Attaques terroristes à Paris : La France doit-elle se retirer de la Syrie ?
par MUSAVULI
samedi 14 novembre 2015
Plusieurs attaques terroristes ont été menées à Paris le soir du vendredi 13 novembre 2015 faisant au moins 120 morts et 200 blessés, selon un bilan provisoire. Les assaillants, qui opéraient au cri d’« Allah Akbar », disaient, selon les premiers témoins, avoir agi pour se venger de la France engagée dans la coalition internationale en lutte contre le terrorisme en Syrie. Ce qui ferait des attaques de Paris la réédition des attentats de Madrid (mars 2004) menées pour obliger l’Espagne à retirer ses troupes de l’Irak et de l’Afghanistan.
Les attaques ont donc été menées en plein début de week-end alors qu’un évènement sportif se déroulait au Stade de France, le match amical France-Allemagne auquel assistait le président François Hollande. Plusieurs sites de la ville ont été pris pour cible et le bilan est sans précédent. « Horreur », « carnages », « massacres »… sont les titres qui reviennent à la une de la presse nationale et internationale. Si l’objectif était de frapper au cœur de la France, l’opération est un effroyable « succès ». Mais au-delà de la douleur, des décisions seront prises, dont l’une en rapport avec l’engagement de la France aux côtés des Américains dans les opérations en Syrie depuis septembre 2014.
La France en Syrie
Pour rappel, la France est militairement engagée dans les opérations en Syrie, décision prise après une vague des décapitations menée par le mouvement islamiste DAESH. Cet engagement est toutefois une évolution, le premier engagement de la France remontant en 2013, après un bombardement des populations au gaz sarin dans une banlieue de Damas. Accusé d’être l’auteur de ce bombardement, le régime syrien de Bachar-Al-Assad était alors la principale cible d’une coalition internationale menée par les Etats-Unis et la Grande Bretagne qui devait aboutir à son renversement, empêché de justesse par la Russie. La France soutint alors les rebelles opposés à Bachar Al-Assad, mais ces rebelles furent rapidement dépassés par le mouvement terroriste DAESH qui plaça les occidentaux dans un dilemme. Continuer de combattre Bachar Al-Assad signifiaient être des alliés objectifs de DAESH et d’autres groupes terroristes qui combattaient le régime. C’est ainsi qu’en septembre 2014, fut prise l’option de combattre prioritairement DAESH et donc, pour la France, de tourner le dos à ses alliés locaux, les rebelles syriens qui combattaient le régime de Damas.
On ne cède pas au terrorisme ?
Se pose naturellement la question de savoir comment ces groupes rebelles, voire terroristes, qui se battaient contre le régime de Damas, avec le soutien de la France, ont digéré le revirement de la France. Seraient-ils derrière les attaques de Paris ? Il est encore trop tôt pour l’affirmer. Dans tous les cas, la question de savoir ce que fait la France dans le chaos syrien va se poser de façon insistante. La situation est si floue et évolutive qu’il ne sera pas facile de faire adhérer l’opinion à cet engagement militaire. Le discours officiel communément admis est qu’il ne faut pas céder au terrorisme, à savoir que la France ne devrait pas décider de se retirer des théâtres des opérations dans lesquels elle est engagée sous la pression des terroristes.
Oui, mais encore faut-il que ces opérations se justifient par des résultats en termes de recul du terrorisme dans le monde, ce qui n’est nullement le cas. Après les attentats de Paris, il ne s’agit plus de la Syrie. C’est la France qui se retrouve en première ligne.
Boniface MUSAVULI