Bertrand Delanoé, l’espoir

par Emmanuel Goldstein
jeudi 2 juillet 2009

Face à la cacophonie des caciques socialistes, un seul se distingue par un activisme des projets, une concentration sur l’action politique concrète : Bertrand Delanoé. Retour sur une réussite politique, prospective sur un espoir d’alternance.

1er juillet 2009. L’opposition est dans les limbes. La raclée des européennes a fait son oeuvre. La gauche reste divisée et doit encore se décider sur son candidat aux présidentielles de 2012. Cela se fera démocratiquement, comme à chaque désignation. 
 
Manuel Valls, le candidat des blancs, des whites, des blancos mais pas des socialistes, est sorti du bois. Pierre Moscovici se prépare à prendre la succession de DSK, sans grande envergure, ni véritables propositions. Ségolène Royal continue d’abreuver les militants de spams massifs pour le moindre salon de thé politique organisé par son comité. François Hollande se veut le candidat des idées, sans dire lesquelles ; et les idées c’est bien, les projets c’est mieux.
 
Dans ce concert de médiocrité, l’action politique de Bertrand Delanoé se distingue à de nombreux égards.
 
Bertrand Delanoé est le seul à rester concentré sur son action politique municipale. Ce ne sont pas moins d’une dizaine de milliers de projets qui sont en cours de mise en oeuvre à Paris. De la politique culturelle massive, permettant aux parisiennes et aux parisiens de bénéficier d’un socle fort de sociabilité autour de milliers d’évènements par an, à la politique sociale extrêmement diversifiée en direction tant des plus jeunes que des personnes âgées, en passant par une politique efficace mais respectueuse des droits en matière de sécurité, la municipalité socialiste de Bertrand Delanoé est un combat acharné de tous les jours pour réaliser son programme de campagne. Le tout, dans la concertation, avec des comptes rendus de mandat réguliers dans les arrondissements, et les Conseils de quartiers qui font vivre la démocratie participative locale. 
 
C’est le seul qui a mis en action cette "pyramide" de ce qui est nécessaire pour gagner :
1) Des valeurs et principes
2) Une réflexion et des idées
3) Un programme cohérent et ambitieux
4) Des projets d’action concrète, diversifiés, en direction de tous les publics
5) L’énergie pour surmonter les obstacles dans l’accomplissement des projets concrets. 
 
Grande réussite de l’action municipale actuelle, la politique du logement, menée par Jean-Yves Mano, qui a piloté la création de 30 000 logements nouveaux entre 2001 et 2008 (deux fois plus que les mandats précédents, avec une situation foncière très difficile à Paris), et est en passe de réussir le pari des 40 000 logements nouveaux entre 2008 et 2014, ce qui est énorme pour Paris, "la plus petite des grandes villes" européennes. Naturellement, étant donné l’éternel différentiel entre la demande et l’offre de logement (120 000 demandes depuis des décennies), le 100% ne pourra jamais être atteint. Mais c’est déjà près d’un quart de cette demande qui a été résorbée, et les 20 % de logements sociaux seront atteints en 2014 à Paris. Qui plus est, contrairement aux pratiques anciennes qui avaient cour dans les municipalités, et où les attributions de logement servaient à organiser un clientélisme électoral, l’attribution des logements sociaux se fait maintenant au travers d’une commission pluraliste (où siègent des élus de l’opposition) transparentes et mettant l’accent sur les situations sociales les plus dramatiques (restes à vivres les plus limités). Cette politique éminemment volontariste, qui fait autant place aux classes moyennes qu’aux plus nécessiteux, est structurée par deux logiques complémentaires, qui participent de la qualité de vie : la logique environnementale, avec la démarche Haute Qualité Environnementale (HQE) et la logique d’accessibilité afin que les handicapés et les personnes âgées dépendantes ne soient pas laissés de côté. 
 
Les rénovations entières de quartiers qui étaient auparavant laissés à l’abandon se font selon des normes environnementales, sociales, architecturales qui répondent non seulement au besoin de mixité sociale (qu’on pense aux logements sociaux dans le XVIème arrondissement) mais aussi à celui d’esthétisme, grand oublié des projets d’aménagements du siècle dernier. Qu’il s’agisse de la rénovation des Batignolles à la ZAC Bedier Boutroux dans le XIIIème ou encore la rénovation du quartier du Parc de Bercy avec la Cour Saint Emillion, le parisien voyageur est souvent surpris de la qualité esthétique des projets qui sont mis en oeuvre. La grande tour pyramidale serait une cerise le gâteau de Paris, devenue une métropole en pointe en matière de qualité de vie. En fait, c’est tout l’Est parisien qui a été rénové pour en faire un Paris accueillant, après des siècles d’oubli et de laisser aller. 
 
Les plus grand défis d’aménagements ont été relevés, alors qu’il va de soi que les difficultés sont nombreuses : superficie de Paris très limitée par rapports aux autres grandes villes européennes, mobilisation de riverains des beaux quartiers qui refusent que l’on fasse de la mixité sociale chez eux (phénomène "NIMBY", not in my back yard), difficulté de trouver des projets architecturaux qui tiennent la route, etc...
 
Les politiques sont nombreuses en direction des familles, afin de limiter la fuite hors de Paris. Crèches, établissement d’accueil et d’hébergement pour personnes âgées, écoles en augmentation, bibliothèques, stades rénovés, théâtres rénovés, immeubles insalubres rénovés, centres artistiques rénovés, hôpitaux en augmentation.
 
La place a également été faite aux jeunes, par la municipalité. Paris jeunes solidaires, Paris jeunes Talents, Paris jeunes aventuriers se sont retrouvés, par centaines, à l’Hôtel de Ville ce premier juillet, pour la nuit Paris jeunes. Mais ce n’est pas tout. Plusieurs millions d’euros ont été mis à disposition pour les jeunes entrepreneurs, car le socialisme, ce n’est ni l’assistanat, ni la pauvreté ; c’est au contraire la réussite économique mise au service de la cohésion sociale. Par ailleurs, il suffit de se balader à l’Hôtel de Ville en journée pour se rendre compte que des milliers d’emplois ont été ouverts, à tous niveaux de responsabilité, à des jeunes entre 20 et 30 ans, comme un effort pour refuser la logique diffuse aujourd’hui dans la société contemporaine, qui veut qu’on les laisse de côté. C’est en partie grâce à ce volontarisme palpable en direction de la jeunesse que la hausse du chômage, pendant cette crise, a été contenue par rapport au reste de la France. 
 
Intergénérationnelle, l’action de la municipalité s’est également fortement orientée vers les personnes âgées, les retraités, qu’on appelle aujourd’hui les seniors ou les aînés. Nos vieux ! Un nombre assez impressionnant de services sont proposées aux vieux, à Paris. Les Points Paris Emeraudes les orientent vers les clubs seniors, hauts lieux de sociabilité, et vers la diversité d’activités culturelles, sportives et sociales qui leurs sont proposées. Naturellement, l’aspect médico-social n’est pas laissé de côté : Ce sont en tout 2200 places d’hébergement en établissements pour personnes âgées dépendantes, 300 places d’accueil de jour et 500 places d’accueil en maison relais qui sont construites en plus pour nos aînés. 
 
Les transports ont également connu une grande révolution. Un métro toutes les 3 minutes aux heures de pointe sur toutes les lignes. Les couloirs de bus, critiqués, ont permis aux 75% de parisiens qui utilisent les transports en commun de bénéficier d’un plus grande rapidité des bus. Certes, il est loisible de critiquer l’usage unique de l’effet de dissuasion d’usage de la voiture, implicite dans cette politique des couloirs de bus. Et à maints égards, il est vrai que l’on pourrait réfléchir à un système permettant aux voitures de pouvoir utiliser ces couloirs lorsque de embouteillages se créent. Mais les parisiens ont appris à n’utiliser leur voiture que pour les déplacements les plus nécessaires, et à utiliser le dense réseau de transport public pour le reste. Assurément, l’investissement, et la réussite du Vélib montre que la voiture n’est pas la "petite reine" de la majorité socialiste et plurielle, mais plutôt une Marie Antoinette qu’au lieu de guillotiner, on aurait ramené à un état de "citoyenne comme les autres". 
 
Rien n’a été laissé de côté, et le tout, sans augmenter les impôts entre 2001 et 2008. Avec honnêteté, Delanoé a admis pendant la campagne municipale de 2008 qu’il augmenterai les impôts sur une base à un chiffre et il a scrupuleusement respecté les taux promis, contrairement à certains qui, élus sur leurs programme économique de droite, surfent sur un programme économique totalement laxiste - je pense à Nicolas Sarkozy. Assurément, la maîtrise des dépenses publiques fait partie du logiciel socialiste depuis Lionel Jospin, ce que confirme la politique financière de Bertrand Delanoé, qui vient de valider 23 millions d’euros d’économies pour faire face à la crise immobilière et à la baisse de recettes qu’elle implique. 
 
Mais outre la politique de Bertrand Delanoé, c’est sa personnalité qui fait la différence : un brin autoritaire (c’est la raison pour laquelle il a perdu le congrès, ce qui n’est pas une mauvaise leçon et tous les leaders sont passés par un échec salvateur - je n’ai pas voté pour lui en interne, et je ne le regrette pas car je pense qu’il se serait usé dans les logiques d’appareil), Bertrand Delanoé est assurément le meilleur orateur du Parti Socialiste. C’est un homme qui sait garder la tête froide et les épaules droites dans les moments cruciaux, contrairement à Ségolène Royal, qui s’est effondrée le soir du premier tour en 2007. De l’Autorité, pour gouverner, motiver, bousculer l’administration parisienne avec en point de mire l’action et le refus de l’immobilisme de gauche, il en faut. C’est encore plus vrai pour l’administration de l’Etat. 
 
Bertrand Delanoé, c’est une personnalité qui sait convaincre, concrètement, argumenter et pas se perdre en envolée lyriques, en propos convenus d’avance, en promesses intenables ou encore dans des postures colériques ridicules. Son programme est calibré à l’avance pour être sur d’être tenu, contrairement à un Nicolas Sarkozy qui propose les subprimes en France pendant l’élection présidentielle, sans probablement savoir de quoi il s’agissait. 
 
Il en veut, il sait où il veut aller et pourquoi, et quand il décide d’y aller, tous les obstacles sont méthodiquement combattus ou convaincus. 
 
Reste une question : en a-t-il envie ? Nul ne le sait, pas même probablement les membres de son cabinet. C’est peut-être l’objet de cet article : lui montrer qu’il y en a, parmi les militants de base qui croient en lui et pour qui sa politique, sa concentration sur les projets concrets, sa méthode, et ses succès créent un grand espoir d’alternance pour 2012. 
 

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