Bayrou, gourou d’une secte ?

par Imhotep
lundi 28 juillet 2008

Par au moins deux fois Jean Arthuis sénateur de la Mayenne a accusé le Mouvement Démocrate d’être un secte et François Bayrou d’être un gourou. Cela fut fait d’abord en septembre 2007 puis en avril 2008 : « On ne gouverne pas un parti comme une secte. Le MoDem, ce n’est pas le Temple solaire » (Libération). On voit que l’inconnu sénateur, chouchou des médias n’y va pas avec le dos de la cuillère. Pour lui mes mots ont un sens. Comparer un mouvement politique démocratique au Temple solaire (48 morts par balle et brûlés en Suisse, 16 morts dont 3 enfants en France par le feu), voilà qui crédibilise les paroles de l’obligé de Sarkozy. Voilà une consultation nationale au sein du Mouvement Démocrate au score chinois qui va relancer le débat.

Le Mouvement Démocrate a quelques ennemis de l’extérieur comme :

- la fameuse cellule élyséenne avec un certain Marleix, bien secondé par un Dominique Paillé (recalé aux élections législatives, recalé par la justice pour abus de biens sociaux, recalé par les prud’hommes - raison pour laquelle il avait été en retrait bien que porte-parole de l’UMP dans l’affaire Royal, le retour de flamme était trop risqué, quoique cela ne gêne pas le pouvoir d’avoir pour directeur de cabinet du ministère des Finances un certain Richard condamné pour fraude fiscale pour une peccadille de 660 000 euros dont 5 % de mauvaise foi -, mais bientôt sénateur) qui travaille au corps les sénateurs centristes ;

- la presse qui donne peu la parole au Mouvement Démocrate comme démontré ici par Voltaire et qui ne cesse de grossir les défections sans parler des ralliements comme Cap 21, Eva Joly par exemple ;

- et des ennemis de l’intérieur parmi lesquels le savaté Cavada qui s’est pris une veste aux municipales à Paris, Jean Arthuis qui a besoin des voix des sénateurs UMP pour conserver sa présidence de commission au Sénat - il a été cité par Le Monde dans la note de Dominique paillé, Thierry Cornillet qui est actuellement député européen - bien sûr ce sera plus difficile pour les prochaines élections de garder sa place, qui a rencontré en secret Sarkozy et enfin Michel Mercier, actuel trésorier du Mouvement Démocrate qui est tout à la fois centré et périphérique, un pied dedans, un pied dehors et le troisième ailleurs, qui lui aussi a rencontré au moins deux fois en secret, et une fois officiellement, Sarkozy car il aimerait bien être ministre. Lui, prudent comme un maquignon, il avait besoin d’un parachute doré, celui que vient de donner, avec les voix de certains sénateurs centristes bien intentionnés, la nouvelle constitution, car tout parlementaire pourra retrouver sans effort son siège après un passage au maroquin. Mercier vient d’avoir sa corde de rappel (il a voté pour et entraîné ses copains du Sénat à faire pareil, aidé en cela par Arthuis, une certaine Muguette Dini qui a dû distribuer deux tracts dans sa vie, être riche et notable, cela aide à être élue dans une UDF bien bourgeoise).

Ces ennemis de l’intérieur tiennent un discours que relate la presse sans jamais faire appel à un tout petit sens critique ni même à l’histoire de l’UDF qui pourtant s’est répétée, comme quoi l’histoire passe parfois deux fois les plats, discours mensonger et populiste. Le discours serait que Bayrou entraînerait l’UDF ailleurs que là où elle aurait dû aller, que le Mouvement Démocrate n’est pas démocratique et qu’eux, vestales devant l’autel politique, sont les gardiens de la flamme UDF. Mais voilà c’est faux et mensonger. Statutairement l’UDF est en voie de fusion avec le Mouvement Démocrate avec une période transitoire de trois ans.

Or c’est bien la démocratie qui en a décidé ainsi. Le 30 novembre 2007 à Villepinte, à une écrasante majorité, élus y compris, les adhérents réunis en conseil national représentatif et instance statutaire ont voté la fusion de l’UDF, ont voté pour cette fusion disparition. Ces sénateurs tiennent donc devant les journalistes copistes un discours faux et surtout agissent au nom de l’UDF alors que l’UDF ce sont les adhérents et qu’ils ont choisis eux, démocratiquement, une voie différente. Ainsi font-ils croire au public, bien aidés en cela par un manque total de sens critique, un manque total de sens historique, par les médias que ce sont eux les dépositaires du destin intime de l’UDF. Et bien cela est faux.

Mais il faut remonter un an en arrière encore. Par 92 % des voix, au congrès de Lyon de janvier 2006, l’UDF avait voté son indépendance, ce qui est par définition de la voie du rapprochement de l’UMP voulu par les peureux et les tacticiens et contraire à la démocratie interne. Aucun des matamores d’aujourd’hui n’avaient osé proposer de motion contraire, aucun. Ceci veut dire que par deux fois la majorité a dit le contraire de ce qu’ils veulent faire croire. Ils ont été lâches, ils n’ont pas essayer de se compter, mais ils savent que cela est beaucoup plus facile devant une presse fainéante, amatrice de coups de gourdin de faire les beaux et les belles. Ils sont en fait un peu minables et très couards. Cela n’est pas tout.


Le 16 avril 2008, bien que la presse en doutait, Bayrou a réuni le Bureau politique transitoire de l’UDF, instance mise en place démocratiquement le 30 novembre 2007 pour défendre les intérêts de l’UDF dans sa fusion avec le MoDem. A l’issue de cette réunion, il en est sorti que 19 voix sur 26 approuvaient la conduite de Bayrou. On voit bien que ces sénateurs, cet Arthuis, n’aiment pas la démocratie. Ils sont comme les nationalistes corses en fait. Ils mettent des bombes, n’acceptent aucune règle établie et, à chaque fois que les urnes leur donnent tort, ils crient comme des putois dans les journaux en se réclamant de l’Histoire et d’une légitimité qu’ils viennent de perdre, ce dont se contrefout la presse qui préfère la baston à la vérité. Ce sont de fieffés filous, oui. Des antidémocrates. Ils ne font pas cela gratuitement.

On l’a vu : Arthuis : sa présidence de commission, Mercier, son maroquin, son coupe-fil et ses motards, Cavada, enfin être élu car à la dure il n’y arrive pas et Cornillet, comme il n’est plus rien nulle part et qu’il va être éjecté aux européennes, il se cherche un point d’atterrissage. Et les autres sénateurs, il y en a qui sont aussi présidents de commission (donc besoin des voix UMP), et d’autres qui sont sur un siège éjectable, donc ont besoin aussi des élus UMP en septembre pour le renouvellement partiel du Sénat. C’est connu, tous les lâches et tous ceux qui veulent sauver leur peau se cachent derrière des beaux slogans. Du reste ceux-là on ne les a pas entendus pour les fameux 45 millions d’euros de préjudice moral dans l’affaire Tapie. Ils doivent cautionner.

Mais, si vous regardez avec les arrivées de Cap 21, de Benammias, d’Eva Joly, de 30 000 adhérents, cela fait peu qui partent et beaucoup qui arrivent. Bien sûr, il y a moins d’élus qui arrivent, mais il y en a eu de nouveaux aux municipales, même si c’est peu, mais surtout un bon renouvellement avec au moins 30 000 nouveaux arrivants. A mon avis, sans être devin il doit y avoir, à mon sens et sans risque de me tromper, plus de personnes de valeur dans 30 000 personnes arrivantes que même dans une centaine partante. C’est mathématique.

Il faut bien que je me décide à vous parler de ce fait qui va faire dire que Bayrou est le gourou de la secte modémique. En effet, au sein du Mouvement Démocrate il a été lancée une consultation. Libre à tous de présenter une contribution. Les courageux révolutionnaires, ceux qui se sont regroupés derrière la bannière Arthuis, présents à une réunion avec comme égérie la belle Christine Boutin et son positionnement politique très gauchiste, Cavada pour ramasser des miettes, message de Mercier, au Sénat pour lancer la bataille perdue d’avance car juridiquement impossible de relancer l’UDF et qui a fait un flop retentissant au niveau des médias (personne n’en a parlé, sauf un entrefilet ici ou là, il est vrai qu’Arthuis n’est connu que des couloirs du Sénat, de ses tailleurs anglais et des journalistes qui lui donnent la parole chaque fois qu’il peut brailler contre Bayrou). Ces courageux révolutionnaires, pour la troisième fois, ont joué la démocratie du genre courage fuyons. Ce que je veux dire c’est qu’ils n’ont pas présenté de contribution. Rien. Nada. Pas un mot.

Il y a eu une possibilité avec Cornillet et deux autres rebelles, mais cela a été aussi loin que la candidature de Jean-Christophe Lagarde à la tête du NC, juste pour la galerie et cela reste dans les cartons. Le courage n’est pas donné à tout le monde. Aboyer comme un roquet cela est facile, se compter au sein des adhérents, cela est nettement plus compliqué. Donc il n’y a qu’une seule contribution, celle de François Bayrou.

Résulat
des courses :
Nombre de votants : 15 629 (enveloppes reçues dans les délais)
Nombre de suffrages constatés : 15 626
Blancs et nuls : 168
Suffrages exprimés : 15 458

Contribution de M. François Bayrou
J’approuve 15 322
Je n’approuve pas 136
ce qui fait par rapport aux suffrages constatés : 98,05 % des voix pour, 0,875 % contre et 1,075 % de blancs ou nuls
et par rapport aux suffrages exprimés : 99,12 % pour et 0,88 % contre.

Que peut-on en conclure ? D’abord que le taux de participation est de plus de 25 %. Et d’après ce que je peux voir 15 629 votants dans l’absolu c’est plutôt impressionnant. Il n’y avait pas de possibilité de vote électronique. Ainsi pas de contestation possible. En pleines vacances, avec un effort supplémentaire à faire le score en soi c’est assez beau. Pour le score obtenu par la contribution de Bayrou c’est évidemment un raz de marée. Cela prouve que leurs théories, qui n’ont pas pu s’exprimer faute de contribution, n’ont même pas trouvé preneur par un vote de rejet de celle de François Bayrou, ce qui aurait dû être le cas de façon plus significative si leur poids et leurs arguments avaient une quelconque valeur démonstrative, ce qui entre parenthèses contredit le discours ambiant des journalistes, parce que trois ou quatre militants bavards, et se disant eux aussi très forts, dénoncent avec la complaisance de la presse la fausse démocratie interne, thèse qui dirait que l’opposition est forte au sein du MoDem.

Où sont les divisions de ces opposants ? Ils avaient l’arme de la désapprobation. Ils sont en fait bien plus forts par les mots que par l’adhésion des autres adhérents à leurs paroles relayées avec amplification par les médias. La preuve en est faite et de façon éclatante. Cela prouve que les opposants internes, ceux qui font une certaine masse dans les élus sont complètement contredits par l’immense majorité des adhérents. Et s’ils respectaient la vraie démocratie ce mot qu’ils ont en bouche sans arrêt pour justifier leur trahison, ils devraient choisir tout simplement entre deux voies : 1- se plier à cette majorité, ce qui ne veut pas dire être d’accord avec tout, ni ne pas discuter en interne, mais ne pas haut-parler de façon discordante en externe ou 2- aller voir ailleurs, ce qui me plairait le plus.

Avec 99 % des militants votants qui soutiennent la voie de Bayrou, la perte de quelques vieux barbons, élus par combinaison apporterait plus au mouvement démocrate qu’il ne coûterait. Ils sont un poids lourd et malfaisant. Les journalistes feront leur gorges chaudes de ces départs. Bon et alors. Cela durera un temps. Mais après ? Oui après si les européennes donnent un nouveau souffle au MoDem, cela positionnera le mouvement de façon plus favorable pour les régionales. Et de là, dans deux ans la reconquête de l’électorat sera plus facile. Il est à noter qu’en dehors des adhérents, Bayrou est encore et de loin parmi les leaders politiques les plus appréciés.

Lors d’une émission de RMC la semaine dernière à la question entre Ségolène Royal et François Bayrou quel est le meilleur opposant à Sarkozy le score était sans appel : 72 % pour François Bayrou. De plus, on va finir par se rendre compte qu’il avait raison pour : le déficit, la mainmise du pouvoir sur la presse, la collusion entre le pouvoir et les hommes d’argent, la fracture dans la population. Et ce n’est pas parce quelques seconds couteaux comme les Arthuis, Cavada, Mercier, Cornillet quitteraient le navire que cela plomberait l’avenir. Au contraire. Ils pèsent en permanence par leurs coups de bazooka. Autant qu’ils tirent sur nous de l’extérieur que de l’intérieur. Bien sûr les tenants de la thèse de la secte (rappelez-vous la comparaison avec le Temple solaire) va trouver à redire à ce score. Il n’y a pas d’argument contre la bêtise absolue.

La contribution de François Bayrou


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