Besson, Allègre et le nucléaire
par Loone
lundi 19 mars 2007
Après Claude Allègre, un autre proche de Jospin fustige Ségolène Royal. Pourquoi tant de haine ?
Les déclarations presque simultanées de MM. Besson et Allègre sont conçues pour faire mal, à un instant important de la campagne de Ségolène Royal. Cette coïncidence laisserait penser que cette bordée est coordonnée, surtout si on pense qu’elle pourrait permettre à M. Bayrou de passer l’épaule. Au-delà de ces considérations tactiques surprenantes pour des socialistes, comment sont motivées leurs attaques ?
Deux lignes fortes peuvent être discernées : la méfiance et le progrès. La méfiance tout d’abord : Mme Royal serait un monstre dangereux, capable de berner tout le monde pour asseoir un pouvoir personnel arrogant et autiste. Rendez-vous compte : elle peut "modifier son texte, à l’inspiration du moment" et s’écarter de ce qui est écrit !
Ce premier point appelle deux remarques de forme : l’ancien ministre de l’Education nationale a poussé assez loin l’arrogance et l’autisme pour que la diatribe de son compère ait beaucoup d’effet, ensuite c’est pour le moins "abuser de démagogie" que d’invoquer les clichés de l’homme politique retors et avide de pouvoir.
Le progrès ensuite. Mme Royal serait mue par une "détestation sourde de la modernité, de la science, de la raison et du progrès". Pour M. Besson, ne souhaite-t-elle pas "tuer" le nucléaire et forcément par là "hypothéquer notre avenir industriel" ? La "diabolisation morale de ceux qui s’opposent au bien" me paraît pour le coup dans le camp de MM. Besson et Allègre. Il nous faut d’ailleurs croiser avec les propos de M.Allègre le13 mars sur RTL au micro de M.Apathie pour avoir le bon sens de l’Histoire : le nucléaire ("la meilleure source d’énergie propre"), les OGM ("la seule manière pour maintenir l’agriculture française") et les cellules souches. Ce serait même cette croyance aveugle dans un scientisme mortifère et aventureux qui formerait le socle idéologique du socialisme ! Vive la merveilleuse pollution soviétique, avenir millénaire de l’humanité, gloire à Tchernobyl et mort aux rats !
Ce deuxième point appelle une considération de fond. Je pense que la vision du progrès proposée par Ségolène Royal est plus intéressante car plus équilibrée, et sa vision du progrès repose sur trois dimensions complémentaires : économique, sociale et écologique. Il ne s’agit pas d’un repli écologique frileux, voire réactionnaire, qui serait un simple écho de la fuite en avant de la technostructure, mais il s’agit d’intégrer la contrainte écologique de façon radicale pour transformer les rapports économiques et sociaux dans un contexte où l’innovation dans ces trois dimensions soit réellement une priorité et une réalité pour tous.
Enfin, que Ségolène continue de s’écarter de ses discours. C’est là qu’elle est la meilleure, c’est là qu’elle caresse les forces, forcément dangereuses, qui pourront la porter au pouvoir.