Bas les pattes devant la solidarité !
par CHALOT
dimanche 24 mai 2015
La Solidarité doit contribuer à briser les chaînes :
La faim, l'isolement.... ce sont des chaînes qu'il faut briser et donner envie aux personnes de se prendre en charge et de s'engager.
Celles et ceux qui ricanent en comparant les actions de ces bénévoles à celles des dames patronnesses devraient d’abord ne pas mépriser l’action de ces bonnes œuvres, elles ont permis de sauver la vie de centaines de milliers d’enfants et ensuite se renseigner :
La solidarité ne procède pas de la charité : « on donne aux plus démunis » dans une démarche d’éducation populaire… et non d’assistanat.
Le Secours populaire ne donne pas la nourriture gratuitement, il demande une contribution volontaire de 1 € par personne… C’est à dire qu’il permet à des familles d’accéder à des produits alimentaires de qualité à moindre coût.
Il responsabilise ceux et celles qu’il accueille et très souvent leur donne envie d’agir pour eux-mêmes en les accompagnant et même en les invitant à rejoindre l’équipe des bénévoles.
Des contributeurs qui interviennent dans le cadre du débat introduit par un texte paru sur Agoravox
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/enrayer-le-gaspillage-et-167706
arrivent à dire des énormités comme Baron :
« J’évoque l’alliance des dames patronnesses et de militants associatifs parce que c’est un fait.
Vous aidez des gens à survivre certes, mais de l’autre côté vous les déresponsabilisez et vous contribuez à empêcher des mouvements de masses, puisque le jeu n’en vaut plus la chandelle, .
C’est la faim et seule la faim qui permet des changements de sociétés et avec vos rebus vous remplissez des ventres mais sans vision à terme.
Il serait préférable que ces personnes aillent dans la rue pour retrouver un minimum de dignité que d’aller tendre la main devant les hangars des associations .
Même à leur corps défendant, en utilisant l’outil de la charité vous maintenez l’ordre établis.
En attendant la haute bourgeoisie s’engraisse comme jamais et les miettes que vous distribuez permettent que cela se perpétue.
Ce sont des emplois et des salaires corrects qui doivent être exigés.
Il faut arrêter d’humilier les pauvres, ils doivent être les acteurs de leurs destins en devenant des hommes debout plutôt que des mendiants qui ne disent pas leur nom en restant dépendant de la charité des uns et des autres. »
Les mouvements de solidarité ne déresponsabilisent pas les personnes qui se présentent aux permanences, ils contribuent à les mobiliser, à leur redonner confiance en eux et à leur donner des outils pour se prendre en charge.
Quand nous recevons une famille surendettée, nous ne remplissons pas son dossier.
Nous l’accompagnons pour qu’elle le fasse par elle-même.
Le propos de Baron est inacceptable pour deux raisons : d’abord la faim ne permet pas de changer de société, elle peut conduire à la désespérance comme à la révolte sans lendemain, ensuite il invite les personnes à souffrir de faim avant peut-être le grand soir pendant que d’autres pourraient ripailler !
Vous ne comprenez pas, « Baron » que si des bénévoles n’étaient pas là pour aider ceux et celles qui sont les victimes de la politique libérale et qui survivent, beaucoup de ces personnes s’abandonneraient.
Combien de fois avons-nous reçu des familles au bout du rouleau ?
Un petit coup de pouce, l’établissement du lien social leur a permis de souffler voire d’entrer dans un processus de reconstruction.
Les associations comme les Familles laïques qui assurent des permanences sociales, contribuent non à faire de la réparation sociale mais à donner l’envie à toutes et à tous à s’engager dans les luttes sociales.
Nous avions une association vieillissante sur Melun, le soutien apporté à plusieurs familles a permis à la fois aux personnes aidées à voir le jour, et à la fois à plusieurs jeunes de se mobiliser contre la pauvreté en assurant des permanences et en participant aux manifestations « droit au logement ».
Aujourd’hui l’association melunaise est active.
Je vais terminer cet article avec un aveu personnel :
Pendant cinquante ans, j’ai milité pour la révolution sociale, j’y ai consacré des milliers et milliers d’heures de mes temps de loisirs, ce combat je continue à le mener mais heureusement qu’à côté de ce combat, j’ai participé à l’action associative.
L’action associative m’a permis d’obtenir des résultats concrets et durables et de bâtir du solide.
Ah si les politiques qui veulent, non se faire un plan de carrière mais changer la société pour la faire plus humaine et plus solidaire arrêtaient de traverser les cités une fois tous les 5 ou 6 ans pour mendier des voix et participaient à la vie associative locale, il n’y aurait plus cette césure entre la peuple et les « édiles » !
Jean-François Chalot