Appel au boycott électoral

par Maud
lundi 16 mai 2016

 Monsieur le Président, je suis abstentionniste et c’est grâce à vous. Depuis votre élection en 2012, première et dernière fois où je me suis rendue dans les bureaux de vote pour effectuer ce que vous appelez « le devoir citoyen », j’ai décidé que je ne voterais plus. Je gonfle les chiffres de l’abstentionnisme et j’en suis fière ! Rien à voir avec le je m’en foutisme bien connu des médias, il s’agit pour moi d’un acte de résistance ! A l’aube de la compétition pour le pouvoir et du cirque électoral qui va bientôt arriver, je lance un appel. Il est urgent de ne plus participer à cette mascarade qui n’a de politique que le nom et qui confisque, par l’élection, depuis trop longtemps, le pouvoir des citoyens.

 Pourquoi je ne vote plus

 J’ai voté pour vous Monsieur le Président. Je n’ai pas écouté des amis éclairés qui me disaient de ne surtout pas y aller et je me suis alors rendue dans ce petit isoloir, aux antipodes de la vraie démocratie. S’exprimer caché, derrière un rideau au lieu d’oser débattre collectivement et en pleine lumière. Seul véritable exercice politique des citoyens que nous ne sommes plus. Alors oui, je le confesse, j’avais tort et je le regrette amèrement. Vous m’avez bien eu cette fois, mais je ne me ferais plus jamais avoir par tous vos beaux discours et vos promesses électorales. Je suis donc abstentionniste et je le crie haut et fort, tous des pourris !! Je ne ferai pas la liste ici de toute l’oligarchie française qui exploite, manipule et trahit son peuple, trop long. Pour faire bref, je pense aujourd’hui que la plupart des représentants n’a jamais pensée ni agit au nom de l’intérêt général une fois arrivé sur le trône de notre grande République.

Alors, arrêtez tout Monsieur le Président ! Vous allez déjà vous réveiller avec une sacrée gueule de bois en mai 2017. Enfin, la gauche au pouvoir pensions-nous… Et pourtant, que reste-il de votre longue tirade, Moi Président ? Que reste-il du discours du Bourget et de la guerre contre la finance que vous nous aviez promis ? Comme les autres, vous avez menti et comme les autres, le pouvoir vous a tourné la tête. Vous avez construit des débats ahurissants tels que la disparition des acquis sociaux que vous jugez toujours trop onéreux. La question de la peine de mort qui, contre toutes attentes, est apparue dans les médias. Et pour finir et non des moindre, le débat sur la déchéance de nationalité. Honte à vous qui avait été à deux doigts de créer des apatrides. Là aussi la liste est longue et elle dépasse très largement tous ce que l’on n’aurait même pas imaginé de la droite au pouvoir. Vous rendez-vous bien compte de tous ce que vous avez faits de régressif ou de dangereux ces quatre dernières années ? Finalement, les choses se sont plutôt empirées, mais l’oligarchie continue à nous dire que « ça va mieux » et que notre système est le bon. 

  Je résiste par l’abstention 

 Je ne vous crois plus, ni vous, ni un autre. Je sais aujourd’hui que ce n’est pas la personne mais bien la fonction qui pose problème. Notre système est nécrosé et ne fait que reproduire les schémas du passé. Les démocraties représentatives ne sont pas une fatalité et il est permis de les remettre en cause. Qu’est-ce que les élections ? S’agit-il toujours d’un gage démocratique ou bien d’une confiance unilatérale, présumée et passive, des électeurs envers des professionnels de la politique toujours présélectionnés par un système établi. Une confiance qui s’est écroulé avec un taux d’abstention sans cesse en hausse et une rupture actée entre gouvernants et gouvernes. Si l’oligarchie ne veut pas partager le pouvoir alors ne le lui donnons plus. Ne plus voter, c’est ne plus cautionner ce système de représentation. Ne plus voter, c’est nous forcer à imaginer, à trouver un autre mode de désignation souveraine. Trouver un système qui nous permettent de devenir tous responsables, enfin, de notre vivre ensemble.

 La politique n’aurait jamais dû devenir une activité professionnelle, mais vous avez décidé de la cadenasser. Elle aurait dû être l’affaire de tous, mais vous vous êtes réservé le droit de vous l’accaparer laissant le citoyen dans l’ignorance des affaires publiques. Et cela, pour toujours mieux protéger votre supercherie ! Vous pensez le citoyen dépolitisé ? Vous pensez que l’abstention est du je m’en foutisme ? Au final, vous avez juste ce que vous vouliez et nous ne votons même plus. Vous n’avez jamais donné aux citoyens le moyen de s’exprimer. Vous avez décidé de confisquer tout pouvoir décisionnaire, du « populisme » dites-vous. Finalement notre seul pouvoir politique est alors l’abstention. Oublié la revendication du vote comme un signe démocratique. Aujourd’hui l’acte de résistance se trouve dans le refus total de ce système de représentation qui n’a plus aucune légitimité. Il est devenu tyrannique et les exemples ne manquent pas pour en témoigner. On ne peut plus lui faire confiance et il faut donc en changer. Les possibilités de participation directe sont aujourd’hui gigantesques et font renaître les discussions sur la question démocratique et ses modes de gouvernances. Et ne me dîtes pas que nous en sommes incapables et qu’il nous faut des experts. Vous êtes finalement pires que tous. Ce qui vous fait peur, en fin de compte, c’est que nous pouvons être, tous ensembles, meilleurs que vous.


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