Au bistro de la toile : « Je te sers un verre de Glypho ? »
par VICTOR Ayoli
mercredi 29 novembre 2017
- Eh ! Victor, je te sers un verre de Glypho grand cru ? C’est du sérieux, c’est de l’allemand.
- Eh ouais ! Loulle. On va continuer à s’empoisonner au glypho pendant cinq vendanges. Au moins.
- Tout ça à cause d’une scène de ménage dans le couple franco-allemand qui bat de l’aile. Parce que « Mutti », elle dit à Jupitounet la redoutable phrase tueuse d’amour et fossoyeuse de couple : « Non pas ce soir, je suis fatiguée ».
- Ah ! La terrible phrase, Loulle. Mais je crois plutôt que Mutti a été cocu sur ce coup-là. Trompée, humiliée la Maman. Pas par Macron mais par son propre ministre de l’agriculture. Le mec, il a voté POUR le glypho alors que la position du gouvernement était de s’abstenir. Et ce POUR allemand a entraîné d’autres pays et voilà pourquoi la position française de trois ans de sursis au max a été battue en brèche et que Jupitounet fait la gueule.
- Du coup, la FNSEA peut sortir le champagne !
- Ah, la FNSEA, ça ne veut pas dire « Fédération Nationale des Empoisonneurs Agréés » ? Il faut dire qu’il y a des intérêts énormes derrière ce bras de fer. Les pressions arrivent de l’industrie des pesticides, des Étasuniens qui veulent vendre leurs merdes, des agripoisonneurs de la FNSEA qui gueulent à juste titre qu’ils seront désavantagés si la France interdit le glyphosate mais que d’autres pays européens l’autorisent. Rien qu’en France, les professionnels chaque année utilisent 8 000 tonnes et les particuliers 2 000 tonnes de ce désherbant redoutable. En son temps (2015) Ségolène Royal, alors ministre de l’écologie, a bien essayé de faire interdire les désherbants à base de glyphosate, mais seulement pour les jardiniers amateurs… Lettre morte puisque les bidons de Round-up encombrent encore les rayons de toutes les jardineries…
- Alors, et Monsieur Hulot, il est en vacances ?
- Hulot voulait trois ans et Macron penche vers lui puisqu’il a dit que malgré la décision européenne, la France arrêtera définitivement le glyphosate dans trois ans. Mais il avait en travers le ministre Travers, sous-traitant de la FNSEA, syndicat revendiquant haut et fort le droit d’empoisonner les populations et même, en premier lieu, ses adhérents de base ! Et c’est cet étrange groupe de pression, acoquiné avec Monsanto et tous les chimistes, qui a ses entrées au ministère de l’agriculture et donne sa feuille de route à un ministre de l’agriculture totalement incompétent. N’oublions pas que l’agriculture est subventionnée au niveau de dix milliards par an, chaque Français dépensant ainsi 150 euros pour conforter une agriculture productiviste nuisible !
- Les aliboffis commencent sérieusement à enfler !
- On assiste à un cas flagrant de prise de pouvoir des multinationales aux dépens de notre santé. En effet, la ré-autorisation proposée à Bruxelles, se base sur des évaluations fournies par la Glyphosate Task Force (GTF - groupe de travail sur le glyphosate), un consortium d’entreprises de l’agrochimie auquel appartient — avec d’autres géants de l’agrochimie — Monsanto. Quelle bonne surprise !
- Et quand on sait que Monsanto va être racheté par le géant de la chimie allemand Bayer, on comprend le vote de Herr Christian Schmidt, le ministre de l’agriculture allemand qui a offert une belle paire de corne à la Maman !
- À l’heure du rejet des institutions européennes par les populations, cette décision donne une fois de plus l’image désastreuse d’institutions européennes au service des multinationales et de la finance. Une occasion manquée de donner le signal d’un changement de comportement.
- Allez, je te le sers ce ballon de Tavel ou tu préfères un verre de Glypho ?
Illustration : merci au regretté Chimulus