Argent contre Shoah : un mauvais calcul

par Grégoire Duhamel
lundi 8 décembre 2014

A tout point de vue, l'accord franco-américain n'est pas bon.

L'Etat français s'apprête à verser 60 millions de dollars - environ 48 millions d'euros - aux descendants des victimes de nationalité américaine et israélienne acheminées par les trains de la SNCF vers les camps nazis.

Ce fonds sera également ouvert aux autres nationalités, à l'exception des ressortissants de pays ayant déjà signé des accords bilatéraux. L'accord entrera en vigueur après l'approbation du Parlement français.

Quel est le contexte de cette décision ?

Depuis plusieurs années, des élus américains des Etats de New York, de Californie ou de Floride tentent d'empêcher la SNCF de répondre à des appels d'offre sur leur territoire, exigeant que l'opérateur français indemnise en préambule les familles des victimes yankees des déportations.

En 2011, le président de la SNCF, Guillaume Pepy, avait exprimé les regrets officiels de la compagnie ferroriaire, au cours d'une cérémonie à la gare de Bobigny, près de Paris, d'où partirent les derniers convois de déportés.

Ceci posé :

A / Il faut remarquer que la SNCF n'a jamais été condamnée pour le transport de déportés, puisque réquisitionnée de fait par les allemands. Après plusieurs années de procédure, le Conseil d'Etat français a même débouté en 2007 le député européen (Vert) Alain Lipietz et sa famille (qui estimait que la société avait joué un rôle dans la déportation de ses parents.)

B / En libérant une somme rondelette, l'Etat français reconnait de facto une certaine responsabilité - quand précisément les tribunaux ont affirmés à de multiples reprises le contraire, toujours.

C / Voilà le genre d'accord qui a le don d'exacerber l'antisémitisme, qui n'a nul besoin, hélas, d'engrais.

Bref, on se demande quel est le bénéfice politique d'une telle décision.


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