec le nucléaire naturellement présent dans notre environnement. Récemment, l'exemple de Fukushima est venu rappeler la nécessité de manier cette ressource avec précaution. Simplement, il semble important de ne pas tomber dans la psychose.

D'une lutte après tout compréhensible contre le nucléaire civil ou militaire, orchestrée par les anti-nucléaires, on a assisté à un glissement de la ligne de front. Le nucléaire n'est plus le seul visé. De façon un peu absurde, tout ce qui contient de la radioactivité entre dans le collimateur de militants chaque jour plus nombreux. Les Verts, toujours enclins à brasser du vent (du moment que ça ne produit pas d'énergie propre), ne sont pas les derniers à alimenter cette pompe à scandales, davantage préoccupés par leur réputation d'empêcheurs de tourner en rond que par le souci d'exactitude.

En France, 60 % de la radioactivité à laquelle les habitants sont soumis est d'origine naturelle. Si l'on souhaite s'en assurer, et s'abreuver ailleurs qu'au robinet à fariboles alimenté par un certain nombre d'élus béotiens, on peut se rendre au Palais de la Découverte, à Paris, où se tient jusqu'au 8 mars une exposition dédiée à la radioactivité. Adaptée aux petits et aux grands, elle présente des scientifiques tels que Einstein, Pierre et Marie Curie ou encore Oppenheimer et, tout en faisant la lumière sur les catastrophes engendrées par une mauvaise utilisation du nucléaire, bat en brèche de nombreuses idées reçues. Amis EELV, vous savez quoi faire le week-end prochain. 


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