Au lycée, j’ai refusé de chanter la Marseillaise

par AJ
lundi 13 juin 2011

Aujourd'hui, dans mon lycée, dans le cadre du cours d'histoire géographie, nous avons été amenés à écouter La Marseillaise. Nous pouvions, si nous le souhaitions, entonner les paroles. Je m'y suis refusé. Par la suite, notre professeure nous a proposé un débat autour du thème "faut-il maintenir la Marseillaise en tant qu'hymne national ?". A mon grand étonnement, je faisais parti d'un des seuls élèves à s'opposer au maintien de La Marseillaise. Le chant composé par Rouget de l'Isle bénéficiait d'un soutien unanime. Mon effarement témoignait en fait d'une certaine naïveté puisque les français plébiscitent la Marseillaise. En effet, d'après un sondage paru en 2008 dans Le Parisien, plus de la moitié des français considèrent La Marseillaise comme un élément fondamental de la république. 

Tout sauf un symbole 

Au cours de ce débat improvisé dans ma classe de 2nd, les "pro-Marseillaise" ont d'ailleurs usé à maintes reprises de l'argument du "symbole". D'après eux, l'hymne national est intouchable car au-delà des critiques que l'on peut formuler, ce chant relève du "symbole", il est devenu incontestable. A l'instar des sondés du Parisien, il y a donc l'idée que La Marseille symbolise notre nation française. 

Or, penchons-nous sur la définition du mot "symbole". Le symbole, c'est lareprésentation concrète d'une notion abstraite. Il est dès lors facile de démonter en bloc l'argument des "pro-Marseillaise". Un chant de guerre peut-il vraiment être la représentation concrète de la nation française ? Un hymne à la violence dans lequel le champ lexical du sang ("sanglant, sang impur, abreuve, sanguinaires, déchirent le sein") et de la guerre ("aux armes,bataillons,mercenaires,guerriers") sont omniprésents est-il une représentation réaliste et objective de ce qu'est aujourd'hui la nation française au XXIème siècle ? Certainement pas ! Affirmer que la Marseillaise est un "symbole" est donc la preuve d'un grave archaïsme ou de lacunes rédhibitoires en matières de vocabulaire. 

Un hommage au passé...

Autre argument utilisé pour défendre "La Marseillaise", la volonté de "rendre hommage, de respecter", les Révolutionnaires. Le devoir de mémoire vis à vis de notre Histoire est un point névralgique de l'argumentation pro-Marseillaise. Il est néanmoins contestable de glorifier à outrance la période révolutionnaire quand on connaît les revers de la médaille et les points noirs qu'elle peut évoquer.

En outre, est-ce que nous ne rendons pas hommage, nous ne respectons pas des personnages tels que les Justes au seul motif que notre hymne national ne fait aucune référence à leur propos ? C'est absurde ! La Révolution Française peut être reconnue à sa juste valeur sans qu'on aille jusqu'à lui consacrer notre hymne national.

De plus, le fait d'élever "La Marseillaise" sur le piédestal de l'hymne national, c'est conférer un caractère d'intemporalité à un chant qui n'en a pas, puisqu il est intraséquement lié au contexte de sa composition. Etudier La Marseillaise à l'école et en écouter les paroles soit, mais à condition que ce chant ne soit pas considéré comme hymne national, mais re-contextualisé dans la période révolutionnaire. Car au-delà, La Marseillaise n'a plus aucun sens. D'où l'absurdité d'en faire notre hymne national. 

...au mépris de l'Europe

Enfin, certains de mes camarades arguaient que les paroles n'avaient aucune valeur, qu'il fallait retenir l'idée de l'hymne national et qu'au fond, nul ne prêtait attention au sens. C'est tout le problème ! En chantant à tue tête avant chaque match de football des paroles auxquelles on ne prête pas attention, on n'oublie les origines mêmes de la création de La Marseillaise. On oublie qu'il s'agit d'un chant visant à galvaniser les troupes de l'Armée du Rhin parties combattre les armées prusiennes et autrichiennes. On oublie que c'est un chant de guerre composé pour encourager à combattre nos frères européens qui a été élevé par une insupportable supercherie au rang d'hymne national. 

Or, ne sommes nous pas à l'heure du XXIème siècle, de l'irréversible communion du peuple européen face aux absurdes et tyraniques frontières érigées pour masquer l'unicité d'un continent que les aspirations fédéralistes oeuvrent à faire chuter dans un heureux élan pacifique ? Du fait de ses racines et du contexte de son écriture, la Marseillaise est incompatible avec la présence de la France dans l'Union Européenne. Il serait enfin temps de faire rimer notre hymne avec le siècle et l'époque dans lesquels nous vivons. Et la Marseillaise n'a pas sa place. 


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