Bernard Stiegler : le Jules Verne de l’urgence climatique

par uleskiserge
mercredi 22 juillet 2020

 

Si nul ne peut douter de son honnêteté et de sa sincérité, sachez que le bilan carbone de Bernard Stiegler est sans doute un des pires parmi ceux qui se sont donné pour mission de sauver la planète ; instable, très agité, ne tenant pas en place, Stiegler prend l'avion 20 fois par an, pour la Chine, l'Amérique du Sud, l'Inde (jadis les USA) car Stiegler a la faiblesse de penser que « l'urgence climatique » ne peut pas se passer de lui et les pays pré-cités non plus. C’est vous dire...

 

         (Les Chinois le réclamerait donc à cor et à cri ? – « Bernard ! »)

 

Car si le mal-être de milliards de nos frères humains trouve refuge dans l’hyper-consommation, force est de noter que d’autres semblent avoir trouvé comme porte de sortie : un investissement compulsif dans « l'urgence climatique ».

 

Cela dit, il faut reconnaître que Stiegler a beaucoup bossé. Il a beaucoup appris. Autodidacte, ne rechignant pas à se voir reconnaître par l'Université et ses chercheurs ( "Tu es des nôtres Bernard, tout va bien !") ainsi que par le milieu scientifique, sa propension au « name-dropping » - un nom d’auteur et de scientifique toutes les 30 secondes - laisse à penser qu’il a bien dû y travailler autant de jour que de nuit à cette « urgence climatique » car, Stiegler ou pas, il y a bien 24h dans une journée, et ce pour nous tous.

 

Il a chez lui quand même une grosse lacune : sa sous-évaluation des capacités du Système - qui décide depuis la révolution industrielle du 18è siècle de ce qui est à produire, comment il doit être produit et par qui ; ainsi que de ce qui est à consommer, comment et en quelle quantité -, à contrer toute démarche visant à le remettre en question sans son accord et à tenter de lui forcer la main car, nul doute, le Système bougera en temps et en heure – comprenez : à son temps et à son heure - gardant à l’esprit que le « Système » n’est ni kamikaze ni ignorant : voyez ! les GAFAMS s’y préparent déjà, et nous préparent déjà, à cette remise en cause.

 

Quant à Greta Thunberg dont il est fait mention dans cet entretien, ce qui est insupportable c'est l'insistance avec laquelle des médias sans morale, médias dont les propriétaires milliardaires sont directement impliqués, de par les intérêts qui sont les leurs, dans la destruction de notre environnement, relaient, la larme à l’œil, avec commisération donc, ses interventions ; alors que dans les faits, en dehors d'une recherche effrénée et jamais assouvie d'une audience la plus large possible, les médias n'ont que faire de cette adolescente dépressive depuis son plus jeune âge (à ce sujet, il serait bon d'en savoir un peu plus sur son environnement familial : ses parents pour commencer) !

 

Aussi, ne nous y trompons pas car ces médias n’auront aucun scrupule, quand le moment sera venu, sur ordre, à la déclarer « cinglée » et manipulée.

 

Deuxième écueil : encourager une adolescente à porter un tel fardeau, celui de « toute la misère environnementale du monde », ne peut que conduire cette dernière à plus de ressentiment et d’état dépressif ; aussi, on ne peut plus nier qu’il y a autour de cette figure maintenant mondiale des forces irresponsables d’entreprises anthropophages qui semblent disposées à sacrifier sur l’autel de « l’urgence climatique » porteuse d’enjeux économiques et idéologiques présents à et à venir colossaux, cette jeune fille.

 

          (Mais alors, que font les parents ? – « Et les services sociaux !!! »)

 

 

On pourra aussi reprocher à Stiegler ce qui suit : son oubli de l’effondrement lent mais certain, l’épuisement des ressources intellectuelles et morales (l'entropie chère à Stiegler ) auxquels il nous est donné d’être les témoins : dans la classe politico-médiatique (classe aujourd’hui indissociable), dans la culture, les arts, la responsabilité des adultes vis-à-vis des enfants qu’ils mettent au monde… car il n'y a pas que le climat qui pâtit d’un mode d’organisation de l’existence non-soutenable.

Autre reproche : cette confiance aveugle de Stiegler en la communauté scientifique alors que nous tous savons que la cloison étanche entre la science et le profit privé en monnaie sonnante et trébuchante est tombée depuis une bonne trentaine d’années. Le Covid-19, la bataille d'experts stipendiés, les comités dits « scientifiques » censés faire preuve d’impartialité, de compétence, d’indépendance et désintéressement, la revue The Lancet et cette étude commandée par Big-pharma et publiée avant son retrait, sont là pour nous le rappeler avec force.

Tout compte fait, et en comptant bien, avec Stiegler il est tout de même question, trop souvent, d’un « y'a qu'à, faut qu'on ». Quant au « comment » établir un rapport de force susceptible d’exercer une influence, voire un contrôle, sur ce qui se décidera demain et quand cela se décidera … silence. Pas un mot.

 

Mais alors, « y’a qu’à » quoi et « faut qu’on » quoi ? Elire des hommes et des femmes qui ne nous sont pas donnés à élire ?

 

Stiegler et ses voyages autour du monde, tel un Jules Verne de « l’urgence climatique » (une « fuite en avant » qui relèverait de l’ontologique  ?) oublient non seulement qu’à chaque jour suffit sa peine mais aussi ce qui suit : ce qui nous sauve et nous sauvera, c’est ce qui est proche de nous - toujours ! – voire très proche, ainsi que le refus de la disparition de cette proximité.

 


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