Bayrou, éléments de son programme économique 2/2 : plan de relance

par Imhotep
vendredi 3 février 2012

Vous aurez peut-être remarqué que mercredi dernier Bayrou a présenté son projet en 20 points, chiffrés. Mais peut-être pas. Alors que lorsque François Hollande a présenté ses 60 propositions les télévisions et les radios en ont été pleines pendant trois jours, les journaux avec 20 articles en une, des débats, des spécialistes de tous bords des questions aux autres candidats concernant ce projet, alors que Sarkozy a monopolisé 9 chaînes, et, tout pareil, trois jours pleins de carnaval et de tintamarre, nous n'avons pas eu le droit à connaître ce que proposait Bayrou. Un peu de saupoudrage ici ou là, mais 24 heures après plus rien. Le CSA ne semble pas très pressé d'agir, s'il agit un jour, comme pour les Primaires socialistes où il a tapé sur les doigts quand tout était fini et qu'il était trop tard pour rectifier le tir et que lorsqu'il l'a été un peu cela fut pour donner la parole au gouvernement et à Sarkozy, tous les autres passant à la trappe et non au Carmel.

Vous vous souvenez sans doute de ce slogan : en France nous n'avons pas de pétrole, mais nous avons des idées. Aujourd'hui nous pouvons dire : en France nous n'avons plus d'argent, mais nous devons avoir des idées.

Je vais vous parler de quatre pistes parmi d'autres du programme de Bayrou qui n'ont pas le même impact ni la même facilité de mise en œuvre.

1- des banques spécialisées dans l'investissement des fonds propres avec deux caractéristiques : soit décentralisées, pour être auprès des entreprises pour les unes, soit sectorisées pour être spécialisées dans un domaine pour les autres ;

2- étendre le crédit impôt-recherche à l'innovation tout comme défiscalisée les pertes des Business Angels qui aident les créateurs d'entreprise ;

3- pour toute entreprise de moins de 50 salariés, la possibilité de recruter soit un jeune au premier emploi soit un chômeur si l'entreprise ne vient pas de licencier (pour éviter l'effet d'aubaine) sans charges sociales pendant deux ans. Cela concerne 2,5 millions d'entreprises et son coût serait de 2 milliards d'euros par an, ce qui n'est pas une somme ridicule, financés par la refiscalisation des heures supplémentaires ;

4- le plus gros morceau et sans doute le plus intéressant avec sans aucun doute un pari. Quelques chiffres d'abord. Le déficit du commerce extérieur est entre 60 et 80 milliards d'euros par an. En termes clairs cela veut dire que la France perd chaque année cette somme faramineuse qui va alimenter les pays qui nous entourent et fait tourner leurs entreprises. Il s'agit bien d'un différentiel, donc d'une perte nette de trésorerie de notre pays. Cet appauvrissement a des conséquences dévastatrices concernant le chômage entre autres et plus tard financières lourdes. Il suffirait que nous, Français, dans nos achats, nous changions nos habitudes pour seulement 20 % des produits provenants de l'étranger et que nous les reportions sur des produits fabriqués en France pour que cette hémorragie cesse. On peut dire que c'est comme si notre pays était une citerne qui se remplit et se vide, mais se vide plus vite qu'elle ne se remplit et comme si nous avions cinq gros tuyaux qui coulent vers l'extérieur et qu'avec un peu d'effort (nous pourrions demander à Hercule) nous détournions un des tuyaux pour qu'il ne vide plus la citerne mais alimente notre bassin à nous. Cette idée est assez simple et si nous y réfléchissons un petit peu, nous pouvons nous dire que l'effort, même financier, à faire est sans commune mesure plus faible que le bien fait à en retirer. Où se situeraient les efforts ? En fait de trois côtés. Effort du côté des entreprises pour innover, augmenter la qualité des produits, leur durabilité etc. Effort du côté des pouvoirs publics afin de mettre à la connaissance des consommateurs qui fait quoi, aider à l'amélioration de l'image de marque de nos produits, aider à l'innovation, aider au climat social apaisé, motiver les Français à consommer des produits fabriqués en France. Le 3é effort est au pouvoir des consommateurs. 

Tout d'abord, avec un label bien compréhensible si deux produits de qualité équivalente, mais dont l'un a un pourcentage de fabrication française de 60 et l'autre de 40, sont côte à côte dans un rayon, il y aura pour une partie de Français une tendance à acheter celui à 60. Il faut bien comprendre que personne ne dit que tous les Français feront ce geste, mais certainement un certain nombre, et nous pouvons prendre le pari que si cette manière de faire débute avec un début de succès, il peut y avoir un véritable effet d'entraînement. Cet effet d'entraînement poussera sans aucun doute des entreprises, pour soit ne pas perdre de marché, soit pour en acquérir, à trouver des solutions pour augmenter la part fabriquée en France. Et je suis convaincu que cela créera une autre spirale, un autre cercle vertueux. La facilité d'acheter pas cher et de ne pas se creuser la tête à savoir si on ne pourrait pas remplacer trois pièces peu chères fabriquées en Chine par une seule, plus chère unitairement mais qui peut remplacer les trois même avec un léger surcoût, à la réflexion cédera le pas. Il y aura une autre voie : modifier légèrement le produit afin de pouvoir en faire une plus grande part en France. Il y aura - et malgré les sceptiques cela a déjà commencé - une autre pression. Des entreprises qui font du 100 % français ont, elles, bien saisi le sens de ce message. Et nous voyons fleurir des déclarations qui vont dans ce sens. 

Ceci c'est quand nous sommes à prix égal. Des études prouvent que cela peut aller jusqu'à 5 % de différence de prix pour que la préférence pour un produit fabriqué en France agisse, même plus cher. Je vais émettre une hypothèse qui va en faire hurler de rire beaucoup, mais plaçons nous dans l'état d'esprit où cette idée de prendre en main notre destin, d'agir nous-mêmes sur la création d'emplois et si le pouvoir, ou même les entreprises elles-mêmes dont je vais parler, en lançait l'idée, l'impact en serait extraordinaire et ce pour pas un kopeck des fonds de l'Etat. Il serait ainsi que nous pourrions relancer l'économie sans que cela ne coûte rien mais en cela que cela apporterait en réalité 20 milliards d'euros de relance. Il faudrait être sur Mars pour ne pas avoir entendu parler de l'offre de free mobile. Et sur Pluton pour ne pas avoir entendu la riposte des autres opérateurs tant par les filiales low cost que les MVO. Je ne sais pas quel est votre cas, mais free mobile me fait gagner près de 30 euros par mois pour un service 10 fois supérieur. Autour de moi, c'est l'avalanche. Des sondages indiquent que 25 % des Français pourraient rejoindre free mobile. Mais nous n'avons même pas besoin de ça. Il semblerait que free mobile serait déjà à un million d'abonnés. Nous pouvons raisonnablement tabler qu'avec tous les nouveaux abonnements des tous les opérateurs dont les historiques ont coupé par plus de deux leurs abonnements, qu'il y aura sous peu, soit chez eux soit chez free mobile au total au minimum 5 millions d'abonnés qui auront fait, disons, 20 euros en moyenne par mois d'économie. 20 € par mois cela fait 240 € par abonné soit pour 5 millions 1 milliard 200 millions d'euros. C'est une somme colossale. C'est là où nous Français nous devons avoir des idées quand nous n'avons ni pétrole, ni argent dans les caisses de l'Etat. Imaginons - et ayons confiance - que ce surplus de pouvoir d'achat ne servent pas à acheter que des produits étrangers, mais plutôt que cette somme serve à compléter les 5 % de plus que nous devrions payer pour un produit de fabrication française. De ce fait il n'y aurait strictement aucun effort financier à faire et on a là un formidable effet de levier. 5 % cela veut tout simplement dire qu'avec un surcroît de trésorerie d'1,2 milliards cela fait 24 milliards d'achat de produits qui ne partent plus à l'étranger mais restent sur notre territoire soit plus de 33 % du déficit du commerce extérieur. Evidemment ceci est une utopie qui paraît saugrenue, cependant si cette idée toute simple, qui permettrait sans coûter un euro ni à l'Etat, ni en supplément aux Français car ceux-ci le tireraient des économies faites avec leur mobile, nous créerions un choc salutaire avec en prime une relance gratuite et sinon massive, du moins importante. Juste une idée. Toute simple. Toute bête et qui peut fonctionner. Et il suffirait que seulement 10 % de cette somme suive ce chemin pour que cela fasse quand-même 2,4 milliards de relance en France. J'imagine bien que ce regain de pouvoir d'achat pourrait, pour certains, acheter ce produit un peu plus cher que d'habitude qui leur plaît, qui est fabriqué en France mais que ceux-ci ne se sont jamais offert car il était justement 5 % plus cher. Mais, même si cela serait moins efficace car l'effet de levier serait moins fort, cela pourrait fonctionner pour des produits 10 ou 20 ou 30 % plus chers, puisque cette différence serait prise dans l'économie réalisée. Il faut voir surtout que l'effet de levier est double. Même seulement deux milliards de chiffre d'affaire cela entraîne une création d'emplois avec le double bénéfice de diminuer les versements ASEDIC et augmenter ses ressources et donc d'avoir moins besoin. Ceci à une petite échelle. mais si nous arrivons à renverser la vapeur et à au moins équilibrer le commerce extérieur par effet mécanique, si nous prenions la création d'un million d'emplois cela entraîne d'une part au salir médian à 1 400 € rétribués à 70 % par l'Assedic une dépense de 10 milliards en moins et une rentrée de charges sociales d'autant (non pour la seule ASSEDIC mais pour tous le organisme car en gros la totalité des charges représentent aussi environ 70 % du salaire). Ceci, rien que ce fait seul, de réduire le déficit de 20 milliards. Alors vouloir fabriqué en France a un impact majeur tant sur l'emploi que sur la réduction des déficits. 

Après on peut en ricaner, on peut baisser les bras, mais on peut aussi se dire, voulant nous-mêmes participer à notre sortie de crise et ne pas attendre qu'une baguette magique agisse à notre place : Pourquoi pas ?

 

 

Il nous reste un peu moins de trois mois pour nous débarrasser de ce pouvoir. Faisons notre Révolution en 2012, et avant si possible.

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