Arthur, l’un des symboles stupides du sionisme

par Sylvain Rakotoarison
lundi 23 mars 2009

« Répliquer au risque de donner trop d’importance à une minorité de sots qui ne rêvent que de jeter le feu dans les esprits ou me taire en espérant ainsi apaiser cette violence folle ? »


Depuis quelques mois sur Internet, l’animateur de télévision Arthur est victime d’une véritable campagne contre lui, contre son succès, contre ce qu’il serait censé représenter.

Disons-le tout de suite : je ne connais pas Arthur, j’apprécie peu les rares émissions que j’ai pu apercevoir de lui ; il semble que, souvent, ses émissions font appel plus à l’émotionnel (les vieux souvenirs) qu’à l’intelligence et à la réflexion, mais le fait est patent, il a eu et a du succès et a su se bâtir à la fois une fortune et une célébrité que beaucoup peuvent envier (pas moi).

Par conséquent, je n’ai aucune vocation à vouloir le défendre ni le protéger, sachant d’ailleurs qu’il est largement capable de se défendre lui-même et bien mieux que moi. Mais j’ai le sentiment que les attaques portées contre lui sont le symptôme d’un mal bien plus grave qu’une simple attaque personnelle : la persistance d’un antisémitisme latent renforcé par un conflit lointain mais néanmoins très présent dans les esprits en France.


Réagir ou pas ?

Comme Dominique Baudis lorsqu’il était accusé (à tort) d’être impliqué dans une sombre histoire toulousaine, la question se posait à Arthur de devoir répondre, de devoir se justifier, de devoir apporter des réponses à de pures calomnies, en risquant de propager un incendie encore assez confidentiel : « répliquer au risque de donner trop d’importance à une minorité de sots qui ne rêvent que de jeter le feu dans les esprits ou me taire en espérant ainsi apaiser cette violence folle ? ».

Finalement, après beaucoup d’hésitation, Arthur a rédigé une sorte de droit de réponse à toutes les attaques dont il a été victime non seulement sur Internet mais aussi dans la réalité glauque de ses spectacles, puisque, parallèlement à ses activités télévisuelles, il fait en ce moment un one-man-show en parcourant la France.


Une tribune dans "Le Monde"

Il a choisi la forme la plus conventionnelle qui soit, à savoir une tribune dans le journal "Le Monde" daté du 9 février 2009.

Sa réaction, il l’a faite au nom de ceux qui lui font confiance et au nom de ceux qui, victimes anonymes du même mal, n’ont pas sa chance de pouvoir donner écho dans les médias.

Et que dit-il ?


Des propos diffamatoires

Que les propos de Dieudonné à un magazine anglophone en janvier 2004 ont mis en route à la machine à détruire. Dieudonné parle d’Arthur comme faisant partie d’« un lobby juif très puissant qui aurait la mainmise sur les médias » et de sa société de production qui « finance de manière très active l’armée israélienne. Cette armée qui n’hésite pas à tuer des enfants palestiniens ».

Il s’agit donc de déclarations bien antérieures à la guerre très récente à Gaza.

On aurait pu imaginé ce type de calomnie comme l’un des épisodes ordinaires d’une rivalité entre humoristes si on n’avait pas en mémoire les nombreux soubresauts de Dieudonné avec l’antisémitisme qu’il est inutile de rappeler ici.

Pour les propos tenus en 2004, Dieudonné a été condamné deux fois, par le tribunal correctionnel de Paris et par la cour d’appel de Paris au motif de diffamation raciale.


Des amalgames récurrents

Très vite, dans les manifestations peu importantes avant ses spectacles ou sur Internet, le démon se déchaîna : « Juif… sioniste… finance… fric… Tout est dit. ». Tout est dit car tout est amalgame. L’équivalence des adjectifs "juif" et "israélien", "juif" et "sioniste", "juif" et "riche" etc. Latent, alimenté par de tels amalgames, l’antisémitisme n’est toujours pas mort.

Un antisémitisme sans doute couplé de jalousie pour une réussite sociale qui ne peut faire que des envieux.

Arthur est assez simple dans son expression et même n’hésite pas à dénoncer la passivité de quelques journaux comme "Le Monde" qui n’a émis aucun commentaire en retranscrivant le 8 janvier 2004 les propos de Dieudonné, ou comme "Le Point" et "Le Nouvel Observateur" qui ont laissé sur leur site Internet des commentaires franchement nauséabonds, ou encore à reprocher à Wikipédia ou au site du "Figaro" de relayer des rumeurs sans fondement et à Martine Aubry, maire de Lille, ville où a eu lieu un de ses spectacles, de ne pas avoir réagi.


Une identité parmi d’autres

Si tous ses mots, ses phrases sont un peu maladroits, Arthur a attendu l’avant-dernier paragraphe pour justifier très banalement son identité, sans commenter plus :

« Je m’appelle Jacques Essebag. Je suis né le 10 mars 1966 à Casablanca. Durant la guerre des Six-Jours, ma famille a quitté le Maroc pour s’installer dans la patrie des droits de l’Homme. Je suis français. » ajoutant pour conclure ceci : « Jamais je n’aurais imaginé que dans mon propre pays, dans ce pays que j’aime tant, dans ce pays qui m’a tant donné et auquel j’essaie de rendre un peu, on puisse manifester contre moi uniquement parce que je suis juif. ».


Mémoire courte ?

Vouloir faire d’Arthur le représentant du sionisme, le comploteur-"contempleur" du gouvernement israélien et le contempteur de la cause palestinienne relève d’une rare stupidité, celle de la projection de fantasmes sur un homme seul, peu impliqué (« Cet attachement à Israël ne me donne pas le droit de me mêler et de donner mon avis sur la politique israélienne en étant confortablement installé à Paris. » voir ici) uniquement en raison de son origine juive.


Certains êtres humains auraient-ils donc la mémoire si courte ?


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (23 mars 2009)


Pour aller plus loin :

Tribune d’Arthur dans Le Monde du 9 février 2009.




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