Appel à la libération de Hamza Kashgari, jeune blogueur condamné à mort, en Arabie Saoudite, pour blasphème

par Daniel Salvatore Schiffer
vendredi 24 février 2012

Version actualisée de l'appel initialement publié le 14 février.

La charia - ou, plus exactement, l’inique, insensée et obscurantiste instrumentalisation politico-idéologique qu’ont font aujourd’hui les fondamentalistes coraniques - frappe encore, ces jours-ci, en un de ces pays islamistes où nul discours critique, concernant le prophète Mahomet, n’est toléré, sous peine de mort.

 Cette théocratie d’un autre âge a notamment pour nom, aujourd’hui, l’Arabie Saoudite, dont les autorités politiques et religieuses pourraient condamner à la pendaison, après un procès pour apostasie (reniement public, en ce cas, de la foi musulmane), Hamza Kashgari, jeune blogueur, âgé de 23 ans seulement, accusé, de manière tout aussi arbitraire, d’avoir insulté publiquement, sur Twitter, le prophète Mahomet précisément : ce qui, dans les cultures pratiquant la charia, constitue un blasphème - et le plus grave de tous - passible de la peine capitale.

 Hamza Kashgari, de plus en plus persécuté et se sentant donc menacé, avait cependant fui anticipativement, il y a quelques jours à peine, son pays, pour s’en aller se réfugier en Malaisie, où il croyait pouvoir demander, outre une adéquate protection, l’asile politique.

 Mais le gouvernement malaisien l’a aussitôt arrêté, à sa grande surprise, avant de le renvoyer illico, à la demande des autorités saoudiennes, vers son pays d’origine, où, emprisonné en une obscure geôle, il risque donc à présent effectivement, après son jugement, la mort par pendaison !

 Ainsi est-ce l’imprescriptible liberté de conscience, plus encore que les droits de l’homme et de la femme, qui est, ici, bafouée, sinon niée de la façon la plus scandaleuse qui soit !

Aussi, en un tel contexte politique et face à de telles pratiques religieuses, indignes de toute civilisation moderne, demandons-nous instamment, le plus fermement du monde, que Hamza Kashgari, dont le seul crime est d’avoir osé critiquer le principal prophète de l’islam (action pour laquelle, bien qu’inoffensive, il s’est par ailleurs déjà excusé), soit immédiatement, et sans conditions, libéré.

C’est là, cette tolérance face à la diversité des croyances, l’un des principes fondamentaux, que nous souhaiterions universels, de toute véritable démocratie, sans laquelle il n’est point d’humanisme, ni même peut-être, plus simplement encore, d’humanité !

DANIEL SALVATORE SCHIFFER*

*Philosophe, porte-parole, pour les pays francophones, du « Comité International contre la Peine de Mort, la Lapidation et la Pendaison » (« One Law For All »), dont le siège est à Londres.

Premiers Signataires :

Patrick Besson : écrivain, éditorialiste.

Hélène Bravin : journaliste, essayiste, spécialiste du monde arabe.

Marc Bressant : écrivain, grand prix du roman de l’Académie Française.

Hsiao Chin : artiste-peintre d’origine chinoise.

Huguette Chomski Magnis : secrétaire générale du Mouvement pour la Paix et contre le Terrorisme.

Jacques De Decker : écrivain, Secrétaire Perpétuel de l’Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique.

Luc Ferry : philosophe, éditorialiste.

Caroline Fourest : essayiste, éditorialiste.

André Glucksmann : philosophe.

Guy Haarscher : philosophe, Université Libre de Bruxelles.

Marek Halter : écrivain.

Alexandre Jardin : écrivain.

Jean-François Kahn : essayiste, éditorialiste.

Daniel Mesguich : comédien, metteur en scène, directeur du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique (Paris).

Yumma Mudra : écrivaine, chorégraphe.

Maryam Namazie : porte-parole du comité international contre la peine de mort « One Law For All » (Londres). 

Gilles Perrault : écrivain.

Michelle Perrot : historienne, professeur émérite des universités.

Jean-Marie Rouart : écrivain, membre de l’Académie Française.

Elisabeth Roudinesco : historienne, psychanalyste.

Daniel Salvatore Schiffer : philosophe, écrivain, éditorialiste.

Philippe Sollers : écrivain, directeur de « L’Infini » (Editions Gallimard).

Annie Sugier : présidente de la Ligue du Droit International des Femmes.

Alain Touraine : sociologue, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.

Michel Wieviorka : sociologue.


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