Appel à la résistance civile et au réveil des consciences

par Tristan Edelman
jeudi 11 mars 2021

Effarés par une dictature qui se met en place sous nos yeux, nous nous sommes réunis, inconnus les uns des autres, pour faire face à l'inouï. Une seule urgence, la seule : sortir de la terreur obligatoire pour retrouver la joie de vivre, la familiarité avec la mort et la puissance des liens.
Enseignants, médecins, juristes, artistes, gendarmes, psychologues, essayistes, journalistes, citoyens et tant d'autres, nous nous sommes donc réunis pour appeler. "Ad-pelo" : pousser vers. Un cri de ralliement poussé vers vous, vers chacun, vers tous. Pour vous, pour chacun, pour tous.
Comment ces rencontres se sont-elles produites ?

Dans cette période pour le moins instable, les priorités sont bouleversées. Par exemple, en temps normal, un artiste-énergéticien se consacre à sa propre carrière et à la guérison des autres. Mais voilà que les mesures sanitaires brisent les projets et rendent l’accès aux autres problématiques. C’est ainsi que les priorités, ou comme disaient les grecs anciens « les besoins essentiels » prennent le pas sur « les besoins non essentiels ». Comme on pouvait s’y attendre, les besoins urgents ne sont pas ceux définis par les gouvernements : conso (en hypermaché), dodo (avec cauchemars et insomnies), travaux (sur écran), apnée et indifférence. A contrario ce que l’on sent pressant comme une urgence de vie c’est le besoin de libertés. La liberté ré-investie d’un vrai sens : celui du réel. Elle ne renvoie plus à ces vagues idées issues des révolutions et reprises ad nauseam par les gauches et n’importe quel mouvement réactionnaire ayant besoin de rapter l’attention du peuple. Non. Elle dit les besoins fondamentaux de se déplacer, de respirer, de bien manger, de penser vrai, de vivre en lien.

C’est dans ce contexte que j’ai été contacté par un « résistant ». Rapidement l’idée d’un appel a émergé. Un nouvel obstacle de taille cependant : le moyen de communication est essentiellement virtuel. Des centaines d’heures où les yeux et les oreilles s’abiment dans les ondes. On perd pied. Amplification des émotions et des projections. Les attractions et les ruptures vont vite. Les engagements sont éphémères. Le virtuel n’a jamais fait gagner ni du temps, ni de l’autonomie. Sans même parler de l’argent qui se liquéfie par les sortilèges du dispositif bancaire. Tout est si léger et surveillé qu’il faut un temps fou pour communiquer. Quatre mois pour concrétiser un appel citoyen.
Ecrire le texte, le discuter, tomber d’accord. Refaire sans cesse les groupes qui se font et se défont comme des marées salines. Attendre les vidéos de tous, chacun étant pris dans le système hostile. Nous sommes saisis dans la vie folle de la dépression, des affaires à refaire, du travail chamboulé saturé, des déplacements rugueux, et pour beaucoup de participants, des menaces directes des gouvernements. Malgré tout, on essaye de soutenir l’élan avec des échanges d’informations, d’idées et des rencontres réelles qui sont rares mais déterminantes. Et puis les inévitables problèmes d’ego, de visions différentes, de malentendus, de défections, de frustrations. Ne croyez pas que cela nuise à la création. Cela fait partie du processus de création. Deux versions légèrement différentes dans le même camp. Pour certains E.Macron est une pièce cardinale du système, pour d’autres il est une pièce interchangeable. Précieuse pluralité, aujourd’hui où la pensée unique écrase la pensée tout court. Les personnes qui estiment que la nature humaine est mauvaise ou qui refusent de s’organiser avec d’autres parce qu’il y a trop de conflits, perdent beaucoup quant aux potentialités d’évolution du genre humain et de leur propre croissance.

Arrive enfin la matière première : participants, textes, enregistrements, vidéos, structure. Faire au mieux avec un matériel disparate arraché au quotidien de chacun. Habitués à la création alternative, nous avons appris à faire sans argent, avec peu de matériel, beaucoup de contraintes logistiques, techniques, artistiques. Faire quelque chose avec des bouts de ficelles entre plusieurs pays, plusieurs villes, sans soutien institutionnel, au contraire : avec la censure assurément au cul. Molière est un autre monde.

Mais l’Appel est bien là. Non point en chair et en os, mais en signes clairs et distincts pour l’étape suivante : la chair et l’os. Un appel pour éveiller les consciences, autrement dit pour donner l’énergie et la force de passer à l’action. Une insurrection des consciences pour passer à une insurrection politique. Une insurrection de soi pour passer à une insurrection collective. Cet « Appel au secours » est une somme merveilleuse d’efforts et de croyances — voir de foi — pour tendre vers une sortie de crise qui ne soit pas le pire. Ça tombe à pic : BFM fête son entre-soi clandestinement, les médias et les plates-formes se chargent de trier les informations de manière soviétique, la police chronomètre nos mouvements et mesure nos comportements, les vaccins s’écoulent, les milliards s’amoncellent, les sondages font croire à une unité nationale, la pensée gauche/droite tourne au ridicule, les théâtres sont occupés, les guerres civiles pointent leur nez, les résistances s’organisent. N’oublions pas : la résistance signifie à la fois lutte contre l’oppression et ouverture à la vraie vie. Car aujourd’hui c’est de crime contre l’humanité qu’il s’agit.

Lien vidéo :
https://rumble.com/vei3h5-appel-a-la-resistance-civile-et-au-reveil-des-consciences.html

 


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