Après les récents attentats islamistes, permettez-moi de vous dire...

par Emile Mourey
mercredi 15 juin 2016

Permettez à l’ancien militaire qui a vécu plusieurs années dans le bled, au contact de la société musulmane, qui a essayé de la comprendre au travers de ses coutumes, de ses croyances, et dans sa référence au Coran, permettez-moi de vous dire, à vous, aux médias et aux responsables politiques qui vous écoutent ou qui ne vous écoutent pas, que la seule solution pour s’en sortir est de dire la vérité sur les textes fondateurs, preuves et argumentation à l’appui, et qu’il n’y en a pas d’autres. Et ensuite de la faire savoir - cette vérité - en la médiatisant et en l’enseignant.

Permettez-moi de vous dire qu’il faut vraiment être d’une grande naïveté pour ne pas comprendre que ces textes ont été écrits sous une forme allégorique, une forme allégorique que les érudits de cette époque savaient interpréter mais pas vous... pourquoi, je me le demande. Que c'est une évidence que Mahomet n’a jamais existé en tant qu’individu et que le récit de son agonie dans la Sîrah de Tabari n’est qu’un long poème dont l’auteur serait très surpris, s’il revenait dans notre temps, en constatant qu’on l’a pris à la lettre, dans son sens littéral. (Je reprends ici mon commentaire du 14 juin suite à l'article du professeur de géopolitique Patrice Gilbertie).

L'agonie du Prophète.

Félicitations à la jeune professeur tunisienne Hela Ouardi, auteure du livre à succès "Les derniers jours de Muhammad". Son grand mérite est d'avoir mis en évidence une atmosphère de fin de règne : autorité qui se délitte, lutte de succession, tentatives d'assassinat... Moi-même n'ai-je pas écrit le 25 juin 2014 un article qui allait dans ce sens ? http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/mahomet-vie-et-mort-d-un-prophete-153425

Dommage que l'auteure n'y ait pas vu, aussi, l'humour qui s'y trouvait. Car, en vérité, on ne me fera pas croire que l'ange Gabriel conseillait au Prophète mourant de se frotter encore régulièrement et vigoureusement les dents avec un bois spécial pour les préserver de la plaque dentaire. En vérité, Tabari veut dire en clair, que le monastère de Bahira (placé sous le patronnage de Gabriel) lui conseillait d'entretenir ses sabres. Rien n'aurait été, en effet, plus honteux pour une armée de cette époque que de brandir au combat des sabres rouillés (1). 

Mahomet avait sept sabres, pour autant de membres qui composaient le conseil qu'il était (2), sept chevaux (3), mais seulement trois chamelles (4), une chamelle pouvant facilement porter deux hommes avec un siège adapté. Ses quinze femmes (5) ? Laissez-moi rire ! Ce ne pouvait être que des alliances ou des troupes militaires. Aïscha ? C'était la garde du corps qu'Abou Becker avait détachée auprès de lui. Une garde du corps qui faillit le trahir au profit du jeune Çafwân (6) - ô infidélité ! - une garde du corps qu'il avait épousée alors qu'elle n'avait que 7 ans.

Non, on ne me fera pas croire que les fidèles recueillaient sa salive quand Mahomet crachait. (7)

En vérité, ce livre du musulman Tabari - c'est un de mes livres de chevet - est un chef d'oeuvre de la littérature allégorique de l'époque et c'est un livre musulman.

La naissance de Mahomet 

Cette naissance est merveilleuse. La lumière qui sort du sein de sa mère/population Aminah, la langue de feu sur le front de son père/conseil Abdallah, c'est tout de même autrement plus poétique que la goutte de sperme des interprétations scientifiques, tout en étant plus adapté pour annoncer la naissance d'un conseil. Oui, il n'y a aucun doute, nous sommes bien dans la continuation du récit évangélique, un récit très imagé que les initiés comprenaient parfaitement dans son sens caché mais qui, à défaut d'être compris, pouvait également entrainer l'adhésion de la population moins instruite mais sensible au merveilleux.

Ce mode d'expression est l'aboutissement de toute une littérature allégorique que Jacques avait initié dans son protévangile de l'an - 4, en faisant naître un Jésus prophétique du sein de la population sainte "Marie", lequel devait revenir venger les enfants massacrés par Hérode.

Car ce mythe des enfants massacrés remonte au temps du séjour du peuple hébreu en Égypte lorsque le pharaon ordonna aux accoucheuses de ne plus accoucher les enfants du peuple élu, ou de les jeter dans le Nil. Ces enfants étaient en réalité des candidats à la prêtrise et les accoucheuses, les chargés du recrutement. Les enfants massacrés par Hérode étaient de même des jeunes gens en formation de deux ans, eux qui avaient eu l'audace de décrocher l'aigle d'or que le roi avait fait placer au fronton du temple.

Félicitation à Madame Chabbi pour son livre à succés intitulé "Le Seigneur des tribus. L'islam de Mahomet". Dommage qu'elle n'ait pas vu, elle aussi, l'humour et le merveilleux qui se trouvaient dans le récit de cette histoire. Car, comme je l'ai écrit dans mon précédent article, la nourrice Halimâh était, de toute évidence, une modeste population semi-nomade qui ne pouvait survivre dans le désert et faire du commerce que si elle "adoptait" pour fructifier et comme guide un groupe de sept jeunes hommes originaires de la Mecque, un conseil parmi d'autres mais qui s'est révélé être le meilleur. En allant chercher un nourrisson à la Mecque, la population Halimâh passait en réalité alliance et contrat avec un groupe de caravaniers qui "venait de naître" ; elle le choisissait pour maître pour une durée de deux ans... un "Rab" qui, après deux ans de formation sur le terrain, s'est révélé être un prétendant sérieux au "titulum" de maître de la Mecque. Un "Seigneur des tribus", oui, mais pas seulement.

Dans mon article du 21 mars 2016, j'ai eu l'audace de poser à M Michel Onfray la question suivante : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/penser-l-islam-monsieur-michel-179040

Alors que nombre de philosophes se défilent - n'est pas Socrate qui veut - votre ouvrage et votre courage vous honorent. Comment comprenez-vous l'énigme que pose la sourate 18, versets 8 à 26 ?

Corrigeant la légende des sept dormants d'Éphèse, le Coran dit dans cette sourate 18, verset 24 ou 25 selon les éditions, que ces "enfants" demeurèrent 300 ans dans la caverne plus neuf ans, ce qui est en contradiction avec l'interprétation théodosienne. En effet, entre la persécution, brève mais violente, de 250 de l'empereur Dèce et le règne de Théodose mort en 395, il ne peut pas y avoir plus de 145 ans. Cette correction ne peut s'expliquer que si ces 300 ans nous amènent à la date de naissance de Mahomet... un Mahomet qui renaît de l'esprit des anciens martyrs chrétiens d'Éphèse en 550 (250 + 300). Et en effet, c'est bien la date qu'il faut retenir pour la naissance du Prophète et non celle de 570. La bataille de l'éléphant qui sert de référence a eu lieu peu de temps avant que meurt le vice-roi du Yémen Abraha qui l'avait déclenchée, date de décés en 553 attestée par des inscriptions.

Les "plus neuf ans" rappellent bien évidemment les neuf ans qu'avait Mahomet lorsque le moine de Bahira le reconnut par un signe entre les épaules comme étant le futur prophète de l'Arabie. Je traduis : "lorsque les moines de Bahira, à l'entrée de Bosra, les reconnurent comme étant le futur prophète de l'Arabie".

Étonnante précision, alors que la légende d'Éphèse dit que les dormants étaient au nombre de sept, la sourate, verset 21, prédit, ou plutôt prophétise, qu'on disputera sur leur nombre, que l'on dira qu'ils étaient trois et leur chien, cinq et leur chien, sept et leur chien ; mais c'est vouloir pénétrer un mystère que peu de personnes savent. Dis : Dieu connaît parfaitement leur nombre.

Le chiffre un étant exclu, Mahomet était-il trois, cinq ou sept ? C'est la question facile que ce verset 21 nous pose en nous demandant de réfléchir sur le fait que les dormants d'Éphèse étaient sept. Et il nous met même sur la piste de 7 en ne citant pas le chiffre douze. Excusez-moi, mais Il faut vraiment être nul pour ne pas comprendre.

Amis lecteurs, responsables politiques, responsables des médias de France, de Navarre et d'ailleurs, qu'avez-vous à répondre ? Quand est-ce que vous allez enfin comprendre combien il est absurde de laisser des innocents se faire massacrer au nom de textes mal compris et pourtant si faciles à réinterpréter ?

Emile Mourey, 14 juin 2016. Désolé de reprendre toujours les mêmes illustrations mais elles sont fondamentales.

Renvois

1. Mohammed, sceau des prophètes, par Tabari, éditions Sindbad, 1980, page 347

2. Idem, page 335

3. idem, page 334

4. idem, page 335

5. idem, page 327

6. idem, page 237

7. idem, page 245

 


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