Arrêtons de décloner

par finael
jeudi 2 août 2007

Il vient de se publier sur Agoravox un article dénonçant le clonage humain. Mais en quoi serait-ce un mal en dehors de certaines convictions religieuses ?

L’annonce, fortement médiatisée comme on dit, de la réussite du clonage d’une brebis par une équipe de chercheurs britanniques, a provoqué une levée de boucliers de la part de nos intellectuels, journalistes et autres têtes pensantes : « Au secours ! A l’apprenti sorcier, arrêtons tout de suite ! Vite ! des barrières, des interdictions, des lois, des décrets, des règlements ! ».

D’autres, se croyant plus raisonnables, nous énoncent doctement que : « tant qu’il s’agit d’animaux, ce peut être une solution pour résoudre les problèmes, blêmes, d’alimentation, mais de là à passer aux humains, quelle horreur ! »

Ah bon ? Et pourquoi donc ? Quel tort serait fait ? et à qui ?

- « C’est dégradant ! »

Les jumeaux, triplés, et autres quadruplés, qui sont des clones naturels, en sont-ils dégradés pour autant ?

Quant à ceux qui imaginent qu’il se trouverait des savants fous pour fabriquer des millions de petits Hitler (ou Staline suivant les options politiques) à la chaîne, sont-ils à ce point convaincus des thèses racistes du premier pour croire que ce genre de chose est inscrit dans les gènes. N’y a-t-il pas là, justement, l’expression d’une croyance aussi raciste que stupide d’une fatalité génétique à être un Einstein ou un Hitler, comme si la vie, les circonstances, bref l’acquis, n’avait aucune importance.

N’expriment-ils pas ainsi leur croyance absurde qu’en clonant un être humain quelconque on lui donnerait aussi les mêmes habitudes, les mêmes goûts, les mêmes opinions, pourquoi pas les mêmes vêtements que l’original ? Ne montrent-ils pas, par leur choeur unanime que le conformisme n’a pas besoin de clones : la fable des moutons de Panurge date du XVIe siècle, si je ne m’abuse ! Au moins pour sa forme rabelaisienne.

A moins que ce ne soit la croyance en la prédestination, mais en ce cas, à quoi bon s’élever contre ce qui survient ?

Les critiques font souvent référence à l’ouvrage d’Aldous Huxley : Le Meilleur des mondes ; qu’ils le relisent ! Ce qu’Huxley dénonce c’est le conformisme et le totalitarisme (ainsi que la xénophobie), qui n’ont pas besoin de clones pour faire les ravages que l’on a vu jusqu’à présent. Ce n’est pas la technique qui est coupable, mais le comportement humain !

Par contre l’idée qu’il serait mal de chercher dans telle ou telle voie, de se poser telle ou telle question laisse, elle, un arrière-goût d’obscurantisme, de Sainte Inquisition, de censure et de mise à l’index. Elle dérive des interdictions à toucher à l’Oeuvre de Dieu, à l’Absolue Quintessence de l’Universelle Perfection !

Des clous !

L’idée qu’il serait diabolique de chercher à connaître les tenants et les aboutissants de l’organisation de la matière ou de la vie, l’apologie de l’ignorance, des clichés et des idées reçues a déjà fait assez de mal !

Et si on suit de près l’évolution démographique et la chute généralisée de la natalité dans tous les pays du monde, il est possible que cela devienne une planche de salut pour l’humanité.

(Article publié à l’époque dans une revue associative)


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