Août 1945 : bombardements nucléaires américains sur le Japon, crimes de guerre ou crimes contre l’humanité ?

par Giuseppe di Bella di Santa Sofia
lundi 4 novembre 2024

Les bombardements atomiques américains sur Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août 1945, marquent un tournant tragique dans l'histoire de la guerre et de l'humanité. Ces frappes aériennes, qui ont causé la mort de centaines de milliers de civils, soulèvent des questions morales et juridiques d’une rare complexité. Pourquoi les États-Unis, responsables de ces frappes aux effets particulièrement dévastateurs, n'ont-ils jamais été poursuivis en justice ? Était-il réellement nécessaire d'utiliser des armes nucléaires sur des populations civiles pour mettre fin à la Seconde Guerre mondiale ?
 

La nécessité militaire : un argument largement contesté

Les partisans des bombardements, ordonnés par le président américain Harry S. Truman, sur la base d'informations incomplètes et trompeuses, soutiennent que l'utilisation des bombes atomiques était nécessaire et inévitable pour contraindre le Japon à capituler rapidement, évitant ainsi un invasion terrestre qui aurait pu coûté des centaines de milliers de vie, des deux côtés . Selon cette perspective, les États-Unis auraient agi dans un cadre militaire légitime, cherchant à mettre fin à une guerre qui avait déjà causé des pertes humaines colossales. Néanmoins, de nombreux historiens contestent cette justification. Ils mettent en lumière le fait que le Japon était déjà sur le point de capituler, et que des alternatives, telles que le renforcement du blocus naval ou la poursuite des négociations diplomatiques, qui avait déjà été engagées, auraient pu être envisagées.

En outre, plusieurs hauts responsables militaires américains, dont le général Dwight D. Eisenhower, qui sera élu président des États-Unis en 1952, doutaient très sérieusement de la nécessité d'utiliser la bombe atomique. Ce dernier a même affirmé que l'Empire nippon était prêt à se rendre sans l'utilisation de cette arme dévastatrice. Cette remise en question de la nécessité militaire soulève des interrogations sur la véritable motivation derrière les bombardements : était-ce vraiment pour sauver des vies, ou pour démontrer la puissance militaire des États-Unis face à l'Union soviétique, dirigée par Staline ?

 

 

Crimes de guerre ? Crimes contre l’humanité ?



Sur le plan juridique, les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki soulèvent des questions légitimes sur la définition des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. Selon le droit international, un crime de guerre est défini comme une violation grave des lois et coutumes de la guerre, tandis qu'un crime contre l'humanité implique des actes inhumains commis contre des populations civiles. Les bombardements, qui ont ciblé des villes densément peuplées, ont causé des souffrances incommensurables et des destructions massives, ce qui pourrait les qualifier de crimes contre l'humanité.

Toutefois, à l'époque, le cadre juridique international était encore en développement. Les tribunaux de Nuremberg, qui ont jugé les nombreux crimes des nazis, n'avaient pas encore établi de normes claires concernant l'utilisation d'armes de destruction massive. De plus, les États-Unis, en tant que puissance victorieuse, ont eu la capacité de façonner le récit historique à leur avantage, minimisant les conséquences de leurs actions. Ce manque de responsabilité a permis aux Américains d'échapper à des poursuites judiciaires, tout en laissant un héritage de souffrance et de douleur pour les survivants.

Les lourdes conséquences humaines

Les conséquences des bombardements atomiques vont bien au-delà des pertes humaines immédiates. Les survivants, connus sous le nom de « hibakusha », ont souffert de nombreuses maladies liées aux radiations, de traumatismes psychologiques et de stigmates sociaux. Les effets à long terme sur la santé des populations touchées sont encore visibles aujourd'hui, avec des taux accrus de cancer et d'autres maladies graves. La souffrance des hibakusha soulève des questions éthiques sur la responsabilité du pays de l'Oncle Sam envers ces victimes.

 

 

De plus, les bombardements ont eu des répercussions sur la perception mondiale des armes nucléaires. Ils ont ouvert la voie à une course aux armements nucléaires qui a perduré pendant la Guerre froide et qui continue de menacer la sécurité mondiale, comme c’est le cas, de nos jours, dans le conflit armé entre l’Ukraine et la Russie . La normalisation de l'utilisation d'armes de destruction massive a créé un précédent dangereux et inquiétant, où la puissance militaire est souvent privilégiée au détriment de la diplomatie et de la résolution pacifique des conflits.

Un héritage controversé

La mémoire des bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki est complexe et controversée. Aux États-Unis, ces événements sont souvent présentés comme des actes héroïques ayant mis fin à la guerre et sauvé des vies. Cependant, cette vision est contestée par de nombreux Japonais et par des historiens qui soulignent la souffrance infligée aux civils. Les commémorations des bombardements sont souvent marquées par des tensions entre les deux nations, désormais alliées et qui entretiennent d’excellentes relations, reflétant des perspectives divergentes sur la guerre et ses conséquences.

 

 

La mémoire collective est façonnée par des récits historiques, des politiques éducatives et des discours publics. La manière dont les États-Unis et le Japon abordent ces événements influence non seulement leur relation bilatérale, mais aussi la façon dont les générations futures comprendront les enjeux moraux et éthiques liés à l'utilisation d'armes nucléaires.

 

« L'histoire est écrite par les vainqueurs. » 

Robert Brasillach


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