Avec la crise, le nouveau comportement de certains DRH…
par Valerianne
mercredi 1er février 2012


J’ai longtemps voulu travailler dans les « Ressources Humaines », domaine où je me disais que ça devait être passionnant d’accompagner des personnes, chacune avec sa singularité, en réfléchissant tout à la fois à leurs compétences, leurs savoir-faire, leur savoir-être, leurs désidérata, leurs intérêts donc et l’intérêt de l’entreprise. Concilier l’humain et les résultats. Ca me paraissait réalisable et réaliste.
Je l’ai fait, dans le secteur privé tout d’abord, en cabinet conseil, puis assez rapidement dans le Tiers secteur, où je pouvais mettre en pratique mon intérêt pour des valeurs autres que le seul profit. Ce fut plusieurs années, très positives, dans l’humanitaire, au service de plusieurs ONG, puis dans l’économie sociale et solidaire, où j’ai découvert, avec un intérêt non démenti, les métiers de l’insertion.
Des années passionnantes, même si, aussi, il y eut quelques déceptions. Liés notamment au piège de la condescendance qui, parfois, vérole les relations dans le secteur associatif. La tentation qu’on peut avoir aussi, quand on accompagne des personnes sans emploi, de savoir mieux que l’autre ce qui est bon pour lui (ce qui est la dernière chose à faire…).
Mais bon, j’ai toujours fait en sorte de me méfier de moi-même. L’autocritique et la remise en question étant, je crois, plus que nécessaires dans ce type de métier. Qu’il est important aussi de savoir quitter, à mon avis, quand on devient « blasé ».
Depuis quelques mois, après avoir quitté un CDI confortable mais qui ne me convenait plus, je cherche un nouveau poste salarié dans l’insertion, tout en continuant à mener des missions de travail parallèles.
Et je vis, pour la première fois de ma vie (j’en ai été préservée fort heureusement avant !) des désillusions sur le comportement déplacé de certains recruteurs. Qui semblent avoir totalement oublié le terme « humain » dans leur gestion RH.
Une simple anecdote, vécue récemment, au sein d’une entreprise de l’économie sociale et solidaire.
Un dossier de candidature complet envoyé suite à une annonce. Une réponse type envoyée par le recruteur deux jours plus tard, m’informant que les candidatures seraient étudiées très rapidement, et que nous (les postulants) serions informés au plus vite. Jusque-là, rien à dire. Bien au contraire, parfait, je me dis que la procédure semble être bien gérée, et j’envoie même un court mail de remerciement pour la rapidité de l’accusé de réception. Un mois après pourtant, toujours pas de réponse. J’envoie un premier mail, cordial, pour savoir où en est le recrutement. Pas de réponse. Une semaine plus tard, j’en envoie un autre, toujours cordial. Toujours pas de réponse. Et je constate qu’une nouvelle annonce est repassée dans la presse. J’attends à nouveau quelques jours, avant d’envoyer, cette fois ci, un mail ironique, envoyée également à l’adresse personnelle du Responsable RH (merci Google !), en mettant aussi en copie son responsable hiérarchique, et où je m’interroge, après un mois et demi de silence, sur l’authenticité de la valeur de « respect » prônée pourtant dans ce secteur (structure associative travaillant dans le domaine de l’insertion), et en lui demandant également ce que les responsables d’insertion de sa structure répondent aux chômeurs vivant le même type d’indélicatesse de la part d’un recruteur… Deux jours plus tard, appel irascible du DRH me disant que l’agressivité de mes mails risque de me nuire fortement dans ma recherche d’emploi… (est-ce une menace ?). Pour contrebalancer cette entrée en matière, une petite, toute petite, remise en question et/ou tentative d’explication pour expliquer ce… long silence ? Que nenni. Non, bien plus pervers, c’est moi qui suis mise en accusation. Heureusement, je ne tombe pas dans le panneau (ayant heureusement la chance de repérer les comportements malsains très rapidement !). Mais je me dis qu’une autre personne aurait pu être encore plus « cassée » suite à cet appel.
Malheureusement, ce type de comportement n’est pas isolé. Dixit ce que me racontent certains amis.
Evidemment, il choque d’autant plus quand il émane d’un Responsable RH et d’une structure faisant partie de l’économie sociale et solidaire. Car on pourrait se dire que, bien au contraire, dans ce secteur d’activité, les valeurs de « respect » et de « courtoisie » sont vraiment prises en compte. Dans le secteur privé, dans les grandes entreprises, malheureusement, ce sont des anecdotes dont on entend parler depuis longtemps. Mais dans une petite structure associative, s’occupant qui plus est de réinsérer des chômeurs, ça laisse pantois. En tout cas, ça ME laisse pantoise. Et ça m’interroge évidemment sur les compétences de cette structure à accompagner des personnes sans emploi.
Sur un sujet proche, je compte aussi acheter le livre de Jean-Claude Lasante, le précurseur de la « chasse de têtes » en France, qui parle de la (mauvaise) pratique actuelle de nombreux cabinets de recrutement - car un lien m’a donné envie de le lire : http://www.lexpress.fr/culture/livre/chasseur-de-tetes-non-rabatteur_820325.html - (lien où il explique l’évolution de ce métier, dévoyé selon lui aujourd’hui = « les chasseurs devenus des rabatteurs »).
Et j’adhère complètement à ce qu’il dit : « dans tous les cas, n’oubliez jamais que le chasseur a besoin de vous. »
Voilà, c’est le message que je voudrais aussi faire passer à travers cet article, destiné à mes « camarades » d’infortune (chômeurs ou en activité précaire). N’oubliez jamais que les recruteurs ont aussi besoin de vous. Et ne laissez jamais l’un d’entre eux vous rabaisser ou vous manquer de respect. Tout simplement parce que lui se sent en position de force (de « pouvoir ») et qu’il vous place en position inférieure.
Et n’oubliez pas non plus que, fort heureusement, la roue tourne toujours. Dans un sens comme dans un autre. Enfin, là c’est peut-être mon côté « incorrigible optimiste » qui s’exprime ! ;-)