AVANT/APRÈS

par alinea
lundi 8 mai 2017

Avant

 

Ce fut long, long ; bien sûr de l’enthousiasme, bien sûr de la passion, mais plutôt par chez nous, les Insoumis. On s’est laissé dire que l’enthousiasme Macron était une entourloupe mercantile, bon, peut-être quelques-uns.

Côté Fillon, ils sont gagnants ; pas trop mal placés et au second tour chacun trouvera sa chacune, d’un côté comme de l’autre ils ne perdront pas grand-chose.

Côté Hamon, la honte, enfin je leur souhaite car tout ça pour voter Macron, bonjour les frondeurs.

Côté EELV, voire côté Hamon.

Il faut noter à cet instant que d’écologie il ne sera pas question.

Côté FI, tristesse ; ne nous reste plus qu’à nous ressourcer, reprendre le taureau par les cornes, et, surtout ne pas s’évaporer. On verra Après, mais il est probable que même un groupe au Parlement ne changera pas la face du monde.

Côté petits partis, pas de changement pour eux puisque ce qui se passe faisait partie de leur plan. Il savaient très bien que leur petit message passerait le temps autorisé. Peut-être quelques graines auront-elles été semées.

Côté FN ; on est en droit de se poser la question. Je n’ai pas idée s’ils ont conscience de leur incompétence, leur vague sur la grève mais pas à l’âme les a hissés.

L’esprit FN gagne du terrain et ce que je disais dans mon article il y a quelques années : Pas la peine de voter FN, est plus que jamais d’actualité.

Mélenchon n’a pas jugé bon d’expliquer que Macron n’avait pas besoin de nos voix pour gagner ; il a sûrement ses raisons que mon irraison ignore mais comme ça ne change de toutes façons rien, j’ai assez de causes de peine pour m’y attarder.

La peine, c’est toute une vie d’erreurs, une vie où j’ai cru puis voulu croire que l’humain que nous sommes se rendrait compte très vite de son erreur à occulter son animalité. Cette animalité que j’ai cultivée depuis toujours et qui fait dire de moi que je suis trop humaine ! Empathie, sympathie, compréhension, compassion, commisération qui rendent les gens incrédules étonnés ; il est normal d’être froid égoïste, indifférent et ne s’attacher qu’à ce qui passe qui pourrait nous servir. Il est normal de passer en premier, il est malsain d’être heureux de donner et de prendre sur soi quelques corvées pour que les autres se régalent.

J’ai trouvé dans le programme de la FI et dans l’élan de l’homme Mélenchon assez d’intérêt pour la vie sous toutes ses formes, pour l’harmonie qui n’a pas trente six chemins pour l’atteindre et qui même si elle les avait, serait trouvée par ceux qui la cherchent. Peu la cherchent, beaucoup se contentent du moije libre de faire ce qui lui plaît ; que ce moije soit singulier, ou pluriel, qu’il soit individu ou nation. Peu ont tenu compte de cette nécessaire harmonie autour de nous pour que chaque vie soit pleine.

La politique ne m’intéresse que dans cette mesure mais aujourd’hui tout le monde a acquis l’idée que l’humain est mort, que le monde est mort, qu’il n’en reste qu’un artifice fabriqué sur son imitation, sans les mauvaises herbes du jardin, ni les insectes qui le pollinisent, sans le mouillé de la pluie ni le sec du vent du nord, sans la canicule d’été ni les frimas d’hiver, sans la fatigue du corps au labeur qu’il faut pourtant fatiguer en courant pour rien le week end. Personne ne s’étonne que le rythme des saisons lui soit accessoire, ou gênant, pas plus que les maladies qu’on se crée, comme une plante poussée hors sol.

La politique politicienne pourrait être réduite à sa plus simple expression : le président ( de la cinquième ou de la sixième république) serait élu au premier tour ; il y aurait cent députés, un pour un pour cent de voix quelle que soit la tendance. Le candidat de cette tendance tiendrait lieu de chef de son groupe, les autres seraient des vacataires réunis chaque fois qu’il faut voter une loi et les lois proposées le seraient par des commissions au bon gré de chaque groupe. Ainsi il pourrait y en avoir qui « redescendent » par le biais des élus locaux jusqu’aux électeurs, ou d’autres qui se conteraient de leur groupe ou d’autres encore qui agiraient seul.

Aujourd’hui, cette proportionnelle intégrale n’empêcherait aucunement de bien gouverner, il n’est qu’à voir les domaines qui lient les uns avec d’autres, et pas les mêmes selon les domaines.

On s’éviterait des campagnes à n’en plus finir ; le président serait élu pour sept ans et aucun mandat ne serait renouvelable. Ainsi on se dispenserait de la personnalisation et on économiserait cette énergie insensée perdue à des conneries.

On n’en est pas là ; dans le doute abstiens-toi, c’est le minimum. Mais ceux qui votent sont sûrs, d’ailleurs la plupart des gens est sûre de tout tout le temps.

J’ai essayé d’expliquer à mes proches qui ont voté utile Mélenchon, que Marine n’allait pas faire de mal à leurs arabes mais qu’en revanche ses adeptes risquaient bien d’en faire si elle perdait. Si près du but, déjà violents avant de l’atteindre mais encore dans l’espoir, ils risquaient bien, sous couvert de s’exprimer contre le libéralisme incarné par Macron, de se défouler sur le bougnoule, le pédé et autres noms d’usage chez eux. Qu’elle ne risquait pas de prendre la moindre loi liberticide discriminatoire, l’UE dans ce cas étant une protection, si toutefois elle était tentée de satisfaire la demande de ses très proches soutiens. En revanche, Macron qui n’est pas raciste, s’attaquera à tout le monde sans distinction, soutenu, lui, par l’UE et l’oligarchie mondiale. Je n’aimerais pas avoir la conscience noircie d’avoir eu cette certitude-là. Je ne sais pas s’ils ont bien réalisé que ces réfugiés qu’ils choient, sont les victimes des guerres de ces gens-là. Mais je ne voudrais pas non plus la noircir en votant pour une incompétente girouette qui, quand elle défend quelque chose de crédible, ce sont des idées que je ne défends pas.

 

Après.

20 heures, suspens haletant...

Les urnes ont parlé.

Sur le papier, il était le meilleur, l’entourloupe du nouveau venu bien enveloppée faisait oublier sa participation au gouvernement honni. Mais c’est une chose d’être bon élève, de savoir avec éclat naviguer dans les milieux rêvés, y être valorisé et y savoir répondre. Une autre chose est de se friter au peuple, de le convaincre que ce sera bon pour lui d’être déplumé encore plus, mis à poil. Autre chose est de parler à une foule même si tout avait été mis en œuvre pour lui assurer la claque indispensable à sa fougue et à sa confiance en soi.

Le peuple a vu et tous ceux qui ne croyaient pas au retour du nazisme ont tranché.

L’irrationnel nous guide toujours, et c’est normal puisque nos choix, graves, se font toujours dans l’inconscient qui nous dicte, comme une voix intérieure, notre conduite.

Les électeurs qui ont fait la différence ont pensé que c’était tactique ; donner un bon coup de pied dans la fourmilière de l’oligarchie, montrer qu’on existe indépendamment de leurs savants calculs. Nous verrons s’ils ont eu raison .

 

Était-il nécessaire d’en faire autant, chers amis, chers concitoyens ; je sais bien que nous savons depuis toujours que les classes supérieures sont les plus soumises, et dociles, à la propagande, car cette propagande va dans leur sens, ne les heurtent en rien ; mais quand même, l’intelligence est aussi éveil et vigilance ! Je n’aimerais pas être à votre place, vous qui avez encore des enfants à caser, ou des petits-enfants ; je n’aimerais pas être à votre place, quand nous verrons passer les camions qui iront vider les déchets dus à l’extraction du gaz de schistes ; vous qui avez manifesté contre TAFTA, je n’aimerais pas être à votre place, après avoir voté pour celui, ceux, qui le signeront.

Bref, par peur du loup de la fable vous vous jetez, et nous jetez, dans celle bien plus dangereuse des néocons. Dents acérées, cœur d’acier, ils ont, à la passation de pouvoir, jeté leurs gants de velours. C’est vrai qu’il est moins commode de travailler avec des gants.

 

Vous les nantis les cultivés les instruits, vous êtes bien méchants avec tous ceux qui vous ont payé vos études, et pas très gentils avec les rejetons que vous abandonnez sur le marché. Le Marché, bien sûr, majuscule pour le nouveau, définitif et unique patron.

Le mensonge ça fatigue, et il n’est plus guère utile ; Macron était un test, test réussi. Trump lui, a beaucoup menti ; il a beaucoup flatté des gens dont il ne sait rien, Macron non plus ne sait rien de ces gens-là, chez nous, mais il s’est contenté de flou et de dire : le programme, on s’en fout ! Voilà qui a plu, de toutes façons, quand il y a programme, il n’est pas suivi, alors.

Quelle rage quel désespoir quand l’un ou l’autre m’aurait navrée. Quel agacement me titille ?

L’obéissance, la répétition à l’infini des mêmes scènes, dont on s’efforce il est vrai d’en trouver des nuances avec les précédentes, la routine, l’ennui...et ce qui suivra, que tout le monde connaissait ; interdit alors d’aller râler dans les rues hein ? De jouer les offusqués, les surpris.

En 1981, on avait fait la fête ; en 2012, au village, on avait bu une coupe entre copains, mais on n’était pas gais. Aujourd’hui, je n’ai entendu parler de rien.

49/51 avec 45 pour cent d’abstention, ça aurait eu plus de gueule, non ? Mais vous aviez si peur.

Que va-t-on bien pouvoir faire à l’avenir avec tous ces peureux ?


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