Gaz de schiste : Avons-nous gagné une simple bataille ou avons nous définitivement gagné la guerre ?

par lolozerien
mardi 12 avril 2011

Nous pouvons être fier ! Notre mobilisation a d'ores et déjà obligé les députés et depuis vendredi le gouvernement à se positionner contre les gaz et huiles de schistes. En effet vendredi, le gouvernement a demandé une procédure d'urgence pour l'examen des propositions de loi concernant les annulations des permis d'explorations (et donc d'exploitations).
 

Depuis je n'ai de cesse de m'interroger de savoir si nous avons gagné la guerre ou simplement une bataille ?

Les médias eux sont catégoriques. Mais cela ne me rassure en rien, au vu de la couverture qu'ils ont accordés jusqu'ici au gaz de schistes.

Je doute car je trouve les pétroliers bien trop calme au vu des sommes engagées...
Car s'il y avait réellement annulation de tous les permis, les pétroliers ne manqueraient pas d'intenter des actions judiciaires. Ils ne pourraient qu'avoir gain de cause et seront donc indemnisés au vu de la gestion calamiteuse sur le plan juridique de ce dossier par le gouvernement (tellement calamiteuse que cela en devient suspect).
Sans doute, les contribuables devraient une nouvelle fois mettre la main à la poche pour cette fois-ci dédommager les pétroliers de leurs investissements et assumer une nouvelle erreur de ce gouvernement.
C'est bien nous qui au bout du compte allons payer les errements de nos ministres et la facture sera salée.

D'autant que les sommes engagées pour cette opération dépassent l'investissement matériel car pour obtenir le droit d'utiliser la technique de fracturation hydraulique dont les brevets appartiennent toute à la multinationale Halliburton, les entreprises françaises Total, GDF-Suez, etc ont également dues faire des alliances sur les marchés financiers avec des entreprises pétrolières américaines.

Les sommes sont donc énormes, en raison de celles-ci, je doute qu'ils renoncent à autant d'argent aussi facilement. Je suis donc plus que surpris qu'ils n'aient pas encore réagi.

Tauréador qui pourtant a même été jusqu'à déplacer son siège social en France, en vu d'exploiter l'huile de schiste (pétrole) de la région parisienne, n'a pas même réagi.

Je ne peux pas non plus oublier les dernières déclarations du PDG de Total Christophe de Margerie, le 4 avril alors qu'il était interrogé par l’agence d’information financière Bloomberg. « Nous allons attendre que les choses se calment. Je ne suis pas pressé ».
Un discours qui dénote sensiblement des vexations exprimées par le même PDG de Total il y a quelques semaines, qui se disait « agacé par le bruit » que faisait la polémique autour des gaz de schiste en France.
http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRLDE71A0T720110211

Alors que le gouvernement rétro-pédale sur les permis d’exploration, il y a de quoi se demander ce qui donnait au patron du géant pétrolier cette nouvelle patience et cette assurance...
Au vu des enjeux financiers, il n'est pas interdit de penser que les lobbys pétroliers menaceront de jouer de toutes leurs influences pour mettre la pression sur les marchés financiers afin que la note de la France en matière de remboursement soit dégradée. Ce qui nous ferait encore payer plus cher la bourde du gouvernement.


N'oublions pas non plus, que dès les cantonales terminées, en vue de 2012, l'opération reconquête a commencé pour Sarkozy a commencé. Et qu'en 2007, lors de sa campagne il n'a pas hésité à mentir pour arriver à ses fins (j'en veux pour preuve son « travailler plus, pour gagner plus », « je ne toucherai pas au retraites », j'en passe et des meilleures...

Cette procédure d'urgence n'était-elle pas une nouvelle manœuvre de notre gouvernement pour endormir le peuple jusqu'à mai 2012 ?

On est en droit de se poser la question après tous les mensonges, cachotteries ou désinformation du gouvernement dans ce dossier.


Et ce à plusieurs reprises

Ce cauchemar a commencé par le biais de Jean-Louis Borloo qui a accordé ces fameux permis d'exploration dans la plus grande discrétion. Sans nous en faire la publicité, ni à nous le peuple français ni à nos représentants, les élus.

Egalement dans la plus grande discrétion, sur proposition du ministre de l'industrie Éric Besson (jusque là je me demandais pourquoi on avait mis le spécialiste des basses œuvres du gouvernement à ce poste là) ; le 19 janvier dernier, le premier ministre et le président de la république ont signé une ordonnance qui modifie le code minier :
http://www.gouvernement.fr/gouvernement/code-minier

Extraits

« Cette ordonnance, prise sur le fondement de la loi du 12 mai 2009 de simplification et de clarification du droit et d’allègement des procédures, est l’occasion de moderniser et de simplifier les dispositions applicables aux exploitations minières en veillant à leur intégration dans l’environnement et à l’association des parties prenantes dans l’attribution des titres miniers. Attendu depuis longtemps par la profession, le nouveau code facilitera la valorisation des ressources du sous-sol français »



« c'est attendu depuis longtemps par la profession »,
Quand on connait les mœurs de la profession justement (cf Erika, AZF, golfe du Nouveau Mexique, etc). Il y a de quoi être inquiet !

« Simplifier les dispositions applicables aux exploitations minières »
Mais qu'entend-on précisément par là ?
Éric Delayhe liste ces dispositions :
- les permis de recherche ne nécessitent pas d'enquête publique ou de concertation,

- le passage du permis de recherche à l'autorisation d'exploitation est facilité,
- les documents de prospection sont non communicables au public pendant vingt ans pour les hydrocarbures,
- les autorisations de recherche peuvent être renouvelées deux fois pour cinq ans (dix ans au total) sans mise en concurrence,
- les autorisations existantes avant 2014 ne nécessitent pas de garanties financières, absence de sanction en cas de dommages à l'environnement ou de Non respect des autorisations administratives lors de l'exploration,
- FACILITÉS À ENTRER ET À OCCUPER LE TERRAIN D'AUTRUI…

Lien vers site légifrance : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006055626&dateTexte=20110215

Aujourd'hui tant qu'une loi n'est pas votée, voilà à quoi nous sommes exposés. Tant qu'une des 3 propositions de lois n'a pas été adopté par l'Assemblée Nationale et le Sénat RIEN ne pourra arrêter les entreprises pétrolières. S'ils le désirent, malgré toutes les propositions de loi, les pétroliers peuvent commencer à forer que juridiquement il n'y a rien à redire pour l'instant.
Conscient de cette réalité, Tauréador en région parisienne n'hésite d'ailleurs pas à faire comme si de rien était.


Pour preuve ses photos prises par Franck Gesbert sur le site de Champeau-Blandy le 28/03/2012 où l'on peut voir notamment des sacs de chlorure, ingrédients chimiques nécessaires à la fracturation hydraulique.
 

 
 
 
 


Après cette réforme, nous avons eu droit au show NKM qui a tenté d'éteindre la mobilisation qui naissait en décrétant un faux moratoire. Je précise faux moratoire et je le prouve en mettant en ligne cette vidéo :

http://www.dailymotion.com/video/xhds5z_gaz-de-schistes-les-mensonges-de-nkm-et-du-gouvernement_news

Elle y avoue notamment qu'un moratoire n'est pas possible que le code minier ne le permet pas.
On la voit également dans cette vidéo avouer que la technique de fracturation a déjà été utilisé en France. J'y démontre également les mensonges et contre-vérités que la ministre a distillé lors d'une question au gouvernement du député de l'Ardèche Pascal Terrasse...


Je ne saurais que trop vous la conseiller car vous apprendrez tous ce qu'on essaye de vous cacher sur ce dossier. A la minute M, cette vidéo a été visionné 5535 fois elle est évalué par ceux qui l'ont vues : 5 étoiles.

Elle commence à intéresser des journalistes sensibles à ce sujet comme un des journalistes de LCI qui m'a invité à l'émission le buzz vendredi 8 juin :

http://www.wat.tv/video/buzz-2-gaz-schiste-mobilisation-3lf8j_2exyh_.html

et une journaliste de la radio totem

http://www.radiototem.net/podcasts
choisir :

11 Avr 2011 (18:00)
Y'en aura pour tout le monde
Journal


Après le moratoire de NKM, le gouvernement voyant que la mobilisation ne faiblissait pas (au contraire) ne s'est pas arrêté là.
C'est le premier ministre en personne qui est monté au créneau, en annonçant un nouveau moratoire jusqu'au 15 juin. Cette date juste avant les vacances m'apparut quelque peu suspecte. Je décidai de vérifier ce qu'il était de tout cela. Après recherche, j'appris que François Fillon avait simplement demandé aux ministres concernés de veiller à l'absence de forage.

Je me suis donc procuré la lettre que Fillon a envoyé aux ministres concernés. Elle est accessible sur le net la voici :

http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/communiques/03.11_Lettre_du_Premier_ministre_relative_aux_huiles_et_gaz_de_schiste.pdf



A première vue, tout à fait rassurant, non ? Mais à votre avis, pourquoi le premier ministre prend-il le soin de préciser « opération de forage non-conventionnel » ?

Tout simplement, parce qu'un forage non conventionnel n'est donc pas un forage dit « conventionnel » qui lui est vertical. Le premier ministre interdit ainsi simplement les forages horizontaux mais pas les forages verticaux. Ce qui arrangent bien les pétroliers car pour l'utiliser la technique de fracturation hydraulique, il est bien sûr nécessaire de faire un forage vertical de 3 000 m avant un forage non conventionnel (horizontal).

Les pétroliers se sont prêtés d'autant plus prêté à ce jeu de dupe car leur timing n'est donc pas impacté.
Sur les sites, ces faux-moratoires n'ont absolument rien changé, les entreprises continuant à préparer le terrain pour l'exploitation comme en atteste cette photo et les précédentes ci-dessus...


Photo Franck Gesbert

Vous pensez sans doute maintenant comme moi que ce moratoire qui ne repose sur aucun texte juridique était un faux-moratoire, une nouvelle entente avec les pétroliers. Et qu'il était simplement destiné à nous endormir jusqu'aux 15 juin et les vacances d'été.


Après une rencontre avec mon député Pierre Morel à l'Huissier, ce dernier m'a invité à son audition devant la mission parlementaire mis en place par la commission du développement durable de l'Assemblée Nationale...

Grande fut ma surprise, ce Mercredi 30 Mars de constater que le seul rapporteur présent de cette mission était le député UMP François-Michel GONNOT, l'autre rapporteur ayant préféré rentré dans son Gers natal plutôt que d'assurer la mission confiée.

J'étais sur les fesses car la veille lors du débat, François-Michel Gonnot a repris pratiquement mots pour mots, l'argumentaire des pétroliers

Voici son intervention à l'Assemblée Nationale :


http://www.dailymotion.com/video/xhwuts_le-patron-de-l-amical-des-foreurs-a-l-assemblee-euh-non-pardon-francois-michel-gonnot-depute-ump_news

et voici un article qui démontre qu'il n'a fait qu'emprunter son argumentaire aux pétroliers

http://www.lepost.fr/article/2011/03/30/2450834_gaz-de-schiste-une-mise-en-scene-bien-huilee.html

C'était ma première et unique audition parlementaire, mais elle m'a parue particulière dans le sens où le député Gonnot après avoir écouté le député Morel à l'Huissier, au lieu de continuer à nous auditionner comme le suppose une mission parlementaire, nous a resservi son discours de la veille voir le compte rendu que j'en ai fait sur ce lien :

http://www.facebook.com/home.php# !/home.php?sk=group_190570990961771&view=doc&id=204643926221144


De plus, je ne crois pas me tromper en affirmant que les experts à qui ont été confiés un rapport sur l'opportunité d'exploiter les gaz de schiste sont les mêmes qui il y a un an s'étaient prononcés pour la délivrance des permis d'explorations...


Après toutes ces manœuvres que l'on pourrait assimiler à des tentatives d'endormissement et de manipulation de l'opinion françaises. Et au vu de tous les éléments à charge contre les pétroliers et le gouvernement, vous comprendrez sans doute que je me pose encore des questions sur la volonté réelle du gouvernement d'annuler les permis accordés et d'en assumer les conséquences financières.


Ayant fait 2 ans de droit durant mon cursus scolaire, je me suis penché sur les différentes propositions de lois pour voir si j'y trouvais une l'éventuelle embrouille.

Du fait de la procédure d'urgence voulue par le gouvernement. Je me suis concentré sur la proposition UMP, car il me paraît évident que ce sera celle-là qui sera sélectionnée par le président de l'assemblée Nationale, Bernard Accoyer (UMP) chargé de choisir entre les différentes propositions lorsque ce cas là se présente.

Après l'avoir lu et relu, après l'avoir soumis à des contacts ayant plus de compétences juridiques que moi. Je dois me rendre à l'évidence, à savoir que même UMP, cette proposition de loi est clean. Pour l'instant, en tous cas !!!


Car je ne peux m'empêcher de repenser aux propos du PDG de Total « Nous allons attendre que les choses se calment. Je ne suis pas pressé » et au milliards qui sont en jeux ?

Je suis pratiquement convaincu que les lobbys pétroliers vont tenter d'agir lors du débat à l'assemblée nationale en faisant passer par le biais de députés ou du gouvernement un ou plusieurs amendement(s) qui viserait à vider la loi de son sens, ou un amendement qui permettrait au pétrolier d'exploiter « quand les choses se seront calmées »...


Tout cela pour vous dire que nous avons sûrement gagné un combat, car notre mobilisation a permis de mettre la pression aux députés et au gouvernement. Mais pour moi, on ne peut pas aujourd'hui crier victoire dans cette guerre contre les pétroliers tant que la loi et les éventuels amendements n'ont pas été adoptés et vérifiés.
Cela serait sous-estimé nos adversaires, qui n'attendent que cela et qui disposent d'une puissance financière énorme et d'appuis non-négligeable au plus haut niveau de l'état.

Alors vigilance, la partie n'est pas finie la mobilisation continue.

Montrons à nos députés et aux gouvernements que nous ne sommes pas démobilisés :


Dans un premier temps en envoyant un mail à votre député et à votre sénateur pour exiger qu'il fasse son métier et soit doublement vigilant aux amendements que tenteront certainement de faire passer les pétroliers par des infiltrés afin de vider la loi de son contenu (on en a vu des pires

Vous pouvez récupérer le mail de votre député et de votre sénateur ou d'autres sur les liens qui suivent même si vous êtes motivés lol


http://www.assemblee-nationale.fr/qui/xml/liste_alpha.asp?legislature=13
http://www.senat.fr/elus.html




et rendons nous au rassemblement de nos régions respectives organisées par les collectifs contre les gaz de schiste ce week-end du 16 et 17 Avril.

Voici la liste des rassemblements :

http://www.facebook.com/home.php# !/event.php?eid=162889377102673






Laurent NURIT

 

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