Appel aux travailleurs et au peuple portugais

par rakosky
vendredi 3 juin 2011

Non, le Portugal ne va pas disparaître !

Les travailleurs et le peuple portugais n’accepteront pas le plan honteux que veulent lui imposer le FMI, l’Union européenne, la Banque centrale européenne et les fonds spéculatifs qu’ils représentent. Ils n’accepteront pas cette insulte à leur histoire, ce coup de matraque contre l’avenir de la population travailleuse et de la nation portugaise.

Travailleurs, militants et jeunes,

Nous vous lançons un appel à toutes et tous pour qu’ensemble nous affirmions dans la prochaine campagne électorale des législatives : 

— Nous refusons de reconnaître quelque légitimité que ce soit à l’Assemblée de la République qui sera élue le 5 juin.

— Nous refusons de lui reconnaître le droit d’adopter le plan odieux dicté par le FMI et l’Union européenne, qui n’ont qu’un objectif : faire disparaître l’Etat souverain portugais et semer le chaos en Europe (un plan fait exclusivement pour servir le capital financier).

— Nous refusons de reconnaître le droit, quel que soit le gouvernement issu de ces élections, d’imposer aux syndicats — à travers la « concertation sociale » — l’impossibilité de défendre les intérêts des travailleurs. Le peuple portugais, les travailleurs et les jeunes n’accepteront pas cela, comme ils l’ont montré au cours des grandes mobilisations de la fin de l’année dernière, du 12 et 19 mars, et avec le refus de la CGTP de signer le « Pacte social », démontrant que la voie de la résistance est possible.

— Nous refusons de reconnaître le droit, à tous les partis qui acceptent ces diktats, d’affirmer qu’ils défendent les intérêts des travailleurs et du peuple portugais.

Les 47 + 77 « personnalités » de tous les bords politiques, du salazarisme à « l’extrême-gauche » — qui exigent la « construction d’un consensus minimum pour le processus de consolidation budgétaire et les mesures d’ajustement, pour les trois années à venir, prévus dans la dernière version du Pacte de stabilité et de croissance » — doivent oser venir dire aux retraités qui reçoivent un peu plus de 200 euros par mois, ou aux mères de famille qui n’ont pas les moyens d’atteindre la fin du mois, ou aux centaines de milliers de jeunes diplômés ou sans diplômes qui ne trouvent pas d’emploi et qui sont désespérés qu’il faudra continuer à réduire les salaires, poursuivre les réformes et la déréglementation encore plus accentuée du travail !

Que les ex-ministres de Salazar (comme Adriano Moreira et d’autres) — pour qui il est temps d’en finir avec la Constitution, produit du 25 avril — osent venir dire cela aux travailleurs et ils vont revivre l’ardeur avec laquelle ceux-ci les ont expulsés du pouvoir en 1974.

Que les banquiers (comme Artur Santos Silva, du BPI) — qui ont gagné 347 millions d’euros en un seul jour, après la demande d’aide au FMI, le 6 avril — osent venir dire, les yeux dans les yeux, à un ouvrier dont le salaire ne dépasse pas les 500 euros, qu’il devra accepter une nouvelle diminution de son salaire.

Que Mario Soares (fondateur du PS), avec d’autres signataires de cette lettre (comme Siza Vieira et Boaventura de Sousa Santos — dont les sympathies pour le PCP et pour le BE sont connues) osent dire à ces travailleurs qu’ils les défendent et qu’ils représentent leurs intérêts.

Travailleurs, militants et jeunes,

Nous lançons un appel à toutes et à tous : unissons-nous pour aider à ouvrir une issue politique.

Le Portugal n’est pas en faillite ! Ce sont les banquiers et les hommes politiques qui se subordonnent aux intérêts du capital financier qui organisent la banqueroute financière et économique de notre pays !

Le peuple portugais n’a pas été vaincu ! Il faut que les employés des banques réactivent leurs commissions de travailleurs, qu’ils ouvrent les comptes des banques et dénoncent leurs véritables opérations financières, qu’ils dénoncent les off-shores et les paradis fiscaux, et qu’ils mettent à nu l’ampleur des arnaques et des fraudes commises contre le peuple !

Il faut que les travailleurs des entreprises menacées de fermeture et de délocalisation reconstituent leurs commissions de travailleurs, mettent en place leur contrôle sur la production et lancent un appel aux travailleurs des banques pour que le crédit soit réorienté pour la protection de l’emploi !

Il faut que la population se réunisse, dans chaque localité, pour débattre et décider des réponses positives pour rétablir l’économie dans sa région, élise ses commissions de délégués pour exécuter les décisions prises, et nous verrons alors si notre pays est en faillite ou si, à l’inverse, les travailleurs seront capables de le prendre en charge et de réorganiser sa vie économique, comme ils l’ont fait en 1974 !

A l’époque aussi, la conquête de la liberté et la fin de la guerre coloniale — possibles uniquement par la chute de l’Etat fasciste — ont eu comme prix une énorme fuite de capitaux et la décapitalisation de milliers d’entreprises. A l’époque aussi, on disait que le Portugal ne pourrait pas vivre sans les colonies. Et le peuple travailleur portugais a démontré au monde entier que liberté, paix et démocratie rimaient avec développement, en élisant des commissions de travailleurs partout, en imposant la nationalisation des banques, et en reconstruisant notre pays comme une nation libre et indépendante !

Qu’on ne vienne pas nous dire que nous ne pouvons pas nous sauver, que nous resterions isolés dans notre pays. Nous savons cela mieux que personne. C’est pour cela que nous adressons cet appel à tous les travailleurs d’Europe.

Les travailleurs espagnols savent que — après la Grèce, l’Irlande et le Portugal — ils sont les prochains sur la liste. Les travailleurs français et allemands savent que les exigences de leurs banques nationales, les exigences du capital financier, les menacent également directement.

Si le peuple portugais se lève à nouveau, il aura à ses côtés les travailleurs et les peuples d’Europe pour abattre la dictature du capital financier et de ses représentants – l’Union européenne et le FMI – pour ouvrir la voie à l’Union libre des nations souveraines d’Europe, émancipées de l’exploitation et de l’oppression

C’est pour avancer dans cette voie que nous lançons cet appel : unissons-nous — en profitant de cet acte électoral — pour aider à préparer une force organisée, dans tout le pays, capable d’ouvrir une issue pour sortir de cette situation.

Premiers signataires :

Carmelinda PEREIRA (Tête de liste du POUS pour la circonscription de Lisboa) ;
Aires RODRIGUES (Tête de liste du POUS pour la circonscription de Leiria) ;
Joaquim PAGARETE (Tête de liste du POUS pour la circonscription de Porto) ;
Maria Isabel PIRES (Tête de liste du POUS pour la circonscription de Faro) ;
Antonio SERRA (Tête de liste du POUS pour la circonscription de Setubal) ;
Joaquim CASTANDO (Tête de liste du POUS pour la circonscription de Faro) ;
Daniel GATERO (Tête de liste du POUS pour la circonscription de Braga) ;
Carlos MELO (Tête de liste du POUS pour la circonscription de Santarem).


Lire l'article complet, et les commentaires