Au Cameroun, des hommes violent leur femme

par Antoine Christian LABEL NGONGO
mercredi 28 février 2007

Les femmes qui refusent de satisfaire leurs maris, pourtant pris par une envie folle de remplir leur devoir conjugal, se trouvent très souvent prises de force. Cette attitude est de plus en plus controversée, car certaines femmes dénoncent leur époux. Ce comportement observé au Cameroun est certainement fréquent dans de nombreux pays. Il faut que le machisme s’estompe.

Le viol est en droit français un crime (passible de cour d’assises), ainsi que dans la plupart des pays occidentaux. Le viol est aujourd’hui désapprouvé dans la plupart des sociétés mais ce n’a pas été toujours le cas et il existe toujours des sociétés où il est toléré, voire non juridiquement défini. Le viol est un crime très fréquent et sa prévention comme sa répression connaissent des difficultés dans tous les pays.

Code pénal français dans son Article 222-23 : «  Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol. Le viol est puni de quinze ans de réclusion criminelle. »

Viols ou pas

En Occident, dans les pays tels que la France, l’Angleterre ou les USA, une femme qui porte plainte contre son mari peut obtenir gain cause si les accusations qu’elle porte contre sont mari sont avérées. Naturellement, le médecin est là pour confirmer ses dires. Au Cameroun, des femmes victimes de ce genre de “ viol ” en parlent. Emmanuelle, vingt-sept ans témoigne : “S’il faut parler de viol par son époux, je suis violée tous les dimanches que Dieu a créés ”. Cette mère de trois enfants s’explique : “ Mon époux travaille de lundi à samedi. Pendant toute cette période, nos relations sexuelles sont consentantes. Mais tous les dimanches lorsqu’il revient de la réunion tard la nuit, il est saoul et ne manque jamais de grimper sur mon dos, même si je suis malade”, dénonce-t-elle. Elle ajoute : “Au début, je m’y opposais farouchement mais il n’hésitait pas de me déchirer les sous-vêtements en me rappelant que c’est lui qui les achète. A force de l’injurier pour ce comportement, il a commencé à ne revenir les lundis qu’au petit matin. J’ai estimé qu’il est bon qu’il me viole plutôt que d’aller s’exposer chez les prostituées.”

Une jeune femme qu’on appellera Mathilde P, âgée de vingt-deux ans, a quitté son époux il y a quelques semaines. Cette jeune épouse fraîchement mariée s’en est allée de son foyer à cause de l’attitude indigne de son mari. Ce dernier, époux fidèle, la prenait contre sa volonté. Il justifiait son comportement indigne par le fait de remplir son devoir conjugal. Elle proteste et explique : “Quand je me suis mariée, il travaillait dans un débit de boisson et ne rentrait que tard la nuit. Tout ce qui lui restait à faire c’était de dormir. Il ne m’honorait pas. Lorsque je lui ai demandé de démissionner pour avoir des horaires raisonnables, il l’a fait et a trouvé un autre emploi dans la journée au marché. Je pensais avoir un homme disponible pour moi. En fait, en rentrant il voulait me prendre tout de suite. J’étais embêtée car il fallait que je le fasse n’importe où dans la maison. J’ai préféré partir de mon foyer. »

Actuellement de nombreuses femmes abandonnent leur foyer parce qu’elles ont été contraintes à entretenir des rapports sexuels contre leur gré avec leurs époux. Selon les résultats d’une enquête menée par la représentation camerounaise de l’Organisation des Nations unies pour la science, l’éducation et la culture en partenariat avec le ministère des Affaires sociales et de la condition féminine, plus de 97 % de femmes entretiennent des rapports sexuels avec leur époux, sans consentement. En France et dans les pays occidentaux, cela s’assimile à un viol pour les juristes. Le code est strict là-dessus. Les femmes sont en effet violentées quand ces actes se produisent. L’association camerounaise des femmes juristes (Acafej), affirme que 90 % des plaintes de femmes portent sur les bastonnades. Un des motifs évoqués pour justifier la correction, c’est le refus de céder à l’acte sexuel. Une autre femme appelée Maryvonne C témoigne : “ Il en a besoin le matin, le soir, parfois même à midi. Et très souvent, il me soustrait à mes occupations ménagères pour le satisfaire”, affirme cette commerçante au marché de Bonabéri à Douala.

Faut-il dénoncer son mari ou son compagnon pour cette attitude ?


Les femmes qui refusent de satisfaire leurs maris, pourtant pris par une envie folle de remplir leur devoir conjugal, se trouvent très souvent prises de force. Certains hommes questionnés avancent des arguments que les femmes leur donnent : « Je suis fatiguée. Faisons ça plutôt le matin. » « Va voir ta bordelle ta prostituée. Ne me dérange pas. » « Pourquoi n’as-tu pas acheté ma robe que je t’ai demandée... ”, vous imaginez d’autres répliques. Ces situations lassent certains hommes qui, impuissants, passent à l’acte. Certains se résignent et d’autres, non. Une femme qui use de ces subterfuges, dit : “ Mon sexe est un objet très précieux pour moi. Lorsque je veux dire quelque chose de sérieux à mon mari, je lui donne d’abord en gros. Puis je pose le problème. S’il ne résout pas au moment indiqué, je lui refuse la prochaine fois. Si je veux le menacer, je l’excite très bien et je refuse de me livrer. C’est à ce moment qu’il fait toutes les promesses et des révélations importantes. ”

Il faut dénoncer un individu qui se comporte comme une ordure. Naturellement qu’il faut dénoncer de tels comportements, même dans un pays ou le machisme est roi , il faudrait faire évoluer les mentalités. Si certaines épouses acceptent d’en parler à visage découvert, d’autres hésitent encore à dénoncer publiquement ces sauvageries que nous pourrions qualifier d’actes barbares. Les femmes s’en plaignent pourtant, même sous une forme voilée, auprès des associations de défense des droits de la femme. La présidente de l’Association de lutte contre les violences faites aux femmes explique : "Il y a des femmes qui se présentent et nous apprennent qu’elles veulent purement et simplement le divorce, sans en donner les raisons." Il faut deviner les raisons qui poussent ces mères de familles à divorcer.

Qu’entraînent de telles pratiques honteuses ?


Dans la majorité des cas, Elles occasionnent des dégâts et des conséquences néfastes pour l’épanouissement de la famille. Les enfants qui ont une maman concernée par de telles pratiques sexuelles quotidiennes vivent sous tension. Il est incontestable que de pareilles comportements échappent aux enfants. Ces actions barbares s’accompagnent souvent de querelles ouvertes suivies ou non de violences physiques. Comment pouvez-vous expliquer cela aux enfants ? Qu’allez-vous leur faire croire ? S’ils vivent de telles situations fréquemment, il est impossible de leur faire croire que le couple rencontre de petites difficultés. Les enfants sont traumatisés et peuvent devenir des loups en prenant partie, ou des agneaux inoffensifs. Quelle que soit la posture, ils sont des victimes expiatoires de l’attitude violente de leur géniteur. Les assistantes sociales doivent alors exceller dans leur métier.

Elles signalent comme conséquences certains troubles d’adaptation scolaire chez les enfants scolarisés. Cette mauvaise pratique dans les couples détruit les enfants. Les spécialistes du social soulignent : "Vous allez constater que les femmes victimes de ces viols conçoivent très souvent contre leur gré, simplement parce qu’au cours d’un viol l’inattendu est arrivé. Et comme l’enfant est un don de Dieu, selon la conception africaine, elle garde ce fœtus même si elle allaite encore le dernier enfant. Les hommes aiment bien se réfugier derrière le devoir conjugal pour imposer cela à leurs épouses. Pourtant, lorsque la femme est dans une situation de non-désir, elle ne devrait pas être forcée. Le devoir conjugal devrait être joyeux et conduire au plaisir conjugal."


Lire l'article complet, et les commentaires