Après les attaques terroristes, quelques questions béotiennes

par jca
samedi 17 janvier 2015

A peine les attaques terroristes perpétrées, des informations sont "sorties" sur les auteurs, leurs relations, leurs pedigrees. Aujourd'hui, on apprend l'existence de la filière belge pour se procurer des armes. Chacun se bouscule au portillon pour dénoncer des comportements et proposer des solutions. Personne n'était capable d'anticiper ? On sait depuis longtemps que notre pays était en ligne de mire des terroristes, en situation de guerre. L'a-t-on préparé ?

Après les attaques terroristes, quelques questions béotiennes

Difficile de s’exprimer après les tragiques événements récents et les importantes manifestations de solidarités populaires qui ont suivi. Incontestablement, le personnel politique a, pour une fois, été à la hauteur des événements, les forces de l’ordre ont accompli leur tâche avec courage et efficacité, les citoyens ont, dans l’ensemble, témoigné d’une inhabituelle solidarité et d’un sens aigüe de la Nation.

Bien entendu, on ne peut que communier aux hommages rendus à toutes les victimes.

La lucidité ne peut empêcher de poser quelques questions vis-à-vis de comportements, de déclarations consécutives à ces événements.

De très nombreux intervenants dans les media ont insisté sur le rôle majeur de l’éducation. C’est évident. Et pourtant, rappelons nous, le grand sujet de préoccupation du mois de décembre qui a enflammé les chroniques, suscité des réunions ministérielles : la façon d’évaluer les élèves soit par des notes, traumatisantes pour les jeunes, ou par des lettres ! Un véritable abîme avec la réalité de terrain. Personne n’a été capable d’anticiper et de prendre en compte les cris d’alarme des enseignants, les classements catastrophiques de nos enseignements dans la hiérarchie mondiale, les observations quotidiennes de tout un chacun ?

Le député Malek Boutih est intervenu le 14 janvier dans le cadre de l’émission « expliquez vous » diffusée sur Europe 1 à 12 h. Le portrait qu’il a tracé, partagé par beaucoup, de la situation dans certains quartiers de nos villes, où les lois de la République sont bafouées, est proprement effarant : jeunes pris en otage, bandes de quartiers, habitants terrorisés, foyers d’intégrismes, trafics en tous genres, etc … Et de proposer parmi les remèdes de mettre « sous tutelle de l’Etat ces zones de non droit ! Personne n’a été capable d’anticiper ? Ce n’est pas possible ! De politiques de la ville en politiques de quartier, des pans entiers de la Société sont tombés à terre et pas une voix ne s’est élevée pour hurler et se faire entendre ?! On porte plus d’attention à la préservation d’un ver de terre dans un terrain marécageux qu’à la sauvegarde de notre jeunesse.

A peine le bruit des coups de feu de l’attentat à Charlie hebdo s’étaient ils dissipés qu’étaient diffusées partout des informations sur les auteurs, leurs relations, au moins pour certains, plus que suspectes, leurs activités en terre de djihad, etc … On apprend tout à coup, tout juste huit jours après les événements, que l’on a découvert la filière belge d’approvisionnement en armes ! Une génération spontanée ? Personne n’a été capable d’anticiper ?

Au fur et à mesure que sortaient ces informations, apparaissait le rôle capital des séjours dans les prisons des suspects (n’ayant pas été jugés, peut on parler de coupables ?), véritables écoles de prosélytisme, de terrorisme, de servage. Quelques jours avant l’attentat ont circulé des photographies (!) de prisonniers aux Baumettes témoignant, là aussi, de quartiers de non droit, sinon de caïds intouchables. Et pourtant, combien de rapports ont été écrits sur la vie dans ces établissements, combien de gardiens, de directeurs de prison ont dénoncé leurs impossibles conditions de travail. Personne n’a été capable d’anticiper. 

Le président de la République vient, au cours de la présentation de ses vœux aux Armées sur le Charles de Gaulle, d’annoncer un « changement de rythme dans la diminution des effectifs ». Un « changement de rythme » ! On a déjà entendu cela pour les impôts. Et pourtant, les plus hautes Autorités militaires de notre pays sont intervenues pour crier au désastre ! Le général V.Desportes, ancien directeur de l’Ecole de guerre, professeur associé de stratégie à Sciences Po, a dressé ce jour dans le cadre de l’émission déjà mentionnée « expliquez-vous », un paysage très sombre de la situation tant en ce qui concerne les effectifs que les matériels. Il a fallu une attaque terroriste pour que toutes ces voix soient entendues ?

Tous les media se démènent dans une concurrence effrénée pour solliciter des intervenants apportant chacun des solutions aux multiples maux soudain révélés. Les plus hautes Autorités de l’Etat interviennent en continu pour annoncer des actions, des projets. C’est une véritable surenchère. Qui était hier suppôt d’un laxisme à tout crin hérité de 68, devient tout un coup un va-t-en-guerre de rigueur, de discipline, de respect. « Faites l’amour, pas la guerre » ! On ne choisit pas toujours de faire la guerre ! L’essentiel est bien de se préparer, de prévenir et non pas « d’avoir une guerre de retard ».

15.01.2015


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