Aviation (1) : un petit dernier à partir d’un vieux pot

par morice
mardi 2 février 2010

Dans cette nouvelle série je vais tenter de faire le point sur l’aviation militaire actuelle, en essayant de passer en revue tous les domaines. Cette aviation occupe une place importante dans les dépenses des budgets des pays actuels, aussi est il important d’en faire l’analyse. Mais avant tout, honneur au petit dernier, juste décollé ce week-end. Ca y est, il est enfin né le divin enfant ! Alléluia ! C’est vrai ça, ce n’est pas tous les jours que ça arrive, un nouvel avion ! Une fois tous les vingt ans environ ! Arrivé dans une crèche russe, en prime, ça vous donne une idée de l’importance de l’événement, survenu le 29 janvier dernier (hier, quoi !). C’est le « chasseur de cinquième génération » tant attendu pour répondre au F-22 Raptor US. La nouvelle est passée totalement inaperçue ici en France et c’est assez étonnant. D’autant plus que l’on savait depuis plusieurs mois que sa construction, qui allait bon train, (et qui a été fort rapide !) était sur le point de se terminer. Enquête sur un nouvel oiseau qui, sans vouloir changer le monde, redonne tout de suite quelques cheveux blancs aux faucons du Pentagone, empêtrés dans deux catastrophes volantes qui s’appellent F-22 et F-35. 

En aviation, on le sait, la vie n’est pas un long fleuve tranquille, et de de récents déboires retentissants, tels que ceux du Boeing 787 et de l’Airbus A400 M démontrent qu’il reste une part énorme d’incertitude ou de malchance dans la réalisation de programmes aussi coûteux et aussi ambitieux. Non, faire un avion n’est pas si simple, alors autant regarder ce qu’en pensent les russes, auteurs d’un T-50 qui inquiète déjà beaucoup certains, à peine son tout premier vol effectué. On l’a déjà surnommé le "Raptorsky", c’est dire ! Faire un avion, civil ou de combat, ça prend plus de 10 ans, 15 en moyenne entre les premiers traits de crayon et le premier vol, et on espère qu’il tiendra 30 ans au moins : en tout cela fait 50 ans ! Ce qui explique ce paradoxe fondamental que lorsqu’un avion sort, il est déjà démodé. Allez donc avec ça vendre un Rafale qui vole depuis... plus de 24 ans maintenant ! Mais voyons plutôt si notre nouvel oiseau venu du froid l’est, démodé, ou s’il peut espérer passer pour un engin véritablement moderne et innovant. Mais pour ce bel oiseau là, assez particulier, vous allez le voir, on va retomber sur une incroyable histoire datant de 16 ans déjà...
 
A voir le nouvel engin, ce qui frappe énormément, d’emblée, c’est qu’il ressemble assez à un autre, américain bien entendu, l’YF-23, un engin d’il y a 20 ans, qui n’a pas connu la gloire et qui a été remisé au musée à peine ses essais terminés. L’un des deux exemplaires, le "GrayGhost", est resté longtemps à l’abandon dehors avant d’être retapé pour entrer au musée (les photos datent de 1996). Or, cet engin est une énigme à lui tout seul, et si les russes l’ont choisi comme modèle à copier, c’est que leurs services secrets du pays savent quelque chose à son égard, n’en doutons pas une seconde ! Pourquoi donc en effet avoir choisi ce modèle là et non avoir plutôt copié le F-22, qui l’avait évincé lors de la compétition pour l’avion du futur ? C’est en réalité là tout l’art de l’analyse russe, qui a très bien étudié les deux cas, et a surtout tenté ne pas faire les mêmes erreurs que les américains ont fait avec cet avion si décrié. Retour sur un choix assez étonnant.
 
 
Revenons si vous le voulez bien quelque 20 ans en arrière. A cette époque, le Pentagone, fidèle à sa pratique de mettre en concurrence deux projets, a sélectionné deux appareils en compétition finale pour être le chasseur du futur, ou ATF (Advanced Tactical Fighter). Un fabriqué par Lockheed, le F-22, l’autre par Northrop, associé à McDonnell, le YF-23. L’un des deux prototypes de F-23 peint en noir hérite du surnom de Black Widow II (du nom d’un chasseur lourd bimoteur monstrueux des années 40). Très vite, les observateurs remarquent que l’YF-23 surclasse le modèle de Lockheed dans tous les domaines, ou presque. L’engin est plus rapide (de 0,08 Mach, officiellement, du moins en réalité davantage), et son design plus furtif, avec un cockpit qui ne se prolonge pas bien loin dans le fuselage, comme le fait le Sukhoi-27 russe d’ailleurs (surnommé la cigogne !). Ce sont les russes qui ont imaginé le concept (avec le Mig-29), et depuis il fait flores. L’YF-23 était démuni de tuyères vectorielles, alors que l’YF-22 (en 2D seulement) en avait, sans que le Pentagone n’en ait demandé au départ comme obligation.
 
L’un était donc accès sur la manœuvrabilité, en combat tournoyant, l’autre allait plus vite et était plus "invisible". Les responsables choisirent le premier, alors que tous les conflits récents venaient de démontrer que l’image du combat de ce type était complètement dépassé. A l’ère des missiles performants, lancés d’avions ou tenus à l’épaule par un simple combattant au sol, ce n’était plus de mise en effet. Allez donc comprendre pourquoi ce fut le moins bon qui a été choisi ! Et bien c’est là que repose le mystère de l’YF-23 ! Aurait-on eu droit à une fausse compétition ? Sans nul doute, peut-on affirmer 20 ans après !
 

L’YF-22 était supérieur et plus furtif car il avait tout simplement été mieux dessiné : toutes ses surfaces non porteuses (fuselage, queue) étaient orientées dans le même sens, ce qui renvoyait davantage les ondes radar. Le dessin général était plus soigné, grâce à un logiciel français, Catia de chez Dassault Systèmes pour ne pas le nommer, qui avait permis de créer des courbes plus douces : en prime, les entrées d’air cachées sous les ailes augmentaient encore la furtivité. Une furtivité augmentée encore par l’usage généralisée de formes en diamant pour tous les panneaux pouvant sortir de l’engin(le F-22 aussi !) : trappes de missiles ou de bombes ou trappes de train, notamment (un procédé inauguré avec le F-117). L’YF-23, avec ses courbes douces, appliquait fidèlement les techniques évoluées du B-2 de la même firme.

A l’arrière, une nouveauté : il utilisait deux "ruddervators", à savoir deux panneaux servant à la fois de queue papillon et à la fois d’aileron arrière : ce design fort particulier lui faisait énormément gagner en furtivité, mais nécessitait un contrôle plus précis par ordinateur, ce qui n’était déjà plus un problème, déjà : les deux avions étaient naturellement instables, comme le sont tous les appareils modernes, mais les ordinateurs sont là pour y pallier. Plus grand, avec une aile plus étendue, l’YF-23 emportait aussi plus d’essence et avait donc un meilleur rayon d’action. Bref, c’était le gagnant annoncé, de plusieurs longueurs. En avril 1991, on annonce pourtant que c’est son concurrent qui emporte le marché. Des deux, c’était bien et de loin l’YF-23 le meilleur . Or ce n’est pas lui qui a gagné la compétition, mais l’autre. Pourquoi donc ? Pour deux raisons, dont une fort surprenante. Le F-22, même retouché en Raptor avec ses entrées d’air repoussées vers l’arrière et ses ailes biseautées est un peu le VHS de l’aviation : moins performant que le Bétamax, mais moins cher à fabriquer. Si j’osais, je dirais même que qualitativement l’YF-23 était un Macintosh et le F-22 un PC sous DOS. J’ose, pourquoi pas.

La première et la plus évidente, est que le looby industriel avait fait pression pour que ce soit Loockheed, alors en difficulté, qui devait être choisi. C’est un fait indéniable, on ne compte plus les lettres de sénateurs au gouvernement allant dans ce sens. Obama en a eu sa dose récemment. Mais il n’y avait pas que ça (et l’effet attendu ne s’est pas produit : on en espérait 750 en 1990, 480 en 2000 et finalement il n’y en aura que 187 !). L’YF-23 avait autre chose, restée bien mystérieuse à vrai dire : pour certains, ce n’était autre qu’un des dérivés d’un autre appareil venu de la DARPA, à savoir un engin venu des profondeurs des fonds secrets et des "black projects", les avions que l’on n’a jamais vus, ou que l’on découvre 15 ans après leur premier vol, quand l’administration du Pentagone juge que de les révéler ne présente plus de danger pour la sécurité du pays. Pour ça, la DARPA dispose d’un budget phénoménal. (pas entièrement pour l’aviation  !) Et là, l’YF-23 et l’engin dont il est issu se retrouve mêlé à une drôle d’histoire, qui s’est tenue en Angleterre et non aux Etats-Unis il y a plus de 15 années maintenant. Une histoire fort étonnante...

L’histoire se passe le à Boscombe Down en Angleterre, le 14 septembre 1994. La base est une des bases de la RAF et de l’Air Force américaine du pays, où se posent chaque jour des norias d’appareils. Et qui a connu la gloire avec ses fameux Lightnings. ou son célèbre Vulcan XH588, qui vient juste de redécoller cette année grâce à l’acharnement d’un groupe de fanatiques. Boscombe Down une des bases américaines de la "Defense Evaluation and Research Agency (DERA)", devenue depuis QinetiQ (de chez Kinetic, donc) à savoir entièrement privatisée aux mains d’une société dont les liens avec la CIA sont très étroits. La base est aussi une "Air Force Flight Test Center’", à savoir qu’elle organise des essais au même titre que la célèbre base d’Edwards AFB.Ce jour là, sur la piste 23, un mystérieux appareil va rater son décollage, et plier sa jambe de train avant, obligeant les deux occupants à un atterrissage avorté d’urgence. La base, ce soir là est alors très vite en complète effervescence. Très vite on accourt de partout, et on dispose au plus vite aussi sur le milieu de l’appareil une bâche. Seules demeuraient visibles les deux queues, vues comme fortement inclinées... non pas façon YF-23, mais dans l’autre sens selon certains, façon F-19, le fameux projet jamais sorti (autrement qu’en maquette !). Un observateur distingue aussi une couleur grise, et non pas noire, un long cockpit qui s’ouvre vers le devant et non vers l’arrière, et un nez comportant de longues arêtes courant jusque l’aile comme sur le SR-71, et comme le nez de l’YF23 qui présente aussi ce dessin surprenant. Un dessin de la revue Air Forces Monthly évoque l’incident, je le joins à cet article, ayant à l’époque, en 1997 acheté l’exemplaire (1). L’article est une véritable bombe journalistique, intitulé "The True is Out"  : on est en plein X-Files télévisuel (qui a débuté un an auparavant, le 10 septembre 1993 !). Dans l’exemplaire du mois suivant, avec le courrier des lecteurs, on a droit à un schéma (2) et une meilleure représentation artistique de l’appareil (3).

Etait-ce le prototype remisé qui avait été aperçu ? L’YF-23, un avion dont on avait masqué les réelles capacités, selon le magazine "Air Forces Monthly" : il dépassait nettement Mach 2 en vol "économique" (sans l’usage de post combustion) mais on l’avait "bridé" officiellement pour des raisons politiques. Le F-22 est donné pour 2400 km/h, l’YF-23 dépassait cela paraît-il. On pense qu’il était capable de Mach 2,8 (on est à 3500 km/h déjà !). Or l’engin n’est pas encore au musée (il y rentre en 1996) mais ces essais sont terminés pour les militaires, la NASA reçu les deux exemplaires démunis de leurs réacteurs, et n’en fera rien... Etait-ce lui le visiteur écossais du soir ? 

Très vite aussi à Boscombe Down va débarquer un C-5A Galaxy qui va tour aussi vite aussi ouvrir son nez, abaisser son train avant et embarquer fissa l’engin, au nez et à la barbe des rares observateurs présents. On remarque aussitôt une chose : s’il rentre aussi facilement, c’est soit qu’il n’a pas d’envergure, soit que ces ailes sont munies d’extrémités repliables. Ce n’est pas un YF-23, bien qu’il lui ressemble sur certains points, dont l’avant et la couleur. La large bâche déployée masque les ailes et les entrées d’air : les deux particularités à protéger des regards, de toute évidence. 

Le temps que le C-5A ne vienne, la base a en fait vu défiler tout ce qui compte comme avions dont les numéros conduisent soit à la CIA, soit à la DARPA. Tout d’abord c’est un hélicoptère anglais Agusta A109 (capturé aux Argentins !) venu de Poole, près de Hurn, où se trouve un escadron des forces spéciales anglaises, les SAS, bientôt rejoint par un Chinook : visiblement, on renforce la sécurité de la base qui grouille de monde en moins de deux heures. Le C-5A qui a débarqué a comme nom de plan de vol "Lance 18", capte un radio-amateur, une appellation totalement inhabituelle, mais son code de départ, entendu aussi est KPMD : c’est celui du hangar 42 de Palmdale, l’endroit où Northrop construit ses prototypes ! Là où a été construit l’YF-23 ! Voilà qui devient passionnant ! La base bénéficie de deux C-5, les 68-0213 et 68-0216, du 60th Airlift Wing venus de Travis AFB, utilisés pour transporter des satellites liés au programme de la navette spatiale sous le nom de "Space Program Outsized Load Carriers". Sur la base de Boscombe, dès le lendemain, se posent un petit Beech C-12, et plus étrangement encore, un Boeing 737 T-43 en provenance de Las-Vegas, c’est un de ces fameuses navettes des "Janet Flights" qui emportent les ouvriers vers la fameuse base 51, endroit de tous les mystères, on le sait. L’engin crashé a attiré en deux jours du beau monde : ce ne doit donc pas être n’importe quoi !

Evidemment, les autorités démentent. Le journal l’Independent du 14 mars 1997 ressortira néanmoins l’affaire, après les allégation du magazine cité. Mais à vrai dire dès le 26 juillet 1992, un article du Sunday Telegraph avait déjà ruiné tous les efforts des autorités pour minimiser l’incident. Signé Christy Campbell, le spécialiste de la défense du journal qui évoquait avec moquerie le "visiteur sombre d’Intyre" en le taxant sans hésiter "d’avion espion". Le journaliste citait son confrère Guy Norris de Flight Magazine, installé à Los Angeles, qui affirmait que ce soir là c’était le fameux Aurora qui s’était crashé, parti du Nevada pour un atoll du Pacifique (via le pôle Nord !) puis vers l’Ecosse, au retour, pour ravitailler en vol. Autre objet mythique, l’Aurora était censé être beaucoup pus grand que le modèle de Boscombe. Un autre journaliste cité racontait que depuis six mois, au dessus de Los Angeles, les boums soniques n’avaient cessé. Durant près de vingt ans, la confusion a régné entre les deux modèles. En fait, l’Aurora était une appellation journalistique de plusieurs projets tournant autour du remplaçant du SR-71. Selon pas mal d’auteurs, le crash de Boscombe Down aurait pu être celui d’un "black project". Le précédent intitulé Senior Trend n’étant autre que le F-117, dont le Pentagone a révélé l’existence fin novembre 1988, et qui n’a pas toujours été noir.

Arrive aussi à Boscombe un vieux 707 EC-137D, numéroté 67-19417, très connu pour être le transporteur privilégié de diverses agences américaines, et ne posséder surtout aucun signe de référence extérieure. L’idée de l’incident grave se précise. Le B-707 a depuis été remisé sous cocon en plein désert... à Tucson Davis-Monthan (vu ici en octobre 2009). On ne sait jamais, il resservira peut-être un jour (à la CIA !). On voit également sur la base un Gulfstream IV bien connu, le N604M, aperçu le 9 octobre, annoncé dans la presse comme étant "venu chercher un VIP pour jouer au golf dans la région", sur le site réputé de Machrihanish. Près de Campbeltown Airport, un aucien aérodrome de la RAF. C’est à un endroit connu comme étant aussi le célèbre Mull of Kintyre, du nom de la chanson de McCartney. Un des points-clés en face de la mer d’Irlande. Le seul aéroport écossais à disposer d’une large piste de plus de 3 km (3 049 m exactement), et un des rares sites retenus au cas où la navette spatiale aurait eu quelque ennui... la nature spéciale du colis emporté par le C-5A devant le hangar devient évidente. Nécessitant une très longue piste pour décoller ou surtout se poser, on avait affaire indubitablement à un "fast mover", un de ces avions ultra-rapides décrit par cet euphémisme par les pilotes civils qui les ont croisés (et n’ont pas eu le droit de tout dire à leur propos !). Et que certains avaient crû voir chuter parfois dans une étonnante vidéo. La CIA n’a pas toujours les bonnes excuses,et donne trop d’indications, voilà qui se confirme. En réalité, les anglais ont travaillé main dans la main à Boscombe Down pendant des années, notamment pour mettre au point le vol avec lunettes de vision infra-rouge, (celle ci du F-35 !) grâce à un vieil appareil, un Buccaneer, surnommé "Nightbird" ayant comme numéro XV344... remplacé depuis par un Tornado "Nightfox".

Qu’est ce qui avait bien pu ce jour-là provoquer une telle effervescence sur la base ? A coup sûr un crash d’avion secret, à voir l’énervement visible de tous les protagonistes. Pour beaucoup d’observateurs, dont le magazine déjà cité, l’engin n’était pas un YF-23 mais bien l’ASTRA. L’Advanced Stealth Technology Reconnaissance Aircraft. L’avion présenté comme étant le successeur du SR-71, et donc un engin susceptible de dépasser Mach 3, sinon de voler à mach 5 ! On passe avec lui du supersonique à l’hypersonique. L’YF-23 n’avait pas démontré de capacité de lancement de missiles, ni n’avait proposé de tuyères vectorielles. Il était déjà orienté reconnaissance et rapidité, à vrai dire. Pas le genre à faire des pirouettes en l’air. Avec deux hommes à bord, l’idée d’un ASTRA est donc plus évidente : l’engin serait bien un avion furtif de reconnaissance de nouvelle génération, dont la forme générale évoquerait celle de l’YF-23 mais avec une aile triangulaire à plus fort angle d’attaque. Un engin qui devrait posséder un mode de propulsion particulier, et un mode de protection contre la chaleur tout aussi extraordinaire pour atteindre Mach 5. L’ASTRA, bâti en partie sur les plans du YF-23 !!!

La CIA avait bien fait les choses, pour cacher au mieux les vols de cet avion fort particulier. Craignant que l’accident de Boscombe Down puisse devenir une affaire bien plus importante, les américains vont faire une chose inattendue, dont l’explication officielle n’a toujours pas été donnée. Vous vous souvenez du fabuleux SR-71, l’avion espion préféré pendant deux décennies et demi. Il a été mis à la retraite en janvier 1990 : tout le monde s’était dit alors qu’il devait avoir trouvé un remplaçant. Ça tombe pile avec les vols de qualification de l’YF-23, lui même on l’a dit un "downsizing" de l’avion nouveau pour remplacer le SR-71. Or, à la surprise générale, en septembre 1994, le même mois que l’incident, le Congrès américain vote une rallonge de budget de 100 millions de dollars supplémentaires pour réactiver trois SR-71. L’engin jugé dépassé quatre ans avant est remis en selle. Pourquoi donc ? Parce que son remplaçant a des ennuis de développement, et que l’on ne veut surtout pas que l’on découvre qui il est. Il lui faut un paravent. A Boscombe Down, les SR-71 vont soudainement devenir hyper-visibles et se poser ostensiblement en plein jour, ce qu’ils faisaient rarement avant, sur une base réputée fonctionner de nuit en priorité : en fait, ils serviront de plastron aux vrais essais qui se continuent. A Machrihanish, un observateur retrouvé par les journalistes décrit l’atterrissage ou l’approche plutôt d’un engin sans aucun feu de position, "couvert" par un F-111 tous feux allumés : la très longue piste cachait bel et bien un avion secret, d’une belle espèce.

Tout cela ne nous dit pas grand chose sur notre nouvel arrivant, allez-vous me dire. Certes, mais au moins on sait déjà quelle inspiration ont pris les russes. Un modèle qui était plus performant que le Raptor tant vanté officiellement et tant décrié officieusement. Demain, je vous propose de voir un peu plus en détail ce que contient ce fameux Raptorsky, qui n’est pas un avion hypersonique, loin de là, et pourquoi son arrivée en si peu de temps déstabilise autant le Pentagone, empêtré dans une gestion calamiteuse de sa flotte aérienne. Quant au "fast mover", de Boscombe Down, nul ne sait à ce jour s"il existe encore ou s’il sillonne le globe à grande vitesse. On saura peut-être un jour à quoi il ressemblait, et qui était en définitive ce curieux visiteur écossais.

 

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