Cette femme, je l’avais découverte lors de l’enquête réalisée. Elle se nomme Faiza Outalha, que nous avions ainsi décrite : "
Une femme l’accompagnait, nommée Faiza Outalha, qui n’est pas non plus pour ne pas intriguer. Elle avait visité avec lui le centre juif objet du carnage, mais avait aussi traversé le Chattrapati Shivaji Terminus, l’endroit ou le seul terroriste survivant, Ajmal Kasab, bourré de cocaïne, le regard torve, avait été photographié arrosant le paysage de rafales de Kalachnikov. Ils avaient séjourné 15 jours à l’Hôtel Outram, en face du Chattrapati Shivaji Terminus, largement de quoi faire les photos et les repérages !" Car n’oublions pas une chose : cette attaque dévastatrice de Mumbaï avait été minutieusement préparée par des repérages, des prises de photos et des relevés GPS par le prévenu, condamné depuis, qui avait arpenté quelques mois avant tous les lieux investis par les terroristes. Des terroristes qu’il avait sans doute rencontré au Lashkar-e-Taiba, là où avait séjourné notre autre candidat au statut de de kamikaze :
Faizal Shahzad, qui semble bien être le garçon paumé que nous avions imaginé dès le départ. David Headley recrutait des kamikazes, c’est désormais une évidence, il habitait Chicago mais bénéficiait depuis de libéralités pour effectuer des années de voyages bien particuliers au Pakistan pendant des années. Un Headley qui n’avait pu agir seul avais-je dit
: "Headley n’a donc pas agi seul, en tout cas. "Les femmes, la meilleure arme d’Headley", indique à ce propos WorldNews. Un Headley ex-marié redevenu célibataire, soit disant devenu dévot, ayant appelé des call-girls durant ces séjours en Inde : notre "musulman" converti buvait de l’alcool en boîte de nuit ! "
La balade préparatoire aux attentats, pour les repérages indispensables, avait bien été faite à deux. "Une femme, sa femme, avec laquelle il s’était marié récemment, avant qu’il n’en divorce au prétexte assez grotesque qu’elle serait devenue lesbienne (et lui visitant les clubs culturistes mâles, comme on a pu le voir !)". Avouez qu’il y avait de quoi suprendre ! Car cette femme avait une autre particularité : visiblement, elle avait le droit de passer la frontière bien aisément : "Une marocaine de 29 ans à peine, qui ne cesse de surprendre : à plusieurs reprises, elle a passé sans encombre et à pieds la frontière indo-pakistanaise, seule. En disposant pour ce faire d’un passeport marocain ! Dans cet endroit du monde, on peut supposer que les marocains ne sont pas légion ! Sa zone de passage privilégiée étant celle du Wagah, très certainement l’une des plus surveillées au monde ! ". Voilà une dame qui, aujourd’hui, nous annonce le NYT, aurait donc suivi toutes les visites de son mari de l’époque pour dénoncer sur place ses mêmes visites ? C’est difficilement crédible pour tout dire. Encore davantage quand on sait que même en l’ayant fait, cet attentat, son mari héritait encore de l’autorisation d’entrer à nouveau en Inde en mars 2009, quatre mois après les attentats... quelque chose cloche dans l’histoire, visiblement ! Tant que son nom n’avait pas été cité par la presse indienne...
Mieux encore, puisque la dame aurait aussi avoué que son mari, début 2006, avait reçu 26 000 dollars de la part du Major Iqbal, un des responsables de l’ISI (les services secrets pakistanais) qui aurait chapeauté toute l’opération. Sur l’implication de l’ISI, j’avais aussi indiqué dès le lendemain des attentats qu’il était obligatoirement à la base de l’attaque, ce que démontrait aisément l’équipement utilisé : en particulier les fusils-mitrailleurs et le (ou les) canot(s) pneumatique(s) ayant amené sur le rivage les comploteurs, du même type que celui des forces spéciales pakistanaises. Cela, je l’avais déterminé le lendemain même de l’attaque, à la seule vue des photos disponibles. Même les téléphones en réseau Thuraya utilisés étaient les mêmes que ceux qu’employaient au même moment Blackwater en Irak... Bref, une organisation militaire des attaques : Iqbal, avait témoigné Headley à son procès, avait également montré aux jeunes kamikazes une maquette de l’Hôtel Taj Mahal pour mieux s’y déplacer. Personnellement, je vous en avais parlé d’une autre manière, en insistant sur la compacité des armes utilisées (des
Heckler und Koch HK MP5 "à 1800 dollars pièce"), déposées AVANT l’attaque dans l’hôtel Oberoi-Trident, notamment, (car elles étaient déjà sur place quand ils sont arrivés !) qui leur avait permis de se déplacer dans des couloirs étroits la mitraillette à la main, ce qui était infaisable avec leurs longues Kalachnikovs (ils ne disposaient que de modèles standards). Non, à tout bien regarder, les attaques de Mumbaï impliquaient obligatoirement des services secrets, par la minutie de leur préparation, le matériel sophistiqué utilisé, et la coordination à la minute près de ces différentes attaques.
Un hôtel, le Taj Mahal, d’où Faiza Outalha aurait dit-elle envoyé une photo d’elle-même et de son mari en avril et en mai 2007, à l’ambassade américaine à Mumbaï, pour prévenir des préparatifs, nous dit aujourd’hui le NYT : c’est difficilement crédible, et là, on tombe dans le grotesque... Imaginons plutôt la scène. Headley prépare donc un attentat : il prend des photos, prend des notes, fait des relevés ; sur des endroits qui n’ont certes rien de touristique, comme en particulier le centre juif qui sera visé lui aussi, ou la gare où aura lieu un des carnages. Et sa propre femme comprend à partir de là qu’il va transformer tout ça en attentats, à partir du choix des prises de vues ? Cela me semble un peu cousu de fil blanc ! Soit il est idiot, en montrant ainsi tout ce qu’il prépare, soit elle y a participé sciemment, à ses repérages ! De toute manière, notre repentie du jour se grille toute seule. Et grille en même temps le montage savant de la CIA... en décrivant l’attitude de son mari : "Et elle a dit qu’elle a assuré aux enquêteurs que M. Headley assumait différentes identités : comme un musulman pieux quand il portait le nom de Daood, quand il était au Pakistan, et comme un playboy américain du nom de David, quand il était en Inde".
Et là, en effet, c’est la phrase de trop d’une personne venue visiblement tenter de charger la mule Headley et en profiter pour avouer (enfin) la responsabilité pakistanaise dans l’attentat : mais la pakistanaise seule. Car cette phrase ruine l’argumentaire même avec lequel Headley a été condamné à vie : selon le juge qui l’a condamné, c’est uniquement parce qu’il était devenu profondément musulman qu’il avait organisé les attentats ! Le "profond musulman" qui le soir venu allait en boîte draguer les filles et buvait du whisky ? Quelque chose cloche là, encore une fois ! Headley, devenu rappelons-le prendant 19 ans informateur de la DEA (l’office anti-drogue US) aurait versé musulman fondamentaliste en moins de deux années seulement ? Sans jamais se rendre dans une mosquée ? Et mieux encore avec une autre perle niché au milieu de cet incroyable article : Faiza Outalha aurait aussi ajouté ceci dans ses conversations avec l’ambassade US : "Je leur ai dit, c’est soit un terroriste, soit il travaille pour vous, a-t-elle rappelé dire aux responsables américains à l’ambassade des Etats-Unis à Islamabad. Indirectement, ils m’ont dit, que j’étais paumée". Et là encore, ça devient doublement grotesque : une femme vient dire à une ambassade soumise comme aux States à la paranoïa du Homeland Security, "je soupçonne mon propre mari d’être un terroriste ou de la CIA", on lui aurait répondu qu’elle était folle, pour résumer ? Evidemment c’est la seconde thèse que l’on est bien obligé de retenir : sinon, dans l’instant même, une escouade de policiers d’ambassade ou du FBI aurait été envoyée pour cueillir le prétendu terroriste ! L’absence de réponse de l’ambassade américaine aurait dû mettre la puce à l’oreille, à la dame : on lui avait clairement fait comprendre que si on le laissait faire, c’est qu’il y avait une seule raison : c’est qu’ il était bien de la maison ! Pas de quoi s’affoler, donc !
Plus étrange encore : notre bonhomme avait été marié quatre fois (et non trois comme on le dit un peu trop souvent déjà). Or en 2005 déjà, lors de son second divorce (elle l’avait épousé en 2002) sa seconde épouse avait déjà joint une première fois le FBI pour évoquer ses liens avec le Lashkar-e-Taiba : elle aurait à l’occasion dit avoir été frappée, et surtout avoir appris aux enquêteurs qu’il était déjà marié au Pakistan (en 1999) ! Selon le NYT, le dossier avait été transmis à la Joint Terrorism Task Force. Et aurait donc déjà été enterré une première fois ! Cela devient ridicule, à ce stade : ça fait quatre ans que le FBI connaissait ces liens, et il ne serait pas intervenu ? Au mieux, c’est totalement incompréhensible, au pire c’est ce l’irresponsabilité totale ! A l’époque déjà, le Lashkar-e-Taiba ou LeT est repéré comme mouvement terroriste depuis plus de 15 ans ! Sa "carrière" mortifère avait notoirement commencé par deux massacres notables : celui du 25 Janvier 1998 à Whandama (23 morts) et celui de
Chittisinghpura en mars 2000, le Let attaquant le parlement de New-Delhi le 13 décembre 2001.
En somme à deux reprises Headley a été dénoncé par ses épouses respectives ! Ce devait être sa troisième femme, en effet, "
une artiste New-Yorkaise du maquillage" et ancienne concubine pendant huit ans, épousée en 2002, qui aurait déposé la première plainte, la seconde datant de 2007 en la personne de la jeune marocaine de la moitié son âge, une étudiante en médecine, avec qui il avait fait les repérages de Mumbaï, nous dit le NYT. Sa toute première épouse (mariée alors qu’il n’avait que 17 ans) avait vite disparue de la circulation, une seconde de 1999 étant une
"musulmane orthodoxe pakistanaise" dans un mariage arrangé en
1999 par sa famille, nous rajoute le journal ... Or, là encore ça cloche tout de suite là : car dans la première partie de sa vie, rappelons-le,
il vit dans le restaurant familial (de sa mère, Serrill Headley
) ou il prend des cuites mémorables... avant de sombrer dans le trafic d’héroïne et de se faire engager par les stups pour jouer aux espions (m’étonnerait qu’il ait depuis arrêté d’en prendre !). Alcoolique, drogué à l’opium, en voilà un bon musulman ! La dame, avant de l’épouser en 2002 aurait vécu huit années avec lui sans s’apercevoir de ses liens islamiques ? Difficile à croire ! Son "mariage forcé" pakistanais date de 1999 : à ce moment-là, une autre vit déjà avec ! Il était donc bigame ! Selon le NYT, toujours, notre homme serait devenu "jihadiste" forcené ses derniers mois seulement.. au point que sa jeune épouse (de 2005) aurait voulu le voir dit-elle aujourd’hui...
“enfermé à Guantánamo." Certes, mais la précédente ne s’en était pas plainte pendant 11 ans de vie commune au total d’un islamisme terroriste excessif, sauf l’année de son divorce. Et en ce qui concerne la dernière pourquoi donc alors accepter de se rendre
deux fois à l’hôtel de Mumbaï alors sachant que dès la première fois c’était déjà pour préparer un attentat, ce qu’elle prétend avoir dénoncé d’emblée ? Dès la première visite, selon ses dires, elle aurait contacté l’ambassade : la seconde aurait été le moment idéal pour le cueillir ! Et que penser de sa faculté, à la miss, à traverser les frontières seule, dont une étroitement surveillée, et à se réfugier ensuite au Maroc ?
Bizarre comportement.. et fort bizarre interview fait... non pas aux Etats-Unis mais au...Maroc, justement ! Car c’est là encore un point que minimise le NYT ! Miss Outalha, quatrième épouse du nom d’Headley n’a pas, en effet, depuis la condamnation à mort de son mari, réintégré les Etats-Unis, encore moins assisté à son procès et prend plutôt la pose aujourd’hui sur une terrrasse marocaine en concluant devant le journaliste un étonnant : "je leur ai dit tout ce que je pouvais pour attirer leur attention, dit-elle des autorités américaines à l’ambassade à Islamabad. "C’était comme si je criais : « Ce type était un terroriste ! Vous devez faire quelque chose." Etonnant témoignage et fort étonnant comportement ! Si ce n’est pas elle qui ment, l’ambassade US, le FBI et la CIA ne sont pas dans la panade, là, à avoir dissimulé l’annonce d’un massacre programmé de 166 personnes innocentes.... qu’est-ce donc que cette mascarade ? Les Etats-Unis l’ont su par deux fois, que l’attentat allait se produire : par leurs écoutes satellitaires, évidentes (*), et par le témoignage de la femme même du principal conspirateur !
Aujourd’hui que les deux effarants témoignages ont été rendus publics, le gouvernement américain ne peut qu’afficher un certain malaise.
"Selon Philip J. Crowley, le porte-parole du département d’État américain, les États-Unis auraient immédiatement informé le gouvernement indien s’ils avaient disposé d’informations précises quant aux attaques de Mumbaï" affirme-t-on. Or, à bien relire la déposition de Faiza Outalha, il faut bien convenir qu’on à affaire à un gouvernement qui ment effrontément. La dame avait envoyé une photo d’elle-même du lieu d’une des attaques probables, l’hôtel Taj Mahal, à l’ambassade US : on peut difficilement faire plus précis comme localisation... surtout qu’elle s’est avérée exacte. Un autre mensonge du FBI est arrivé dans la foulée :
"le responsable gouvernemental lié au FBI qui a accepté de discuter du dossier a plutôt affirmé que la femme de Headley n’avait pas indiqué qu’il était un militant actif, ni qu’il avait exprimé un désir de participer à des actes violents. Elle aurait mentionné que son mari détenait du matériel de randonnée, mais n’a pas fait allusion à l’existence potentielle d’un lien entre Headley et un groupe terroriste". Ceci pour la troisième épouse et sa déposition de 2005, après leur séparation.... où elle avait pourtant nommément cité le Lashkar-e-Taiba comme mouvement visité par son mari. Si celui-là n’est pas un mouvement terroriste en 2005, c’est à désespérer : le 29 octobre, à Delhi, ce groupe terroriste f
aisait sauter des bombes près de la gare du New Delhi Railway Station et sur le marché de Sarojini Nagar, plus un bus à Govindpuri et tuait 62 personnes et en blessait 210. Le groupe avait
revendiqué les attentats.
En prime, à Mumbaï, il y a bien eu d
eux équipes différentes nous dit aussi dans son livre S.M. Mushrif, le lieutenant de Police désireux de venger la mémoire d’Hemant Karkare, assassiné le jour des attentats.
"Il apparaît que si on peut attribuer à ces tueurs les fusillades du café Leopold, les tueries à l’intérieur des palaces Taj, Oberoi, Trident, et l’étrange occupation et prise d’otage de la Nariman House, les massacres de la gare et ceux de l’hôpital Cama semblent l’oeuvre d’une autre équipe. L’étude des 284 coups de téléphone échangés entre les terroristes présents à Bombay et leurs officiers traitants à l’étranger confirme ce point de vue. Alors que les terroristes « pakistanais », opérant à l’intérieur des hôtels et du centre juif, ne cessent de communiquer avec leurs contrôleurs ; ceux tirant au hasard à la gare et se réfugiant ensuite à l’hôpital Cama n’utilisent pas le même réseau téléphonique, et parleraient même aux passants qu’ils croisent en langue vernaculaire, le « marathi ». Pour Mushrif, cette équipe, composée au moins de six individus, qui ont tué beaucoup et peu affronté les commandos de la marine et l’armée, sont responsables de la mort de 56 innocents à la gare, et de l’exécution des chefs de l’anti-terrorisme de Bombay, Hemant Karkare, Ashok Kamate, Vijay Salaskar, dans la Rang Bhavan Lane, près du GT Hôpital". Dans cette affaire, une seconde équipe, mise au courant par un réseau dont ignore la provenance mais lié aux attentats d’extrême droite précédents, avait profité de la dévastation en cours pour supprimer celui qui leur avait fait le plus mal en incarcérant leurs leaders : le
lieutenant-colonel Purohit, Sadhvi Pragyasingh, et
Swami Amrutanand (**).
Car Headley séjournait régulièrement en Inde et à Mumbaï même, dans le quartier de Breach Candy : les enquêteurs indiens avaient
même retrouvé son appartement, qu’il louait régulièrement à un couple âgé, au 5eme étage d’un immeuble d’un groupe d’immeubles appelé
Shyam Niwas, et qu’il occupait
"une semaine ou deux avant de s’absenter deux ou trois mois", avouera la propriétaire, qui le trouvait "charmant".
En bas de l’immeuble, Headley allait faire de la gym avec un ancien acteur de Bollywood reconverti : Rahul Bhatt, et d’autres : Emraan Hashm et Kangana Ranaut. Quand il visite la salle du
centre sportif, c’est en compagnie de celle qu’il présente comme sa femme. Or, selon le FBI lui-même, ce que reprennent comme information les indiens, Headley avait visité plusieurs sites en compagnie de deux femmes et non pas
d’une seule. Bien entendu, nulle trace depuis de la deuxième...
L’homme louait donc un appartement sur place à l’année, et dormait à l’hôtel Taj Mahal lors de ses repérages avec sa compagne : ça ne tient pas beaucoup debout non plus, comme histoire... si elle avait visité la salle de sports de l’immeuble, elle avait dû être au courant de l’existence de l’appartement cinq étages au dessus ! Headley avait visité l’Inde à six reprises en septembre 2006, Février 2007, septembre 2007, en Avril et juillet 2008 (avec sa dernière femme marocaine), et était revenu en mars 2009, après les attentats. C’est lors de ses visites de 2008 qu’il aurait reçu un GPS pour noter les objectifs, de la part de deux membres du LeT. Sans que son épouse ne s’en
aperçoive ? Rien ne tient debout encore dans ces "explications"... Six visites, et neuf tampons sur ses passeports ? Rien ne correspond, encore, et son attitude même n’est pas du tout celle du touriste ordinaire : à Delhi, où il s’était aussi rendu, il utilisera deux hôtels différents à deux jours d’intervalle, à Paharganj : l’Hôtel Holiday International et les deux jours suivants l’Hôtel Anand.
Changer du jour au lendemain d’hôtel n’est pas courant chez un touriste classique.
Les visites d’Headley mènent également directement au mouvement des Indian Mujhahideen, issu du "Azamgarh group", les poseurs de bombes dont le leader est
Riyaz Bhatkal (Roshan Khan), qu’Headley aurait rencontré : la constitution de la deuxième équipe d’assassin de Karkare s’explique grâce à ce contact. Le 13 février 2010, quand sautera la boulangerie
de Pune, haut lieu touristique, l’attentat sera attribué à Bhatkal, mais les repérages avaient été
menés par Headley. Et pour contacter Amir Raza Khan, l’autre leader des Indian Mujahideen responsable de l’attentat du
13 septembre 2008, et de l’attaque de l’
American Center de 2002, à Calcutta, Headley avait trouvé sur place comme contact
une femme, résidente de Kolkata, puis plus tard de New Delhi. Une
"cuisinière Parsi de 28 ans" employée de l’Oberoi Trident Hotel, à qui il aurait fait une cour assidue en la couvrant de fleurs, de SMS et en lui offrant un bracelet de platine. Ses parent tenaient une... boulangerie, qu’il visitera, à .. Mumbaï. On y retrouvera 8 kg de RDX, un explosif militaire pouvant faire sauter tout le quartier. Bref, l’homme recrutait des aides locales,
par tous les moyens possibles ! En leur laissant comme souvenir de l’explosif militaire !
Les contacts entre groupes extrémistes différents mais tous poseurs de bombes ou organisateurs d’attaques kamikazes, c’est Headley qui s’en charge, donc. Pour certains observateurs, il ne serait que le pion central d’un projet global de déstabilisation de la région appelé
"Project Karachi". "Nommé ainsi d’après la ville portuaire du Pakistan et le foyer du crime qui a transformé en un sanctuaire pour les Indiens fugitifs comme Dawood Ibrahim ou Tiger Memon le projet de joint-venture a été conçu peu de temps après 2003. Il fait partie d’une stratégie globale qui, selon l’amiral Dennis Blair le directeur de la National Intelligence a affirmé à l’US Senate Committee le 3 Février 2010 que le Pakist
an utilise des groupes militants comme une partie importante de son arsenal stratégique pour contrer les avantages militaires et économiques de l’Inde." Le projet de Karachi a été directement responsable de la mort de plus de 500 Indiens dans 10 attentats à la bombe depuis 2005". Sous entendu, la CIA se charge aussi de mettre en place ce projet ou de le soutenir...
Des équipes d’assassins, des cellules dormantes prêtes à agir, voilà à quoi s’activait Headley. Et voilà ce que j’avais pu en dire, déjà le 17 décembre 2008 :
"Car trois dinghys (deux du Cargo, un du Kuber) cela fait 45 personnes possibles. Dans celui du Kuber, on a vu 8 personnes en descendre : cela fait 24 personnes encore. Sans compter ceux venus par le train. Les premières estimations de la police indienne oscillent entre 20 et 40 assaillants. Au final, on se retrouve avec 9 morts et un terroriste capturé et blessé. Visiblement, le compte n’y est pas : il manque surtout ceux parlant entre eux Marathi, à savoir... des locaux. Or, selon certains témoignages concordants, ce sont bien eux qui ont assassiné les trois officiers de police, dont Karkare ! La thèse de l’attentat ciblé se confirme de jour en jour". Sans oublier la surprise du chef, de découvrir au milieu de l’hôtel attaqué deux hommes de la CIA, deux américains, qui jusqu’ici fréquentaient surtout
Dawood Ibrahim, autre sulfureux personnage... les terroristes, en entrant dans l’hôtel, feront, on l’a vu le tri des touristes... en nommant expressément les deux américains comme appartenant à la CIA, et ce, devant tous les autres résidents terrorisés ! L’empressement des américains qui avait suivi les attentats à ne pas en accuser l’ISI, notamment par les voix de John McCain, de Condoleezza Rice et de Robert Gates, tous trois visiteurs incongrus du pays, avait tout de suite paru suspect. Aujourd’hui, ces soupçons se renforcent d’autant. Le BlackBerry d’un des attaquants avait été
appelé directement du New-Jersey : on comprend alors la volonté politique à étouffer l’affaire !
L’article du NYT est donc très insuffisant, en ignorant cette deuxième équipe, malgré son caractère évident de bombe médiatique annonçant que les Etats-Unis étaient au courant de l’attentat et l’ont laissé faire : aux Indiens, désormais de réagir en demandant des comptes, ce pourquoi aussi sans doute cet article a été fait. Insuffisant, car il passe à la trappe un autre événement-clé encore, lié aux préparatifs de l’attaque. Je vous en avais déjà clairement parlé le 24 mai dernier :
"Plus l’enquête indienne avance sur Headey, plus on s’achemine en effet vers un épisode façon Rainbow Warrior : le faux couple Headley-Outalha, c’est un remake parfait des fameux "faux époux Turenge"(munis d’un faux passeport !) : dans le monde interlope des services secrets, les mariages sont un subterfuge connu et très souvent utlilisé pour leurrer et laisser le change. Le duo d’espions Headley-Outalha n’échappe pas à la règle ! C’est le capitaine Dominique Prieur et le commandant Alain Mafart, façon indienne, ne manque que le yacht -l’ Ouvéa- avec les plongeurs (l’adjudant-chef Verges, les adjudants Andriès, Bartolo), et le seul civil, le Dr Maniguet ". Deux faux couples pour effectuer les repérages et aller poser la bombe sur le Rainbow Warrior (c’est un nageur de combat qui le fera en défintive : le
propre frère de Ségolène Royal...).
Aujourd’hui encore davantage cette intuition se tient : les visites exploratoires de Mumbaï ont été faites non pas à deux, mais à deux couples, dont le second n’a jamais été retrouvé à ce jour. Qui a accompagné Headley et Outalha lors de leur périple ? Pourquoi, une fois retrouvée (ailleurs qu’aux Etats-Unis !) ne la questionne-t-on pas sur le sujet qui est vital pour l’enquête ? Où est passé ce second couple, vu à plusieurs endroits en même temps que le duo Headley et décrit à plusieurs reprises par les enquêteurs indiens ? Des indiens qui ont émis le 7 octobre un
mandat d’arrêt contre des
personnalités pakistanaises : Sameer Ali, Illyas Kashmiri (un
activiste bien connu, prétendu tué par un drone en 2009), Abdur Rehman Hashim (major de l’armée pakistanaise, surnommé "Pasha", accusé d’être le donneur d’ordres au téléphone des attaquants de Mumbaï ), Sajid Majid (un des contacts directs de Headley, celui qui au téléphone également avait demandé durant l’assaut d’allé vérifier qu’il n’y avait pas de survivant au centre juif attaqué) et... le Major Iqbal, bien entendu ! Sont visés également par l’Inde le fondateur du LeT, Hafiz Saeed, et les responsables Zaki-ur-Rehman Lakhvi et Mohammed Ramadhan Mohammed Siddiqui, alias Abu Hamza, auteur de l’attaque sur l’
Indian Institute of Science à Bangalore en 2005. Tous ses noms ayant été donnés par... David Headley, lors de ses interrogatoires. Et mis au grand jour par le
National Investigative Agency (NIA) indien : or la seule question importante à se poser est d’où viennent ces informations d’écoutes téléphoniques révélées par les indiens, sinon des captages satellitaires de la NSA américaine ? Les indiens, s’ils les avaient entendues, auraient pu sinon empêcher du moins gêner les auteurs du massacre !
Quant au fameux second couple, on n’a toujours aucun élément. Les enquêteurs indiens en ont retrouvé pourtant un qui vaut également le détour, et qu’Headley est allé rencontrer directement à son arrivée à Goa lors de sa deuxième visite de 2008. Un couple d’américains... illégaux.
"Goa était une option de doublage de repli de l’attentat de Mumbai (en cas d’impossibilité de celui-ci, NDLR). L’idée dès le début était de réaliser un coup mortel dans lequel ils pourrait réclamer la vie des étrangers en particulier. La NIA (les services secrets indiens) affirme qu’il est possible qu’Headley envisageait l’aide de ce couple d’Américains de Goa comme celui d’une couverture. Toutefois, les enquêteurs n’excluent pas la possibilité que le couple aurait pu être au courant de ce que préparait Headley." Etrange rencontre, non ? Les plus grandes villes de Goa ont aux alentour de 100 000 habitants : Headley y trouve directo deux américains en situation particulière : il est décidément fort doué ou fort bien renseigné.
"Headley, lors de sa première visite à Goa avec sa petite amie (c’est sa femme, pourtant, logiquement, mais est-ce elle ou la fameuse "seconde femme" entrevue ? NDLR
), avait visité un salon de massage tenu illégalement par le couple d’américains. En raison de la nationalité commune, il était facile pour Headley de se rapprocher du couple. Les enquêtes montrent qu’il leur avait parlé à divers endroits de Goa. Cela donne l’impression qu’ Headley avait jeté les bases pour une attaque sur Goa. Les noms des deux américains sont gardés secrets pour le moment. Les informations que la NIA a réussi à collecter, c’est que le couple avait travaillé à Goa depuis neuf ans avec seulement un visa de touriste. Ils avaient gardé leur identité secrète, car ils étaient en situation irrégulière." On va d’étonnement en étonnement avec cet individu... décidément.
En conclusion, autant il a été facile pour le NYT de retrouver quelqu’un qui a le profil parfait d’un membre des services de sécurité marocains travaillant pour la CIA, autant il semble difficile de faire sortir de l’ombre les autres organisateurs de ce massacre, dont ce fameux binôme testeur de sites d’attentats. Peut-être bien qu’on ne souhaite jamais les retrouver. Et peut-être bien que pour faciliter la chose, on a demandé au New-York Times ce qui s’avère être aujourd’hui un
joli coup de pouce... à la
thèse bien pratique d’un dealer d’opium aimant le whisky et informateur de la police pendant près de vingt ans reconverti sur le tard en militant islamiste, téléguidé par des extrémistes pakistanais connus depuis des lustres. L’article se veut au départ un scoop et une révélation gravissime, il n’est qu’un écran de fumée de plus pour cacher le responsable véritable.
Ce responsable, c’est un homme aujourd’hui condamné à la prison à vie : certes, mais comme ça, me direz-vous, il ne peut plus donner d’interviews révélant sa version particulière des dessous des attentats de Mumbaï, tranquillement assis à la terrasse d’un café marocain... loin des Etats-Unis, mais si proche de la CIA.
Mes articles précédents sur Mumbai rédigés le lendemain même des attentats :
(*) extrait du texte, rédigé le 30 décembre 2009 :
"A Mumbaï , même scénario en effet : on apprendra il y a quelque semaines seulement que toutes leurs conversations avaient été piratées, à ces fameux attaquants meurtriers, via un de leurs membres américain retourné par la CIA, David Headley. Un document Debka (*1) avait mis en lumière fort récemment les détails de l’investigation menée.. Les Etats-unis avaient donc tout su... avant que les massacres ne se produisent, mais n’avaient rien dit pour les en empêcher, donc. Ce qui n’est pas sans poser de questions !"
sur Headley :
sur Faizal Shahzad :
(**)
"les attentats du 11 juillet 2006 à la gare de Bombay, ceux de Malageon du 8 septembre 2006, le plasticage du train Samjhauta Express le 19 février 2007, la bombe à la mosquée d’Hyderadad le 18 mai 2007, celle d’Ajmer le 11 octobre 2007, les explosions près de tribunaux en Uttar Pradesh le 23 novembre 2007, les bombes de Jaipur le 13 mai 2008, Ahmedabad et Surat le 26 juillet 2008, New-Delhi le 13 septembre 2008 et l’explosion de Malageon du 29 septembre 2008 qui fit six mort et blessa plus de cent personnes".