Bangladesh : réouverture des usines textiles...

par Serge ULESKI
mardi 21 mai 2013

 après l'effondrement d'un immeuble abritant des ateliers de confection, grèves et émeutes réprimées dans le sang.

Quand des pauvres produisent pour d’autres pauvres.

Car, si l’argent va à l’argent et si l’on ne prête qu’aux riches...

Les pauvres de tous les continents, eux, s’habillent entre eux et se nourissent les uns sur les autres...

avant de se dévorer, contraints et forcés.


Le glamour à dix euros (et la passe à vingt) !

 

***

 

  Et si la mondialisation des moyens d'exploitation... c'était la continuation de la guerre contre tout ce qui pense, vit, marche,baise, se révolte et crève... par d'autres moyens ?

 Mais c'est compter sans le "Charity business" qui veille au grain (au blé en particulier ?)  !

 George Harrison performing "Bangladesh" during the concert for Bangladesh at 1971, Madison Square Garden - premier concert de Charity business dans l'histoire de la Pop (1)

 

_________________________

 

« … le jour où toute l’horreur de notre monde vous éclate à la gueule, loin des chiffres abscons de leurs statistiques abstraites et absurdes en valeurs absolues.... absolument merdiques... et de leurs reportages montés à la hâte et à la queue leu-leu basse et rachitique... le jour où... toute l’horreur... dans toute son horreur... de notre monde à tous, vous éclate à la gueule après vous avoir sauté à la gorge, ce jour-là... vous souhaitez mourir ! Oui Monsieur ! Vous souhaitez mourir ! Ou bien alors c’est que vous n’êtes pas humain ! Non ! Pas humain. Car je ne peux pas croire que l’on puisse être épargné par cette fatalité et cette nécessité de vouloir mourir face à l’horreur de notre monde à tous dans toute son horreur ! Non, je ne veux pas croire un seul instant que nous y passions tous et qu’ils y soient tous passés... à la trappe, dépecés, déchirés et hurlant de douleur et... que toute l’horreur de toute l’injustice de notre monde à tous, puisse sagement et éternellement glisser sur cette humanité imperturbable... glisser sur elle, cette horreur, comme l’eau quand elle rencontre et contourne un obstacle parce que rien ne l’arrête cette vague déferlante, ce déluge, ce raz-de-marée... Alors aujourd'hui, nous n’avons plus besoin de leur compassion dégoulinante de publicitaires intéressés ; compassion intermittente d‘ailleurs. Aujourd'hui, l’homme n’a qu’un devoir face à la misère de ses semblables : celui de la honte tout en portant cette honte comme une punition et un fardeau. La compassion et la pitié ne sont plus de mises. Ce dont le monde a besoin, c’est d’une répartition juste parce que... équitable, de l'horreur... dans toute son horreur. Il nous faudra tous partager cette horreur devenue collective…


- Partager ?


- Oui, partager ! Et ce partage ne souffrira aucune exception et aucune portion moindre, pour qui que ce soit. Car, c’est en partageant toute l’horreur de notre monde à tous dans toute son horreur que nous parviendrons à alléger le poids de cette horreur en répartissant l’impact de son onde de choc sur tous les êtres humains.


- Attendez ! Partager ! Partager ! Comme vous y allez ! Faut voir ! C'est pas rien ce que vous proposez là !


- Pour chaque homme qui trébuche, un autre homme viendra de gré ou de force trébucher avec lui. La peur de la chute collective fera que chaque homme veillera à ce qu’aucun homme ne trébuche. Voilà donc ce qu'il nous faut ! Des hommes capables, dans une première étape transitoire précédant l’avènement d’une responsabilité collective achevée car bien comprise, d’accompagner le faible dans sa descente aux enfers pour, une fois l’abîme atteint, hisser ce disgracié hors du gouffre, jusqu’à la pleine lumière, là où la force du fort rayonne sans entrave et sans l’ombre d’une arrière-pensée bassement utilitaire car, seul le devoir de respect absolu d’autrui nous protégera du meurtre et unira les êtres humains autour d’une célébration de la vie qui fera de nous tous... des êtres inviolables et intouchables ! Et c'est alors que le meurtre sera considéré et jugé en tant que... miracle !


- Un miracle, le meurtre ?


- Laissez-moi maintenant ! Je dois sauver le monde en emportant avec moi la gueule... la grande gueule... la grande gueule ouverte de l'Enfer ! »
 

 

Extrait du titre : confessions d'un ventriloque - copyright Serge ULESKI

 

____________________

 

1 - La guerre de libération du Bangladesh est une guerre d'indépendance qui opposa les Forces armées du Pakistan aux rebelles bangladeshis en 1971.Cette guerre fit un million de morts civils, 200 000 viols et le déplacement en Inde de 8 à 10 millions de réfugiés.


Lire l'article complet, et les commentaires