Avis de Recherche

par lisca
samedi 26 septembre 2020

La jeune Française est dans le rouge, de la tête aux pieds. J’entends par Française celle dont on trouve un aperçu dans les films et chansons d’avant 1970 – c’est à dire pas exotique, avec un ascendant ayant fait les tranchées en 14-18 et un teint qui va de la rose anglaise au brugnon Carmen, en passant par toutes les pâleurs et blêmeurs plus ou moins citriques, plus ou moins urbaines.

On donnait toutes sortes de petits noms aux femmes du Moyen-Âge en France : mignonne, fillette, damoiselle, douce dame jolie, mais aussi gagui : rondouillarde ; gouge : fille à soldats ; genoche : sorcière ; godine : fainéante ; godinette : amante ; gorgiasse : dondon, etc. L’éternel féminin ? Aujourd’hui nous avons : meuf, gonzesse, greluche, grognasse... Et ça, c’est ce qu’on trouve de plus mignon. Plutôt pire, finalement.

La guerrière n’étant pas prévue au programme, pas de petit nom pour la distinguer, hormis « la Pucelle » pour la plus célèbre d’entre elles - qui ne renseigne que sur son état civil. Or la France semble avoir besoin d’un pur élan, vu que nous sommes « en guerre » d’après Macron. Et la question se pose : y a-t-il une Jeanne d’Arc parmi nous ?

Imaginez aujourd’hui une fille de quinze ans qui entend des voix, qui se figure qu’elle vit sous occupation, l‘illuminée. Et qu’il faut faire quelque chose d’autre que filer la laine des moutons promis au carnage. Et puisque ces messieurs se laissent submerger – à leur corps défendant – par des armées de brigands, ni une ni deux, elle s’y colle. Et pas pour faire des pansements.

C’est possible ?

L’évêque Cauchon et deux-trois mécréants en rigolaient encore, longtemps après que le bûcher eut cessé de fumer.

Depuis, la France rougie cherche sa bergèrej ou sa « royne Blanche comme ung lys,
Qui chantoit à voix de sereine ». Les deux, si possible.

Elle doit bien exister quelque part, la jeune Française des neiges, que notre histoire a tant aimée. Qui aime son pays, mais oui ! Qui craint Dieu et le diable, rien d’autre ! Qui a bien intégré que deux et deux font quatre ! Qui soulèvera les montagnes de la Dette !

Ça et là, quelques une petite demoiselle, une femme sans reproche nous expliquent qu’elles détestent le mensonge ; les unes tout feu tout flamme, l’œil plein de lumière ; les autres avec une modération non dépourvue de calculs annexes ou de timidité.

De temps en temps déboule une comique qui choisit de rire toutes griffes dehors de la tragi-comédie générale.

A contrario, entre deux eaux mais sans se mouiller, une dame charlie se fait sur les plateaux télé la héraut(e)s très prospère du visage à découvert. Elle ne court aucun risque de payer la taxe oxygène à 135 €. Au contraire, elle coûte à la France une garde rapprochée. Bien involontairement, sa promotion du sourire visible rejoint la noblesse anti-bâillon qualifiée. Et bien sûr la (vraie) loi.

Enfin, dans le genre harpie, financées par de vilains souteneurs, ressurgissent les antiques fausses rebelles qu’on croyait enterrées (mais de quoi vivaient-elles donc ?!). Piaillant comme des nourrissonnes, elles infligent hors contexte et pour la énième fois, leurs lolos peinturlurés au regard d’un public captif mais pas exactement captivé.

Pour contrebalancer l’effet vulgaire de ces mercenaires-là, leur principal financeur envoie de temps en temps une fille à nattes lavassée du cerveau, moutonne qui fait la bergère, ânonnant une leçon refroidiste ou réchauffeuse, on ne sait plus. Brrr

Dans cette guerre-étouffoir qui nous opprime actuellement, qui pousse à l’exil des intellos bien connus, où quantité de travailleurs se retrouvent sur la paille, éventuellement celle du cachot, les guerrières ne sont pas vraiment sur la ligne de front. Il faut bien le reconnaître : ce sont surtout les hommes qui en prennent plein la figure, même si tout un chacun morfle, au bout du compte. Sauf exception bien sûr.

Vous me direz que les Françaises sont toujours un peu réfractaires : réclameuses, entraîneuses, entraînantes, c’est leur génétique. Quand elles ne vous lacèrent pas à l’épée, elles vous assassinent maléfiquement l’ennemi du bout de la langue. C’est la tradition, rien n’y fera.

On entend, du reste, en France périodiquement des cris aigus, des vociférations et même des appels au meurtre.

Oh mais ce n’est pas notre jeune Française canal historique qui profère ces imprécations. Sauf contre son compagnon parfois, en privé ; pas très fort à cause des voisins. Contre ses parents, mais ça c’était dans les années 60-70. Contre les grèves du métro très louches, qui ralentissent sa petite auto ou la lancent sur son petit vélo.

À part ces quelques incidents, la jeune Française à demi visible est d’une patience, résilience, complaisance admirables ; l’ennemi peut dormir tranquille et la remplaçante la remplacer. Elle a tant à faire de ses dix doigts : pianoter sur son ipad pour ne rater aucun lien avec les espions de la planète.

Parmi ses héroïnes du virtuel, on trouve à l’occasion une Vénus callypige, embastilleuse à ses moments perdus, qui prend ses arrières pour la mappemonde et son nombril pour le centre névralgique du Pouvoir Universel. Du temps de la France, même républicaine, ces JF-là ne s’amusaient dans les coins qu’après un bon époussetage, dont elles tiraient bien du mérite.

Le fait de pousser de quelconques fillettes à transpirer pour leur derrière lui aurait valu la réprobation publique, plus une accusation de publicité mensongère. En effet un derrière en boule de pétanque ne se gagne – au choix - qu’en étant née avec, en se gavant de nutella ou en y insérant du plastique bulle.

Tout ceci n’est pas très glorieux, pas très logique, plutôt prout-prout, condamnable en bref. Mais plus du tout risqué, ma brave dame.

Vous me direz que Jeanne d’Arc, l’exact opposé de la tiktokée, était une sorte de demi-déesse de l’Olympe, une extra-terrestre. Sans remonter aussi loin, on trouvera bien encore parmi nous des Louise Michel, des Charlotte Corday, des princesses de Clèves qui pensent à l’honneur en général plutôt qu’aux plaisirs fugaces d’un bon coup. Quelque part dans l’ombre, ces JF en attente fourbissent leurs canifs et leur vertu, déployées en fleur… Vous dites ?… En leurre ?

Quant à Louise Michel, on y reviendrait que ça ne m’étonnerait pas. Du côté du bagne et du châtiment, cet automne.

Car la punie, la montrée du doigt en république.fr 2020, ce n’est certes pas l’influenceuse, l’éducatrice zélée de pétardées volontaires, mais, bizarrement, la jeune mère ; celle qui, un enfant dans les bras réchappé de l’avortement, refuse pour lui les 36 vaccins, puis de l’envoyer au chenil se faire rincer la tête et museler, bien séparé de ses semblables.

La réprouvée, c’est aussi la jeune salariée ou entrepreneuse qui, au taf, doit porter en permanence la marque infamante de l’esclave que le révérend Véran lui indique quand il se prend pour Mao.

Souviens-toi d’Hester et de sa lettre A, dit le nez rouge. A comme assez. A comme assassinat.

Bizarrement, la plupart des passantes semblent marcher dans la combine. Atteintes de la tremblote du mouton ? Séduites par le fabuleux destin d’Hester ? Du jour au lendemain, les voilà empaquetées industriellement des pommettes au menton. Ne manque plus que le code barre et le made in China.

S’il te plaît, jeune Française, ressaisis-toi. Retiens ce gaillard précepte  : « c’est en faisant n’importe quoi qu’on devient n’importe qui. ».

On te dépouille jour après jour, et tu ne le sais pas encore. On ne t’a pas dit, jamais enseigné, que tu es une héritière ; et qu’il est précieux, le patrimoine ; et qu’il est à toi.

Bien avant Hollywood, à marcher sur les jupons, le goujat risquait un coup de poing immédiat. Tes arrière-arrière-grand-mères n’auraient pas vendu aux marchés leurs enfants. Même les belles de jour pouvaient avoir de la classe.

Une héroïne en France, ce n’était pas du subutol. Elle reviendra.


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