BHL a raison : le PS est bon pour la casse

par NicolasB
mardi 11 août 2009

Qu’on l’aime ou non
 
Lorsque Bernard Henry Lévy – soi-disant intellectuel que j’aime appeler Jean-Marc Morandini version philosophe – écrit dans un journal, publie un livre, ou passe à la radio, rares sont les fois où ses propos ne font pas l’objet de polémiques, d’injures, ou de critiques. Lui qui n’est pas un véritable écrivain, encore moins un journaliste, il arrive à se faire entendre. Peut-être grâce à son épouse, peut-être grâce – ou à cause – de son arrogance. Il faut le dire : ce BHL, s’il n’existait pas, il faudrait l’inventer. 
 
Dans une récente interview au Journal du Dimanche, il dit que la seule manière pour le PS d’entreprendre une véritable rénovation, c’est sa disparition. Alors, croit-il vraiment en cela ? Ou voulait-il, voyant qu’il n’avait pas fait l’objet de beaucoup d’attention ces derniers mois, voulait-il se faire entendre ? Peu importe. Ceci est discutable ailleurs mais, une chose est certaine, c’est que le PS doit disparaître. Oui, BHL, pour une fois, a raison.
 
La dépression de tout un parti... depuis 2002 
 
Faisons un état des lieux : cela fait plus d’une décennie que la Gauche n’a pas été au pouvoir. Pendant 5 ans, jusqu’en 2002, Jacques Chirac était certes contraint d’élire un premier ministre de gauche, vu que l’assemblée n’avait pas gagné la majorité présidentielle. Mais, après 2002, la droite est revenue avec une majorité. Et cela dure toujours. Depuis, donc, le PS enchaîne les couacs, les échecs, les clivages au sein même du parti. La situation est, à ce jour, incontrôlable.

 
Il faut revenir en arrière pour mieux comprendre la situation dans laquelle se trouve le PS actuellement. L’échec de 2002 fut un véritable drame pour le PS car, pendant ce temps-là, les partis d’extrême gauche gagnaient du terrain. Le congrès du parti en 2003 remettait en cause ce que le PS soutenait idéologiquement parlant. Nombreux sont ceux, comme Vincent Peillon, qui critiquaient le « social-libéralisme » que le PS prétendait soutenir. Hollande, alors Secrétaire Général du PS, était contraint de changer sa feuille de route. Les années passèrent et la situation semblait s’améliorer : les élections régionales et cantonales de 2004 étaient une réussite pour le PS. Et, malgré quelques turbulences, le PS se préparait pour les élections présidentielles de 2007. Le parti semblait plutôt stable et, pour faire meilleur impression auprès des électeurs, le PS a permis aux citoyens d’adhérer au parti en ligne pour seulement 20€. Le parti s’est alors retrouvé avec plus de 200 000 adhérents. Du jamais vu. Vous connaissez la suite : Royal représentait le PS aux élections et, malgré le soutien des autres partis de gauche au second tour, elle a perdu… laissant place, de nouveau, à l’UMP. Depuis, « c’est la cata’ au PS », comme diraient certains.

 
L’élection qui a véritablement confirmé le désordre qui règne au PS, c’est les élections du prochain secrétaire général du parti. Il y avait principalement deux clans qui furent très médiatisés par la presse : le clan Aubry et Royal. Aubry gagna d’un pour cent par rapport à sa rivale ; Royal dénonçait alors une fraude dans le compte des votes. Sans grande surprise, pendant plusieurs mois, Aubry restait ferme : aucun sympathisant royaliste ne pouvait prétendre à un poste à la direction du PS. Mais, voyant que ce comportement ne faisant qu’empirer la situation du parti, elle décida de leur donner une chance.

 
Solution : destruction 
 
Que faire pour changer la situation ? Il n’y a que quelques mois, on pouvait prétendre à maintes projets de rénovation. Plus maintenant. Le constat est alarmant : il y a bien trop de clivages au sein du parti, bien trop d’intérêts personnels mis en jeu plutôt qu’une véritable politique au service des Français. Le projet socialiste n’est même pas un projet. Peu après la publication de l’interview de BHL, de nombreuses lettres publiques furent échangées entre les éléphants du PS. C’était certes écrit dans un beau français mais on établit un intéressant constat à lire ces lettres : la situation est désespérante. Pire, à les lire, on se lasse des mêmes commentaires, des mêmes discours, des mêmes idées tenus par ces éléphants. Rendez-vous compte de la gravité de la situation : si eux-mêmes restent dans le même état d’esprit depuis plus d’une décennie, jamais le parti ne changera de ligne !

 
Ce qui est affligeant, c’est que, malgré l’état laborieux dans lequel se trouve le Parti Socialiste, ce dernier est le pilier, le porte-drapeau de la gauche française. Mais, si ce parti se détériore au fil des jours, alors toute la gauche se détériore aussi. C’est pour cela que la rénovation ne peut se faire sans de nouvelles personnes, sans un nouvel esprit, sans un nouveau parti. Refonder le PS, c’est le détruire pour le reconstruire. Il est inutile de comparer cela à la récente création du « Parti de Gauche » de Mélenchon car, dans ce processus, le PS n’était pas contraint de partir. Le poids du PS est toujours considérable, il est tant d’en faire quelque chose d’utile avant qu’il ne soit trop tard.

 
Autre chose de bien plus bouleversant, ce n’est absolument pas le moment pour le PS de se détériorer de jour en jour. Car, la crise financière que nous traversons actuellement au niveau global est due aux excès du capitalisme. Nombreux sont les partis de gauche des autres pays européens qui profitent de ce moment pour relancer leur parti, pour se dynamiser, et pour crédibiliser l’idéologie qu’ils soutiennent. Or, ce n’est pas le cas pour le socialisme en France. Largement due à des règlements de comptes, à des querelles inutiles, et à des intérêts personnels, le PS ne gagne pas de terrain. Mais en perd. Aubry devrait se rendre à l’évidence : rénover son parti, c’est soit le détruire soit virer tous les éléphants. C’est radical comme projet mais, comme BHL le dit, c’est le seul qui tienne la route et qui aura des effets rapides et efficaces. Ce que des gens, tels Royal, Aubry, Peillon, ne comprennent pas, c’est qu’il leur sera bientôt impossible de gagner les élections de 2012 !

 
Jacques Attali a dit : « La faiblesse du PS nuit à la démocratie de notre pays ». Et c’est vrai. Sans une gauche puissante, le paysage politique français devient bleu. Et seulement bleu. Actuellement, c’est l’UMP qui a le monopole des idées, de la parole, de l’influence sur la population française. Et, qu’on le veuille ou non, ils gagneront les élections de 2012 à cause d’une gauche trop faible pour faire de la vraie politique. Le PS, indirectement, contribue à la Berlusconisation du notre pays. Les conséquences seront dévastatrices d’ici quelques années si rien n’est fait. Disons-le franchement : BHL a raison. Et il est temps de mettre les choses au clair. 
 


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