Bénévoles riches et retraités : le nouveau monde ?

par YoannNotedEsprit
samedi 9 décembre 2017

Quand Christophe Castaner déclare que le nouveau monde politique serait celui des bénévoles à plein temps, riches ou retraités, on rappelle que NON : être Serviteur de l'État, ce n'est pas l'affaire des riches ou des retraités, mais l'affaire de ceux qui ont les reins assez solides pour s'oublier soi-même, ne pas chercher à "faire carrière" et pour placer le Bien de l'Ensemble avant tout intérêt partisan...

"Je suis porte-parole d’Emmanuel Macron pendant la campagne électorale de 2016, Secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement, ancien porte-parole du gouvernement d’Édouard Philippe et récemment appointé…
euh, élu délégué général de La République en Marche.
Je suis… Je suis…"

... fier et amoureux !

Christophe Castaner témoignait récemment dans une émission de grande écoute, de son « job » en tant que « militant actif » (fraichement désigné chef de parti LaREM) et de sa « fierté » d’homme politique dans le gouvernement d’Emmanuel Macron.
Pas d’argument ad hominem ici, donc laissons à l’homme sa fierté et ses sentiments amoureux (même si l’émotionnel des individus ne devrait pas interférer en politique, mais c’est un autre sujet…), et intéressons-nous plutôt au cœur du véritable enjeu politique : le SERVICE.

À la question qui lui est posée sur le sempiternel cumul des mandats et sur le possible conflit d’intérêt que cela représente manifestement, entre un poste de Ministre (l’homme de tous les Français) et celui de chef de parti (l’homme d’un seul clan), voici ce que répond le représentant publique :

« Peut-être que le nouveau monde, c’est d’être chef de parti, bénévole à temps plein, de ne pas travailler et d’avoir un peu d’argent… Ce n’est pas mon cas.
Vous travaillez, vous êtes rémunéré pour cela. Moi, je suis père de famille, mon épouse travaille, j’ai deux filles, j’ai besoin d’une rémunération. J’ai fait un choix : devenir député et il y a une rémunération en face. Si vous décidez que la fonction politique doit être bénévole et faite à temps plein, vous assumez soit que vous avez des personnes riches, soit des retraités… »

 

Réponse refusée !

Disons-le clairement : nous n’avons rien contre M. Castaner ! Cet article n’a pas pour vocation de lui nuire personnellement. Mais…

Quand la figure politique véhicule des idées fallacieuses, d’autant plus fausses qu’elles se voudraient progressistes, car « en marche ! » vers le soi-disant nouveau monde, il convient de repousser vivement ces affirmations avant qu’elles ne pénètrent le mental des individus et qu’elles ne finissent par s’y installer comme une idée douillette... Ce serait nuire à l’ensemble que de laisser courir dans les esprits des idées conformistes de gens bien-pensants, alors même que nous cherchons dans cette nouvelle ère l’éthique en politique et la Vérité en toute chose.

 

L’ancien monde

Comme beaucoup (trop !) de ses prédécesseurs (Sarko, Chirac, etc.), M. Castaner nous joue la grande symphonie du nouveau monde politique, à visage humain, affectif et désintéressé. En l’écoutant, on devine que la dimension politique n’est pas une « mécanique », qu’elle est avant tout « humaine » et « affective » et que pour s’y engager, il faut se « priver de [sa] vie personnelle… »

Mouais… Ça sent pas vraiment le grand sacrifice tout ça !

Car à la loupe de la réalité froide et objective (beaux sentiments et discours mis de côté), on se rend compte que M. Castaner, comme tout homme politique avant lui, cumule les mandats et botte en touche dès qu’on lui oppose le carton rouge du conflit d’intérêt.

De là, difficile d’avaler tout cru le discours du nouveau monde, même après une maigrichonne loi de moralisation qui ne s’attaque pas au fond du problème… Les lois passent, mais les mentalités demeurent.

Ce qu'on remet en cause : l’exemplarité des élus.

 

Montrer l’exemple

Et si, au lieu de formuler des vœux pieux et de réaliser des mises scène de signature de loi de moralisation, on voyait plutôt des élus se comporter… en Serviteurs de l’État  ?

Et si, au lieu de continuer à nous faire croire qu’il faut réussir dans la vie, avoir de l’ambition pour monter les échelons, on nous inspirait à réussir notre vie et à élever notre esprit ?

Et si, au lieu de laisser les politiciens faire carrière en politique, nous leur apprenions à se comporter comme d’authentiques serviteurs du Bien commun ?

ET SI la « science des affaires de la Cité » (politique) devenait le fait de chacun, de la société civile dans son ensemble et non plus d’une frange de nantis ?

En somme : et si les justes relations commençaient par des élus qui se comportent en véritables sages, au service du Bien de l’ensemble, pour montrer l’exemple et ouvrir la voie vers le « nouveau monde » ? Voilà qui serait inspirant !

Qu'est-ce qu'un serviteur ? En politique, comme dans la vie, c'est un être qui pratique l'abnégation et l'oubli de soi (sa personnalité, ses intérêts personnels) et qui consacre tous ses efforts et sa volonté à faire émerger le Bien pour l'ensemble ET PAS seulement pour quelques catégories partisanes. Il veille à l'équité, au juste et à effacer son orgueil derrière l'humilité de la tâche qui lui incombe.

Vu ainsi, ce n'est pas donné à tout le monde de se lancer en politique... Et pourtant, la plupart continuent d'y faire carrière. Cherchez l'erreur...

 

Riches retraités : nouveaux bénévoles de la politique ?

"... Si vous décidez que la fonction politique doit être bénévole et faite à temps plein, vous assumez soit que vous avez des personnes riches, soit des retraités… »

Alors non, Christophe (ça y est, on est devenu pote depuis qu’il a tout plaqué, femme et enfant pour servir les Français !), on ne peut pas te laisser nous enfumer comme ça : la fonction publique, pour être juste et saine, ne requiert pas des serviteurs blindés de thune (syndrome Trump), ni des retraités désœuvrés ou des vieux grabataires (syndrome Bouteflika) !

 

Peut-on seulement envisager rationnellement qu’il y ait un espace entre le riche et le retraité, un espace citoyen, empreint de bon sens et surtout désintéressé ? Pourquoi faudrait-il choisir entre le riche ou le vieux ? Est-ce à dire que la gestion de la vie en commun dépend forcément de l'âge ou du niveau de richesse matérielle ? N' y aurait-il qu'un désert entre ces deux extrêmes ? Qu’est-ce qui empêche d’assumer une fonction de service pour l’ensemble, sans parti pris, sans conflit d’intérêt, sinon l’ambition de réussir dans la vie (ambition matérielle) qui entrave aussitôt toute possibilité de dévouement, de don de Soi et de Liberté ?

Évidemment, cette 3e voie à laquelle prétend s’identifier LaREM, n’aurait aucun intérêt propre à exercer le pouvoir (n’y à y rester), n’entretiendrait aucun collusion avec des milieux privés, financiers ou autre (suivez mon regard vers la Rothschild, n'est-ce pas Emmanuel) et n’aurait aucune ambition personnelle à « monter en grade », car cela nuirait à la vision du Bien commun.

Cette 3e voie est celle des justes relations, la base même de la nouvelle civilisation et que les politiciens peinent imaginer, car elle annoncerait ipso facto la perte de leurs avantages et la fin de leur carrière.

Mais peut-être verrait-on mieux leur véritable « amour » pour la politique, une fois dépouillés des privilèges qui pèsent sur eux… Pauvres politiciens : ces militants bénévoles non rémunérés !

À vous, politiciens de tous bords, ayez donc de l’audace : osez le (vrai) Service !


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