Aujourd’hui, je sais que le diable existe et qu’il a un visage, le vôtre !

par Kader Hamiche
mercredi 17 août 2016

Lettre ouverte à Tarik Ramadan - Suite à votre message sur facebook : "France, on touche le fond..."

Monsieur Tarik Ramadan, je suis né dans une famille musulmane pauvre, très pauvre, au regard des standards occidentaux, aussi pauvre que pouvait l’être une famille de caïds, de bachagas et d’amins en Kabylie française. Mais nous étions riches d’une vertu dont je crois que vous êtes absolument dépourvu : le « nif », la vergogne, la vergüenza, en espagnol, la grandeur d’âme, une vertu universellement répandue chez les pauvres, qui a souvent fait dire aux gens qui connaissent ma famille que nous étions « de la race des seigneurs ».

Suite à la guerre d’Algérie que mon clan a faite dans le camp dont on dit communément qu’il est le « mauvais camp », celui de l’Algérie française, et dont l’Histoire reconnaîtra que ce fut celui du bien, et après avoir échappé aux massacres de Harkis, ma famille a débarqué le 11 février 1963 à Dreux, en Eure-et-Loir, sans aide, sans soutien, sans guide, avec, en guise de vêtements pour ma fratrie et moi-même, la peau sur les os et une simple chemise. Cette guerre et cet exode, mon père (92 ans) les considère comme une bénédiction car ils nous ont permis, malgré les vicissitudes de notre parcours, de sortir de l’obscurantisme et de la superstition savamment entretenue par – déjà ! – des « gens de la religion » incultes, cupides et sans scrupules.

Grâce à l’école française, j’ai reçu une éducation occidentale qui m’a appris qu’aucun peuple n’est condamné à l’obscurantisme et à la superstition. Je n’en ai pas pour autant jugé et renié ma « culture » d’origine car je n’en ai jamais reçu d’autre enseignement que celui de la vertu et de l’amour du bien. Cette éducation occidentale plaquée sur un enfant des tribus m’a surtout appris à comprendre l’Orient un peu mieux que les Occidentaux et l’Occident un peu mieux que les Orientaux ne le comprennent.

Vous, Monsieur Tarik Ramadan, qui avez bénéficié du même enseignement mais dans des conditions infiniment plus confortables, loin d’en sortir enrichi de sentiments de concorde universelle, vous en avez développé jusqu’à l’enflure un complexe de supériorité de la civilisation - fantasmée - de vos origines musulmanes sur celle qui vous a tout donné. Pire, comme un chien mord la main qui le nourrit, vous avez conçu une haine inexpiable pour ceux qui ont sauvé votre famille des persécutions dans votre propre pays.

Et vous voici plus haineux que jamais au point que, non seulement, vous n’avez pas un mot de compassion pour les victimes des tueries perpétrées au nom de l’idéologie DONT VOUS ETES LE VEHICULE LE PLUS EFFICACE mais vous exploitez ouvertement la juste et légitime réprobation des Français en la retournant au profit de votre sinistre entreprise. Et vous y réussissez d’autant mieux que vous manipulez sans mal vos auditeurs ignorants par votre tchatche et votre soi-disant érudition. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois !

Il n’en était pas de même face à Abdelwahab Meddeb, musulman comme vous, théologien sans doute plus que vous, et autrement mieux armé pour combattre votre démagogie et, surtout, mettre à bas votre bien tortueuse rhétorique. Evidemment, c’est un autre calibre que Caroline Fourest ou d’autres contradicteurs paralysées par la peur que leur argumentation soit taxée d’ « islamophobe ». Un instrument que vous utilisez souvent, d’ailleurs, comme les contradicteurs du sionisme, qui craignent comme la peste l’accusation d’antisémitisme. D’ailleurs, quel que soit l’interlocuteur, vous vous en sortez toujours avec cet argument imparable que, pour critiquer l’islam, il faut non seulement le connaître mais EN être. Et quand l’interlocuteur EST musulman, vous essayez de vous en sortir avec l’argument qu’il faut, pour le contredire, l’être d’une certaine façon. Vous avez même essayé ça avec Abdelwahhab Meddeb mais vous vous êtes vautré lamentablement dans vos contradictions.

Total, vous avez changé de stratégie : aujourd’hui, vous jouez au bon citoyen qui parle de la France comme de son pays alors que vous n’êtes PAS français : un type qui est à la fois égyptien, britannique et suisse, et qui voudrait en plus devenir français n’est RIEN. C’est juste un cosmopolite, un sans-patrie, comme les gens de Goldman Sachs. Vous, vous êtes un islamiste et vous avez une patrie : l’islam conquérant et dominateur qui rêve de transformer tous les autres peuples en dhimmis. Evidemment, personne n’est dupe : vous voulez devenir français – légalement, on ne peut pas vous le refuser, et c’est cela le plus scandaleux, parce que votre femme et vos enfants le sont – pour peser sur les élections de l’an prochain. Avec 4,45 millions d’électeurs potentiels, les musulmans de France, qui font déjà la loi dans de très nombreuses villes, peuvent représenter jusqu’à 12,5% des électeurs de la prochaine présidentielle.

Sachant cela, vous auriez pu vous dire qu’il eût été de bonne politique que de se fendre à chaque attentat d’un petit message de compassion pour les victimes et leurs familles, vos futurs concitoyens. On ne vous demandait même pas de la sincérité, c’eût été bien au-dessus de vous. On vous eût même pardonné de saisir l’occasion pour placer quelques attaques contre le pouvoir. Non ! Rien n’est venu. C’était faire trop de concessions à votre haine. Au lieu de quoi, vous n’avez pas résisté à la tentation d’exploiter ces drames pour vous poser en défenseur des musulmans préjugés persécutés.

Tarik Ramadan, vous ne défendez pas l’islam, ce qui n’est pas bien grave, au fond ; le vrai islam n’a pas besoin de vous pour être défendu ; il y a en France bien des intellectuels musulmans, dont votre antithèse, Abdelwahhab Meddeb malheureusement disparu, pour le défendre. Mais, surtout, vous ne défendez pas les musulmans de France ; au contraire, vous leur faites porter une partie de l’antipathie que vous inspirez aux Français. Certes, certains de vos adeptes – car vous n’êtes rien de plus que le gourou d’une secte qui prospère sur l’ignorance et la naïveté des petites gens – sont aussi haineux que vous. Mais la très grande majorité ont fini par croire qu’ils étaient vraiment persécutés par ce très grand pays, la France, qui leur a donné le pain, le gîte, pour certains, l’asile et la sécurité, et, pour d’autres, la prospérité, même.

Monsieur Tarik Ramadan, "musulman" signifie "créature de Dieu" ; cela signifie que tout homme EST créature de Dieu, quelle que soit sa religion, quelles que soient ses croyances, quelles que soient ses moeurs, us et coutumes. Autrement dit, tous les Hommes sont frères. Or, personne ne se réjouit du malheur d'un frère. sauf vous. Je ne peux donc croire que vous soyez une créature de Dieu.

Je crois en revanche que vous êtes une créature du diable. Avant de vous connaître, je ne croyais pas au diable. Puis je vous ai vu à la télé, écouté attentivement et j’ai disséqué vos conférences vidéo. Aujourd'hui, je sais que le diable existe et qu'il a un visage, le vôtre.


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