Attentat contre Charlie Hebdo : attention à la théorie du complot

C'est avec consternation que l'on a pu constater ces dernières heures la floraison d'une théorie conspirationniste de la pire espèce sur différents types de médias caractérisés par leur unique souci de faire du chiffre et de vendre des "espaces de cerveau disponibles". L'attentat terrible contre le journal Charlie Hebdo a en effet entraîné l'émergence d'une théorie du complot qui, s'il n'y avait pas les victimes bien réelles de ce massacre, serait risible. Celle-ci prétend en effet que les individus qui se sont présentés au siège du journal (dont un SDF) serait de vulgaires illuminés islamistes, hurlant des "Allahou akbar" et visant à venger l'offense faite par le journal après les fameuses caricatures de Mahomet.

L'émotion légitime éprouvée par les téléspectateurs inquiets de ces médias n'autorise pas ceux-ci à brandir les hypothèses les plus farfelues uniquement pour faire du chiffre. Compte tenu du professionnalisme militaire dont ont fait preuve les assaillants du journal Charlie Hebdo, il ne fait pourtant aucun doute que cet attentat a été réalisé avec des moyens dépassant largement les capacités d'un petit groupe d'illuminés égarés et qu'il convient désormais, dans la presse sérieuse s'entend, d'interroger la piste des services secrets, seuls à même d'avoir pu mettre au point un tel événement.

Des questions en effet émergent, comme le mauvais numéro d'acteur général des assaillants, criant "Allahou akbar" dès que possible comme s'il s'agissait de tromper les enquêteurs. Mais aussi le supposé terroriste dont le nom s'est très vite répandu et qui était en vérité en cours à cette heure-là dans un lycée de Charleville-Mézières. Des informations visant à tromper et qui devraient assez facilement permettre aux enquêteurs de trouver les commanditaires de ce terrible attentat.

Les sinistres médias qui mettent en avant cette thèse complotiste, dont le manque de professionalisme est patent, doivent en outre être tenus pour ce qu'ils sont : des négationnistes. Car on sait au moins depuis l'incendie du Reichtag par les nazis, plus récemment par l'attentat de la gare de Bologne en Italie mis sur le compte de l'extrême-gauche et réalisé en vérité par un groupuscule d'extrême-droite appuyé par des services secrets à la solde de l'OTAN (cf. Gladio) - sans citer ici un événement plus récent encore et qui entraîna plusieurs guerres sanguinaires et parfaitement illégimes ces dernières années -, que l'hypothèse que devra privilégier toute enquête sérieuse est celle d'un coup organisé par des ramifications plus ou moins obscures des services secrets du pays concerné : c'est là l'enseignement minimal de l'Histoire dans ce type d'événements et il revient à tous nos journalistes professionnels et compétents, ainsi qu'à la justice, d'en prendre acte.

Ne laissons pas faire ces sordides plumitifs qui se prétendent journalistes et qui en vérité ne servent que l'intérêt pécuniaire de leurs propriétaires millionnaires, vendeurs d'armes ou de béton. C'est notre démocratie qui est en péril alors que le but évident des vrais commanditaires de cet attentat est de pousser à la guerre contre des états prétendument alliés aux terroristes, ou afin de poursuivre des conflits en cours (Syrie, Libye, Niger, Centre-Afrique, Tchad) dans le but d'installer durablement des armées néo-coloniales et de piller en paix les ressources des pays visés. En résistant à des mensonges aussi patents et iniques, c'est toute notre démocratie ("pays des droits de l'homme") qui doit prouver à la face du monde qu'elle est plus forte que la propagande de quelques sordides vendeurs d'informations frelatées et de leurs complices éventuels au sein de notre gouvernement.