Au bistro de la toile : les Jeux Olympiques rendent Victor ronchon !

par VICTOR Ayoli
jeudi 14 septembre 2017

- Oh ! Victor, t’as l’air ronchon ce matin. On t’a mangé ta soupe ou quoi ? Ou alors c’est l’ouragan ? Ou peut-être les jeux olympiques ?

- C’est un peu de tout ça Loulle. Tè, l’ouragan par exemple. Il faut voir les mémères décolorées qui squattent les écrans pour nous faire pleurer sur leur hôtel inondé tout en pourrissant les « zautorités » qui ont été incapables d’anticiper, de prévoir les dégâts de cette rugueuse d’Irma ! Moi, j’ai donné dix pour cent de ma pension à Caroline, une Ardéchoise de mes amies qui a construit une école pour les pauvres, école saccagée par l’ouragan et qu’il faut aider. Au fait Loulle, je crois que tu devrais organiser dans ton rade une collecte pour la villa de Johnny Halliday, pour celle de l’oligarque ruscof Abramovitch, et bien d’autres : sept palaces 5 étoiles (3 000 euros la nuitée) et les quelque 600 villas (jusqu’à 80 000 euros la semaine). Et aussi une collecte pour les yachts qui ont été un peu bousculés dans les baies (loués 150 000 euros la semaine). Toute la misère du monde Loulle.

- C’est vrai ça, Victor. Je vais y penser. Mais enfin, il n’y a pas que des riches à Saint-Barth.

- Ouais. Il y a aussi ceux qui trafiquent la drogue, et puis, enfin, ceux qui travaillent pour faire la vie belle à ces parasites. Ceux-ci sont généralement des émigrés, clandestins ou non de Haïti. Ce sont eux que l’on doit aider.

- Là, où on peut être content et rassuré, Victor, c’est qu’au niveau de la prévision de quelques prochaines catastrophes… imprévues, on a un trio d’experts de haute volée. Ce sont Mlle Le Pen, MM Ciotti et Mélenchon, qui savent exactement ce qu’il aurait fallu faire (mais ne l’ont pas dit avant) et qui préparent le dispositif préventif, réactif, efficace et adapté, à mettre en place d’urgence en prévision de l’éruption volcanique sur les Champs-Élysées et des inondations du Mont Ventoux. Sans parler de la coulée de boue sur Saint-Julien-Molin-Molette et de l’incendie des digues de Saint-Malo.

- C’est rassurant Loulle, on peut dormir tranquilles !

- Bof, heureusement qu’il y a les Jiho.. On a gagné Victor ! On-na-ga-gné ! On-na-ga-gné ! On-na-ga-gné !

- Ah ! Ah ! Ah ! Tu parles d’une victoire ! Depuis ce matin, ils nous gonflent les aliboffis avec cette « superbe victoire de la France » qui a gagné les Jeux Olympiques. On a gagné quoi ? Mon cul… Contre plus personne. Parce que plus personne n’en voulait de ces J.O. L’une après l’autre, les villes concurrentes - Rome, Budapest, Boston ou Hambourg – ont abandonné, sous la pression de leurs populations qui n’avaient pas envie de se retrouver dans la situation d’Athènes ou de Rio, ruinées pour des décennies. Quant à la dernière ville concurrente, Los Angeles, ça s’est réglé à coups de gros sous : Paris aurait fait un chèque de près de 80 millions d’euros à Los Angeles pour qu’elle accepte de passer la fois d’après. Ce qui file le tracsir à ces margoulins du C.I.O. (Comité International Olympique) qui sont bien contents d’avoir pu caser leur barnum quadriennal deux fois de suite ! Les candidats ne se bousculent plus au portillon… Faut dire que ça coûte un bras d’organiser cette konnerie. Les sommes dépensées pour Athènes en 2004 ont porté un coup fatal à la Grèce. Une fois les Jeux terminés, la plupart de la vingtaine de bâtiments construits pour l’occasion n’a en effet plus jamais été utilisée. Une aberration au regard du budget dépensé : de 4,6 milliards d’euros prévus au départ, il est passé, selon les chiffres officiels, à 11,2 milliards. Selon des estimations indépendantes, il serait en fait grimpé à 20 milliards d’euros. Avec la ruine du pays à la clé… Pour Rio on en est dans les 16 à 20 milliards de dollars. Sans évoquer le coût exceptionnel de Pékin 2 008 à 32 milliards €. Record battu par les JO d’hiver de Sotchi 2 014 qui ont coûté 50 milliards $ !

- Ouais mais chez nous, selon les « milieux autorisés » - c’est pas nous Victor – le budget total des jeux de Paris est de 6,6 milliards d’euros, la moitié pour des investissements d’infrastructures qui seront réutilisées, l’autre pour les dépenses opérationnelles.

- Ouais. On en reparlera Loulle. Le « village olympique » sera financé par un PPP (partenariat public privé) c’est-à-dire du pognon sorti des poches du public pour engraisser les multinationales privées. L’expérience montre que les dépassements sont toujours de l’ordre de 200 à 300 %. Et les frais de la sécurité ? Qui les paient ? Et combien ça coûtera ?

- Oui mais il faut regarder les retombées aussi Victor.

- Mouais… Entre 5,3 et 10,7 milliards d’euros de recettes. Bonjour la précision ! En grande partie pour les secteurs du tourisme (de 27 % à 35 % des retombées) et de la construction (autour de 18 % des retombées). Selon une étude financée par… le comité d’organisation !

- N’oublie pas l’image Victor. Le formidable coup de projecteur sur l’excellence de la France. Pom pom pom….pom pom pom pom….pom om !

- Pourquoi pas. Sauf s’il y a un attentat… Enfin, les dépenses, on peut les quantifier, les retombées, beaucoup moins. D’autant que les États accueillant les JO sont tenus d’adopter une « loi olympique » qui prime sur le droit commun ! Cette loi d’exception « suspend, dans un espace donné et à un moment donné, la loi ordinaire. Adoptée par les parlements des États, elle a pour objectif de sécuriser l’événement olympique. Les États remettent finalement une partie de leurs pouvoirs régaliens à une institution extérieure », c’est-à-dire au CIO. Le marché est simple : si tu veux les jeux, tu acceptes les conditions du Comité International Olympique. Celui-ci a en effet des contrats avec des sponsors, des exclusivités avec des dispositions particulières et si le droit de l’État ne permet pas que le contrat s’applique, l’État devra modifier sa législation. Tout simplement. Sans oublier cette horreur économique qu’est l’exonération fiscale, probablement du même genre que celle ayant sévi lors de l’Euro 2 016 de football : aucun impôt sur les bénéfices, pas de cotisations sociales, et zéro taxe d’apprentissage. Tout bénef pour les sponsors et les organisateurs, toute la merde pour l’État organisateur…

- Bon, t’es ronchon aujourd’hui Victor, tu roumègues. Tè ! Bois un coup, c’est ma tournée olympique.

 

Illustration : merci au regretté Chimulus


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