BHL à propos de DSK : les copains d’abord, les coquins d’accord

par Lucadeparis
lundi 23 mai 2011

Un jour et demi après l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn, son « ami depuis vingt-cinq ans » Bernard-Henri Lévy le défend sur France Inter au téléphone avec la journaliste Pascale Clark, de Marrakech selon elle, d’ailleurs selon lui (un nouveau mystère…).

Avocat farouche à la plaidoirie sans nuance, il est prêt à aller à l’encontre de ce qu’il prétend afficher de lui, en dévoilant quatre aspects de sa personnalité à l’insu de son plein gré, à savoir qu’il est :

1. Un homme désinformé

Aveugle et sourd, BHL semble l’homme le plus désinformé du parisianisme, alors que les langues médiatiques se délient, que depuis plus de quatre ans, est publié le témoignage de la tentative de viol de Tristane Banon ; et que suite à la propulsion par Sarkozy de Strauss-Kahn vers la direction du FMI, le journaliste Jean Quatremer a publié le 9 juillet 2007 l'article "FMI : Sarkozy propulse DSK et enterre Fabius" , où il avait écrit :

« Le seul vrai problème de Strauss-Kahn est son rapport aux femmes. Trop pressant, il frôle souvent le harcèlement. Un travers connu des médias, mais dont personne ne parle (on est en France). Or, le FMI est une institution internationale où les mœurs sont anglo-saxonnes. Un geste déplacé, une allusion trop précise, et c’est la curée médiatique. Après Jacques Attali et ses goûts somptuaires qui lui ont coûté la présidence de la BERD, la France ne peut pas se permettre un nouveau scandale. »

Mais BHL joue la vierge effarouchée, le Candide qui se regarde trop pour connaître les autres (« Il fallait qu’ils le disent avant. »), et « essaie de croire » à la pureté des membres de son clan :

« Vous croyez que je pense une seconde que j’aurais été ami si je croyais une seconde que Strauss-Kahn était un violeur compulsif, un homme de Neandertal, un type qui se conduit comme un prédateur sexuel avec les femmes qu’il rencontre ? »

Un peu comme la culture de masse états-unienne, BHL exporte beaucoup et importe peu. Il a plus de jouissance à s’exprimer et à être ainsi l’objet de l’attention qu’à consacrer du temps à s’informer, afin de ne pas n'importe quoi, par exemple : « l’histoire de cassette je ne sais pas quoi » (à propos de cette vidéo de Jean-Claude Méry accusant le financement occulte du RPR chiraquien, dont DSK détenait l’original qu’il avait l’obligation légale de transmettre à un procureur). BHL s’est déjà "justifié" de son ignorance en disant écrire beaucoup et lire peu, lorsqu’il s’est ridiculisé en citant sérieusement onze ans après sa parution une parodie comique d’ouvrage philosophique, La Vie sexuelle d’Emmanuel Kant, du fictif Jean-Baptiste Botul.

BHL conclut : « Un jour les gens se réveilleront et se diront : Mais bon Dieu, qu’est-ce qu’on a fait ? Nous avons été lamentables. ». Il voit la paille dans l’œil du voisin, mais pas la poutre dans le sien, car le Dormeur de l’histoire, c’est lui. Pour le moment trop Grincheux (« très en colère », dit-il), le Prof Simplet ouvrira un jour les yeux sur son ami Atchoum, incapable de retenir son appendice (congestionné, rougissant et démangeant) de répandre les fluides corporels qui l’encombrent en é…..ant sur toute Blanche-Neige, et il deviendra plus Timide et moins intimidateur (« Les gens feraient mieux de se taire. »), et nous rendra Joyeux en devenant un nain ayant pris de la hauteur en s’informant ! Car, comme le disait un prédécesseur à notre Bernard de Saint-Germain-des-Prés, son homonyme Bernard de Chartres (tous deux ainsi surnommés selon le toponyme de leur école de pensée) disait, dans une belle métaphore de l’imitation, que nous sommes comme des nains juchés sur des épaules de géants, ce que son élève Jean de Salisbury expliquait ainsi : « Si nous voyons plus de choses et plus lointaines qu’eux, ce n’est pas à cause de la perspicacité de notre vue, ni de notre grandeur, c’est parce que nous sommes élevés par eux. ».

2. Un homme de réseaux

BHL fait du Amicalement vôtre avec Domi Wilde et sa compagne Lady Anne Sinclair (médiatiquement promise à devenir la première dame de France, elle reste la première dame de son sauvage dont elle finance le sauvetage).

Nicolas Gary transcrit sa conversation avec Frédéric Pagès, qui a ridiculisé BHL avec sa parodie botulienne :

« Mais quand on s'offre le philosophe le plus en vue aujourd'hui, a-t-on envie de sabrer le champagne ou d'investir dans des gardes du corps ? « Je ne pense pas, si tant est qu'il en ait, que BHL m'envoie ses tueurs. Il est blindé et comme les politiques, va faire le gros dos. Avec le réseau dont il dispose, ce n'est pas cette anicroche qui va faire trébucher BHL. Il va se comporter en grand seigneur, dire qu'il a été piégé, et puis attendre que cela se tasse. »

 On sent tout de même une hésitation...

 « Dans le doute, je vais tout de même éviter de voyager à vélo ces prochains jours... » ».

Ce propos humoristique rappelle ce que Tristane Banon invoque gravement parmi les raisons qui l’ont dissuadée de porter plainte contre un homme aussi puissant que DSK :

« Il est avec un mec qui n’est pas forcément un tendre, il n’a pas forcément des méthodes très raffinées… Je ne pense pas qu’il m’aurait fait assassiner, mais me refaire le portrait, ça aurait été possible… ». Faisait-elle allusion, parmi les sbires de DSK, à l’homme propriétaire de la Porsche tranquille ?

3. Un anti-états-uniste secondaire

BHL est prompt à accuser ses contradicteurs d’anti-états-unisme primaire, allant jusqu’à prétendre dans un argument de dénigrement massif (tombant fort peu sagement dans la reductio at hitlerum et sous le coup de la loi de Godwin), fort peu nuancé, que c’est « la métaphore de l’antisémitisme »…

Mais, afin de défendre en priorité son ami de 25 ans, il ne peut parler en conséquence que négativement des États-Unis, devenant un anti-états-uniste secondaire, accusant la Justice états-unienne de « tartufferie » et d’ « hypocrisie », et en affirmant de la prison de Rikers Island où est enfermé son ami que « c’est un endroit effrayant ». Et encore, ce n’est pas Guantanamo, territoire volé à Cuba où les prisonniers sont torturés et sans avocat durant des années… Mais pire qu’ « effrayant », quels sont les mots ?

4. Un homme de droite

Loin de l’égalité de droit qui caractérise la revendication de la gauche depuis la révolution française, BHL répète que « tout le monde n’est pas pareil », « tout le monde n’est pas tout le monde. Le président du FMI, l’homme qui était au bord d’être candidat à la présidence de la République Française, menotté, il est évident que ce n’est pas le quidam absolu. ». Rappelons qu’un quidam, c’est en latin un simple mortel par opposition aux dieux et personnes de pouvoir. BHL réclame un traitement de classe, une « justice » à deux vitesses. Il n’est pas nécessaire de gratter longtemps pour qu’apparaisse un homme au fond à droite, défenseur des privilèges.

Il parle d’« un Dominique Strauss-Kahn qui était jusqu’à avant-hier le favori absolu, 1 : des sondages en France, mais 2 : de la planète finance, qui était en train de fabriquer un FMI qui pour la première fois, ne se déshonorait pas lui-même, et qui, face à la crise économique, prenait des mesures formidables. Arrêtons maintenant le délire. ».

Favori absolu des instituts de sondage qui sont des firmes qui mettent en avant certains candidats ? Favori de la planète finance, c’est-à-dire des banquiers et autres spéculateurs ? Des banquiers de gauche, peut-être ? Évidemment, BHL n’entend pas « formidable » selon son étymologie signifiant terrible, effroyable. Or, c'est ce que sont toujours les mesures du FMI de DSK.

Comme « Tout finit par des chansons. », alors que le chien de garde de la ploutocratie fait une louange digne de Oui Oui (pertinemment nommé pour la circonstance) chantant les prouesses d’un patron formidable, concluons avec et pour notre Yes Man malgré lui : « Arrêtons maintenant le délire. ».


Lire l'article complet, et les commentaires