Bettencourt : la lettre qui conforte la comptable

par Imhotep
samedi 4 septembre 2010

Comme il faut sauver le sous-marinier Woerth  Le Figaro et le pouvoir lancent une nouvelle attaque, qu’ils croyaient sanglante et mortelle, contre la comptable. Il s’agissait pour eux de démontrer que le témoignage de Claire T. n’étant pas crédible car achetée par François Meyers Bettencourt dans ce qui l’oppose, non réellement à sa mère, mais à Banier et à tous ceux qui profitent d’une faiblesse qui semble avérée de cette dernière, elle ne le serait pas dans son témoignage sur les enveloppes kraft et les 150 000 € qui auraient été remis à Woerth par Maistre.

Vous trouverez le lien en bas d’article du Figaro qui produit cette lettre. Je vous mets ci-dessous son intégralité transcrite, comme cela il n’y aura pas de doute quant au texte.
 
Françoise BETTENCOURT MEYERS
Neuilly, le 11 juillet 2007
Madame Claire T.
Chère Madame,
Nous vous remercions de la confiance que vous avez bien voulu nous témoigner en nous faisant part des diificultés auxquelles vous êtes confrontées depuis plusieurs mois dans le cadre de votre collaboration avec Madame BETTENCOURT.
 
Les informations dont vous avez bien voulu nous faire part corroborent par ailleurs nos soupçons s’agissant notamment de l’attitude abusive de certaines personnes de l’entourage de Madame BETTENCOURT.
 
 
Nous pouvons imaginer la situation délicate dans laquelle vous vous trouvez et sommes de ce fait sensibles à votre engagement de nous apporter, le moment venu, votre concours et nous vous en remercions.
 
Nous comprenons cependant les craintes qui sont les vôtres quant à l’évolution prochaine de cette situation et aux conséquences que celle-ci pourrait avoir sur votre situation personnelle.
 
Compte tenu de votre ancienneté, de votre niveau de rémunération et de votre âge et au regard de certains précédents dont vous nous avez fait part vous nous avez indiqué que vous estimer pouvoir raisonnablement prétendre, en cas de licenciement, â une indemnité de rupture, en sus de votre préavis et
de votre indemnité de licenciement d’un montant de 800.000€ nets.
 
Afin que vous soyez pleinement rassurée pour l’avenir, nous prenons l’engagement par la présente de vous payer la différence entre lïndemnité de rupture que vous percevriez et cette somme de 800 000 euros nets, étant précisé que vous noue avez indiqué que votre contrat de travail prévoit une indemnité de rupture, même en cas de taure grave, d’un montant correspondant à deux années de salaire soit, en l’état, 260.000 € nets complétés par l’indemnité légale de licenciement. La somme que vous devriez recevoir au moment de
votre licenciement devrait donc être de l’ordre de 300 000 euros nets, et ce par la simple application de votre contrat (sans tenir compte des precedent).
 
 
Cela revient à dire en clair que, sauf en cas en cas de mauvaise foi manifeste de votre part dans l’exécution du présent accord, si vous deviez dans ce contexte faire l’objet d’un licenciement, nous prenons l’engagement formel de vous régler personnellement et sans délai le complément éventuel entre la somme qui vous serait réglée par votre employeur à titre d’indemnité de rupture dans le cadre de ce licenciement et celle de 800.000 € nets.
 
Bien entendu, la présente lettre er son contenu doivent rester strictement confidentiels et nous avons pris bonne note de votre engagement de préserver cette confidentialté.
 
 
Nous vous prions de croire, chère Madame, en l’assurance de nos sentiments distingués et reconnaissants.
 
Françoise BETTENCOURT MEYERS
 
 
 
La Pravda veut nous faire croire à une information aussi fraiche que la laitue du jour. Or cette information est vieille de plus d’un mois et demi. Il est particulièrement incroyable que des journalistes sérieux aient pu écrire un tel article. En voici deux passages convaincants : Le document jette un coup de projecteur cru sur les liens entre l’ex-comptable de Liliane Bettencourt, témoin clé de l’affaire Bettencourt, et Françoise Meyers, fille de la milliardaire. Il s’agit d’une lettre que Claire Thibout, l’ancienne comptable, a elle-même livrée à la magistrate Isabelle Prévost-Desprez, après que les enquêteurs ont découvert le versement sur son compte de deux chèques de 200.000 euros
[…]
Pour Me Georges Kiejman, avocat de l’héritière de L’Oréal, l’existence de cet accord discrédite les accusations de Claire Thibout, qui a d’ailleurs bien touché l’indemnité promise. Crédibilité également mise à mal par le fait que la comptable aurait joué un rôle actif pour convaincre le personnel de la maison Bettencourt de témoigner de ses difficultés avec l’entourage de Liliane Bettencourt, notamment avec François-Marie Banier.
 
Pas un mot un seul sur le fait que cette information est déjà connue depuis le 11 juillet dernier. Le 11 juillet, près de deux mois ! L’Express : L’ex-comptable aurait reçu 400 000 euros de la fille Bettencourt
Claire Thibout, l’ex-comptable de Liliane Bettencourt qui a évoqué un éventuel financement politique illégal, a reçu 400 000 euros de Françoise Meyers-Bettencourt, la fille de la milliardaire, lors de son licenciement en 2008. Une information révélée par le Canard enchaîné et confirmée par l’avocat de l’ex-comptable.
Claire Thibout a été entendue la semaine passée par la juge de Nanterre, Isabelle Prévost-Desprez, qui mène un supplément d’information dans l’enquête sur l’abus de faiblesse reproché à François-Marie Banier.
C’est à cette occasion qu’elle aurait dit avoir "reçu 400 000 euros" de la fille de la milliardaire, a confirmé Me Antoine Gillot, l’avocat de Claire Thibout. "Tout cela résulte d’une lettre d’engagement de Mme Meyers-Bettencourt datant de juillet 2007, avant même qu’elle ait entamé toute procédure judiciaire", a fait valoir l’avocat.
Interrogé par l’hebdomadaire, l’avocat de Françoise Meyers-Bettencourt, Me Olivier Metzner, a indiqué qu’il s’agisssait de respecter les "dernières volontés d’André Bettencourt", mort en novembre 2007, au cas où Mme Thibout perdrait son travail.
 
Que nous dit l’Express ? :
1- que la comptable a reçu 400 000 €
2- que l’avocat de la fille dit que c’est pour respecter les volontés de feu André Bettencourt en cas de licenciement.
 
Que nous dit la lettre ?
Qu’en cas de licenciement la comptable recevra un complément jusqu’à hauteur de 800 000 € ce qui aboutira à un versement de 400 000 € complémentaires.
 
Quelle est l’information nouvelle ? Le courrier qui confirme l’accord, oui. Mais elle est ailleurs l’information. Elle est dans le fait que La Pravda ne fait aucun lien avec la diffusion de la nouvelle le 11 juillet dernier, avec le fait que rien n’est nouveau hormis la confirmation écrite de ce que nous savions.
 
Cette lettre déclenche en fait un contre-feu du pouvoir avec celui de l’arrestation du présumé complice du braquage en Isère. Avant de revenir à la lettre il est bon de s’arrêter sur ces deux cas. On nous a bassiné sur la présomption d’innocence de Woerth allant jusqu’à nous parler des suicides d’innocents célèbres, ou de suicide célèbre d’innocents. Pour ces deux cas, le pouvoir, les défenseurs de Woerth ne parlent plus de présomption d’innocence et sans aucune retenue accusent et l’un et l’autre comme des coupables définitifs. A lire la remarque de Kiejman qui parle de pacte de corruption, il n’y a pas le moindre doute, ce doute légitime et minimal qu’on nous réclame à chaque découvert de mensonge de Woerth. Extraordinaire non ? Quant au braqueur possible, le pouvoir et ses séides ne donnent pas toutes les informations. Croyez-moi je fais partie de ceux qui sont pour une sévérité exemplaire contre les braqueurs, les dealers, les violeurs, les arnaqueurs, les menteurs, les voyous de tout poil y compris en costume Armani et sur un bidet. Cependant il paraît qu’en France il y a des lois à respecter. Or il semble que ce gars arrêté ait un alibi et des témoignages en sa faveur. Que ceux-ci soient faux c’est peut-être une possibilité, cependant le juge des libertés ne peut pas ne pas en tenir compte. Ce qui voudrait dire que cette histoire s’inverse : la police a mal fait son travail et avant d’arrêter le suspect n’avait pas un dossier assez solide. Et ce serait donc à la police d’être mis au pilori et non la justice. Bien sûr il y a aussi la possibilité que le gars s’échappe ou que la possibilité de l’attraper ne se représente pas. Je suis parfaitement d’accord avec ça. Cependant on ne peut réclamer que la justice protège les citoyens contre l’arbitraire et que quand c’est le cas, même pour un bandit potentiel, elle y fasse dérogation. En conclusion oui pour mettre en taule tous les voyous quand il n’y a pas de doute, non quand il y a des sérieux doutes. Ceci pour dire que sans aucun recul, soit pour attirer des voix peu reluisantes, soit pour sauver le sous-marinier Woerth, celui qui navigue en permanence dans les eaux noires du mensonge, on bafoue avec une violence inouïe cette présomption d’innocence que l’on réclame à cor et à cris pour un menteur qui avoue ses mensonges, non qui n’avoue même pas, mais qui avoue le contraire, devant une preuve non contestable, de ce qu’il avait dit.
 
Voici donc le contexte historique de la publication par la Pravda de cette lettre : un fait connu et expliqué depuis le 11 juillet dernier. Si nous l’étudions attentivement nous en tirons les conclusions suivantes qui m’a fait dire que cette lettre confortait le témoignage de Claire T. :
1- Claire T. s’est d’abord confiée avant toute chose. Elle subissait des pressions jusqu’à une dépression (ah, ah) et voyait que chez la veuve dorée il y avait quelques requins de haut vol (c’est antinomique, je sais) qui abusaient de sa faiblesse potentielle, sans doute réelle. Cette lettre indique que Claire T. confirme les soupçons d’abus de faiblesse, soupçons antérieurs à la confession.
2- Claire T. était prête à témoigner mais elle savait à l’avance que cela entraînait un risque important celui de son licenciement.
3- Cet accord est très clair, il s’agit d’une compensation qui variera en fonction de ce qu’elle touchera jusqu’à atteindre 800 000 € ce qui est, ma foi, fort intéressant car ce complément est non seulement qu’un complément mais également il est conditionnel. Ceci veut dire en clair qu’il ne se déclenche qu’en cas de licenciement ce qui se traduit par :
4- La clause de confidentialité devait couvrir le risque d’utilisation du courrier dans le sens où il est utilisé aujourd’hui.
 
En d’autres mots cette lettre ne peut être considérée comme un pacte de corruption car il ne s’agit d’une somme à verser quelle que soit la suite du témoignage mais bien qu’en cas de licenciement, le conditionnel ne se résume donc pas au seul témoignage mais au licenciement et encore à condition que la somme n’atteigne pas les 800 00 €. Par ailleurs on ne demande pas un faux témoignage mais un témoignage, ce qui est autre chose, témoignage proposé avant la lettre de façon libre par Claire T. On ne peut pas non plus dans les circonstances qui sont décrites avec une fortunée dame qui va donner jusqu’à un milliard d’euros à Banier, 5 millions à Maistre en plus d’un salaire annuel faramineux de plus de 2 millions d’euros, demander à la comptable de prendre un risque sans qu’elle imagine ce que cela va lui coûter ni qu’elle en soit indemnisée. Il faut noter que ces 800 000 € n’ont rien d’extravagants (si pour nous dans notre vie quotidienne, mais là nous parlons de relativité, merci Albert) et proviennent d’un calcul qui paraît vraisemblable. Il reste un peu plus de dix ans, je crois, avant la retraite de la comptable. Elle gagnait (le courrier l’indique) 130 000 € par an ce qui est très très bien payé pour son niveau de compétence. D’après l’avocat elle pourrait, en retrouvant du travail, toucher environ 60 000 € par an - ce qui en soit est un salaire plus que correct -, soit un manque à gagner de plus de 700 000 €. Si on ajoute le manque de cotisations retraite sur cette différence, les 800 000 € tout compris (c’est-à-dire toutes indemnités confondues y compris le complément de la François MEYERS BETTENCOURT) est une somme raisonnable et logique. La conclusion est simple cet accord est une assurance, une ceinture de sécurité pour indemniser les conséquences d’un risque pris, celui de témoigner contre Banier entre autres. La suite a donné raison puisque la comptable fut licenciée. Pourquoi est-ce la fille qui signe cet accord et non André Bettencourt ? Simplement parce qu’elle est en bonne santé et que son père est gravement malade. En réalité ce n’est pas un pacte de corruption, tout le contraire, une assurance.
 
Ceci était l’analyse de la lettre prise presqu’indépendamment du reste. Mais le reste n’est pas une peccadille. Le contexte de la divulgation est simple : Woerth voit la nasse se resserrer sur son petit sous-marin et il faut tenter de décrédibiliser Claire T. dont le témoignage est accablant pour le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy et pour le rôle joué par Woerth. La découverte de la lettre de soutien à la candidature pour un ruban pour Maistre sur papier à entête d’une association de soutien à un candidat (et non de l’Assemblée nationale) adressée au mauvais ministre (de l’intérieur) et candidat, le même, puis l’aveu qu’il est bien le signataire de cette lettre a fait très mauvais effet. Le même jour, trois journaux ( de Médiapart, du Monde et du Point ) dévoilent que les notes de Banier saisies en juillet dernier prouveraient que Sarkozy aurait bénéficié des largesses de la veuve dorée : Saisis le 12 juillet lors d’une perquisition au domicile du photographe, personnage central du dossier, suspecté d’" abus de faiblesse" au préjudice de la milliardaire, ces documents comportent, à la date du 26 avril 2007, une inscription apparaissant comme une citation de la vieille dame : "De Maistre me dit que Sarkozy demande encore de l’argent. Si je dis oui, comment être sûre qu’il lui donne bien ?". Notez bien que Maistre est impliqué et le mot encore (l’avidité n’a pas de limites, non ?) ce qui en d’autres mots veut dire qu’elle lui en a déjà donné. Cette information n’a pas fait la une de la Pravda, il va de soi. En revanche elle conforte de façon forte le témoignage de claire T. et dans le rôle de Maistre et dans le financement de Sarkozy. Dans la volonté de défendre Sarkozy Banier joue un mauvais jeu contre lui-même car il déclare tout benoitement : "Elle [Mme Bettencourt] cherche à me dire quels sont les écueils de quelqu’un qui possède de l’argent et l’exemple qu’elle prend par rapport à des demandes d’argent est aussi romanesque. Qui dit qu’elle ne montre pas une histoire qui n’est pas tout à fait juste ? Donc, ça peut être ça, mais je n’en sais rien. Ce sont des propos qu’elle m’a tenus, mais je ne sais pas s’ils sont vrais ou pas. Elle ne m’a pas dit si c’était pour se mettre en valeur ou si c’était vrai. Elle ne m’a pas dit si c’était pour Neuilly, pour sa campagne ou pour autre chose. Ce n’était peut-être pas pour lui..."
 
Dans l’une de ses dépositions, le photographe assurait en outre que la milliardaire était "tellement harcelée chaque jour" par des solliciteurs "qu’elle finit par mélanger". Il indiquait que celle-ci s’était montrée très généreuse à l’égard de Claude Pompidou, veuve de l’ancien président, et des "époux Mitterrand". "Je ne cherche pas à protéger Sarkozy, soulignait-il, par contre Liliane est du genre à confondre les noms. Elle aurait pu confondre avec Balladur ou un autre..."
 
Si nous traduisons ses propos, il veut dire qu’elle n’a pas toute sa tête et donc qu’elle est en état de faiblesse et donc que Claire T. a raison. Tout se précise. Au passage amusant de parler de Balladur (est-ce un rapprochement inconscient avec financement et financement avec Karachi et Balladur et Sarkozy ?). Au passage à ce jour toute personne sensée ne peut qu’être étonnée du lourd silence du procureur Courroye qui n’est pas pressé de réentendre Woerth malgré le courrier et l’aveu de Woerth de l’avoir bel et bien écrit, contredisant ses témoignages dans les journaux et devant la police, malgré ces éléments de notes qu’il doit connaître depuis juillet (pour les uns comme pour la lettre), Courroye qui sortant de son devoir de réserve attaquait dans la Pravda Claire T. faisant fi de ses obligations, de la présomption d’innocence, de la loi.
 
Pour conclure et prouver définitivement que cette lettre est bien une confirmation des déclarations de Claire T. et non une preuve contre sa crédibilité je vais parler du contexte général. Le contexte général est à la suspicion d’abus de faiblesse par l’entourage proche de madame Bettencourt. De nombreux témoignages confortent ceux de Claire T. : le majordome d’abord (et ses enregistrements qui eux n’ont pas été indemnisés à hauteur de 800 00 euros et n’ont pas signé de pacte de corruption !), la secrétaire particulière de feu André Bettencourt, une infirmière, une femme de chambre, un chauffeur). Insinuer donc qu’il s’agit d’un pacte de corruption (contredit par les clauses conditionnelles, et le fait des confidences antérieures à la lettre, le risque pris et prouvé par le licenciement) alors qu’il faudrait que ce soit un faux témoignage quand le sien est confirmé par d’autres ne peut qu’être d’une mauvaise foi patente. Mais ceci pourrait être à caution. les autres témoins auraient pu être influencés par Claire T. Si c’était pour faux témoignage il aurait fallu aussi les corrompre (il faut donc que la justice retrouve cinq autres actes de corruption éventuels) . Cependant tout ce petit scénario s’effondre car il y a plus lourd et plus incontestable. Une enquête fouillée de France Inter nous démontre sans ambiguïté que la police était convaincue de l’abus de faiblesse. or il s’agit là d’une enquête fouillée de près de deux ans, et pas seulement du témoignage de Claire T. Cette enquête donne tout crédit au déclaration de la comptable et démontre que cette lettre n’est pas un pacte de corruption mais bien les conditions de la couverture du risque du témoignage de Claire T., risque certain car les requins n’avaient pas l’intention de se laisser faire. France Inter : En fait, comme le montre un rapport de synthèse du 1er décembre 2008 auquel France-Inter a pu avoir accès (et dont le Journal du Dimanche avait, pour la première fois, révélé les conclusions, le 6 décembre 2009, s’attachant surtout à détailler les largesses de Liliane Bettencourt à François-Marie Banier et ses proches), les enquêteurs penchaient alors clairement pour un « abus de faiblesse » au détriment de la milliardaire, considérant que « certains faits » détaillés dans ce rapport « tendent à confirmer l’existence de ce délit », concluant à un « faisceau de présomption quant à la réalité d’un abus de faiblesse » commis par François-Marie Banier.
[…]
 
Liliane Bettencourt a-t-elle été victime de son entourage ? Cette question demeure au cœur de l’affrontement judiciaire entre la fille de l’héritière de l’Oréal, Florence Bettencourt-Meyers, et sa mère.
En décembre 2007, la fille de Liliane Bettencourt dépose une plainte pour « abus de faiblesse ». Cette plainte sera finalement classée sans suite deux ans plus tard, en septembre 2009, par le Procureur de la République de Nanterre, Philippe Courroye. Le magistrat justifiait sa décision par le fait que Liliane Bettencourt refusait de se soumettre aux expertises médicales ordonnées par la justice.
Les enregistrements clandestins du majordome de Liliane Bettencourt, révélés par le site Médiapart le 16 juin dernier, démontrent que le gestionnaire de fortune de la milliardaire, Patrice de Maistre, a été informé deux mois à l’avance (entretien du 21 juillet 2009) de la décision de classer sans suite du Procureur Courroye, par le biais de l’ex-conseiller justice de l’Elysée, Patrick Ouart.
Depuis la révélation de ces enregistrements clandestins, l’affaire Bettencourt a viré à l’affaire d’Etat : évasion fiscale, conflit d’intérêt, soupçons de financement politique... Quatre enquêtes préliminaires sont en cours, sous l’autorité du procureur Courroye. De son côté, la présidente de la 15ème chambre du Tribunal correctionnel de Nanterre, Isabelle Prévost-Deprez a ordonné un « supplément d’information » dans le volet « abus de faiblesse », sur lequel elle enquête avec la Brigade Financière… également en charge des investigations, dans les enquêtes préliminaires du Procureur Courroye.
 
Mais, au fait, qu’avait conclu la Brigade Financière, avant que l’enquête initiale pour « abus de confiance » ne soit classée par le Procureur Courroye, fin 2009 ?
 
Dans un entretien au Figaro, le 22 juillet dernier, Philippe Courroye rendait hommage à l’« enquête très approfondie » qu’il avait alors confiée à la Brigade financière, expliquant que « le parquet a été très attentif au traitement le plus complet possible des investigations ».
En fait, comme le montre un rapport de synthèse du 1er décembre 2008 auquel France-Inter a pu avoir accès (et dont le Journal du Dimanche avait, pour la première fois, révélé les conclusions, le 6 décembre 2009, s’attachant surtout à détailler les largesses de Liliane Bettencourt à François-Marie Banier et ses proches), les enquêteurs penchaient alors clairement pour un « abus de faiblesse » au détriment de la milliardaire, considérant que « certains faits » détaillés dans ce rapport « tendent à confirmer l’existence de ce délit », concluant à un « faisceau de présomption quant à la réalité d’un abus de faiblesse » commis par François-Marie Banier.
Enquête Benoît Collombat / Mise en ligne : Valeria Emanuele
 
photo : Capture d’écran de l’interview de Liliane Bettencourt à France 3 Bretagne
« Des problèmes d’équilibre, de confusion, de lucidité »
 
Concernant l’état de santé de Liliane Bettencourt, les enquêteurs de la Brigade financière estiment dans leur rapport que l’audition des membres du personnel de la milliardaire « permettait de confirmer cette notion de trouble physique, plus particulièrement constaté au cours de deux périodes, à savoir de mars à juin 2003, puis de septembre 2006 à fin 2006. »
Ainsi, Henriette Youpatchou, ancienne infirmière de Liliane Bettencourt du 5 septembre 2006 au 28 juillet 2007 -qui a témoigné le 22 juillet 2010 dans l’enquête de la juge Isabelle Prévost-Deprez sur le volet « abus de faiblesse » ( Médiapart 27/07/2010) -, estimait, le 24 janvier 2008, que l’héritière de l’Oréal présentait « au minimum dès sa sortie de l’hôpital américain de Neuilly, le 5 septembre 2006, un état de désorientation temporo-spatiale et des troubles de comportement » , considérant ces symptômes « comme semblant caractériser ou s’apparenter à ceux de la maladie d’Alzheimer ».
[…]
Devant la Brigade financière, le 24 janvier 2008, Chantal Trovel assure que, de fin août à décembre 2006, et en avril-mai 2007, Liliane Bettencourt « était très désorientée, présentant des troubles de l’équilibre ».
 
 
Entendue le 24 janvier 2008, Claire Thibout, l’ancienne comptable de la milliardaire (qui a mis « le feu aux poudres » en évoquant à Médiapart, le 6 juillet 2010, ainsi qu’aux enquêteurs, un financement politique et la remise en espèce de 150 000 euros à Eric Woerth par Patrice de Maistre) estime, elle aussi, que l’héritière de l’Oréal « avait présenté de mars à fin 2003, des problèmes d’équilibre, de confusion, ainsi que des problèmes de lucidité. »
A partir d’août 2006, Claire Thibout précise avoir constaté, « une aggravation brutale » de l’état de santé de l’héritière de l’Oréal qui « ne se situait plus géographiquement, était d’une extrême faiblesse et avait du mal à marcher. Ces symptômes étaient réapparus en mars-avril 2007. »
[…]
Pour la Brigade Financière, tous ces éléments « tendent à confirmer l’existence de ce délit », c’est-à-dire l’abus de faiblesse.
Par ailleurs, selon la Brigade Financière, Martin Le Barrois d’Orgeval, l’ami de Banier, a également bénéficié de deux contrats d’assurance-vie AVIVA de plus de 12 millions d’euros, le 8 mars 2005, de deux œuvres d’art, en décembre 2006, d’une valeur de plus d’un million d’euros, d’une donation non enregistrée par Liliane Bettencourt, en avril 2007, de trois négatifs du photographe Eugène Cuvelier, estimés à 756 000 dollars, et d’un virement en date du 27 décembre 2002 d’ « un million d’euros » tiré d’un compte Crédit du Nord ouvert au nom de François-Marie Banier.
[…]
 
« Un faisceau de présomptions… »
 
En conclusion, la Brigade financière considère disposer d’éléments sérieux justifiant d’éventuelles poursuites. A ce stade de l’enquête, la valeur totale des donations de Liliane Bettencourt à Banier, de 1997 à 2007, est alors évaluée à « environ 630 millions d’euros. »
« Nonobstant ses affirmations [celles de François-Marie Banier], il n’en demeure pas moins que l’affectation définitive du contrat d’assurance-vie ARCALIS, en septembre 2006, période où l’état de santé de Madame Bettencourt fera alors l’objet de nombreuses interrogations, notamment de la part de Monsieur le professeur Azouvi [NDR : un expert mandaté par le parquet, voir plus loin], maintient un faisceau de présomptions quant à la réalité d’un abus de faiblesse commis par Monsieur Banier, et ce, d’autant plus, que Madame Bettencourt s’avérait être incapable de se souvenir du dit-contrat. »
Dans un rapport du 7 avril 2008 effectué à la demande du parquet de Nanterre (uniquement à partir de pièces médicales issues du dossier de Liliane Bettencourt), le neurologue Philippe Azouvi, concluait à la nécessité d’un examen approfondi de la milliardaire, ajoutant que « Liliane Bettencourt présente au moins depuis septembre 2006 une probable vulnérabilité liée à une vraisemblable affection neurologique dégénérative affectant ses facultés intellectuelles. »
Dans son rapport de synthèse de décembre 2008, la Brigade financière cite le docteur Azouvi, pour qui « il est fréquent qu’une personne présentant des troubles cognitifs légers ou modérés « fasse illusion » lors des relations sociales superficielles ou devant des médecins non spécialiste en neurologie. Il n’y a donc rien de surprenant à ce que certaines personnes ayant des rapports vraisemblablement superficiels avec la patiente, comme son garde du corps ou son chauffeur, n’aient pas constaté de difficultés majeures. Il en va de même pour des médecins généralistes. »
 
Comme vous le voyez il n’y a pas que le témoignage de Claire T. Il y a des faits, les hospitalisations, les témoignages de médecins, les contrats et les libéralités, notamment extravagantes et non déclarées pour le petit copain de Banier (à noter que le notaire est aussi l’ami de Banier tout autant que le couple de médecins dont le médecin mâle devait bénéficier d’un million d’euros pour son rôle futur d’exécuteur testamentaire et dont la fille commune a eu droit à un appartement de 500 000 € - à rapprocher des 800 000 de la comptable qui, elle, travaillait et a été licenciée pour avoir témoigné).
 
Les choses sont claires (ah ah), cette lettre au lieu de casser le (s) témoignage (s) de Claire T. ne fait que les conforter. Du reste elle ne fait plus la une du Figaro.
 
 
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 N’oublions jamais :
  • l’affaire Karachi
  • l’affaire GDF
  • l’affaire Tapie
  • l’affaire Clearstream
  • l’affaire Bettencourt
  • l’affaire Wildenstein
  • l’affaire de Compiègne
  • l’affaire Peugeot
  • l’affaire de la Jatte
  • la proposition de loi sur la déchéance de la nationalité française
  • l’affaire de la rémunération illégale de septembre au 31 décembre 2007

Sarkozya delenda est !
 
 
En vignette la lettre
 
 
 

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