Billets doux 002 : Identité

par Pierre JC Allard
jeudi 5 février 2015

Par delà – ou mieux, en deçà – de tout ce à quoi la conscience aura cru pouvoir s’identifier, il y a toujours en soi une image de soi qu’a engendrée la séquence complète des événements que la conscience a vécus. Doit-on – peut-on – se distancer de cette image de soi ?

https://nouvellesociete.wordpress.com/2015/01/07/billets-doux-001-distanciation/

Cette image se dessine à grands traits de réactions anticipées – d’acceptation ou de rejet – aux « nouveaux événements ». Des occurrences qu’on veut supposer toutes différentes, mais sur chacune desquelles, en fait, après son premier vagissement, chacun porte toujours des jugement préconçus.

Une préconception résultant de l’amalgame par la conscience de TOUS ses jugements passés qu’elle estime de nature similaire à celui auquel elle est présentement confrontée. … et de la pondération involontaire qu’elle en fait pour optimiser son choix actuel. C’est de cette image PONDÉREÉ de soi que découlent les critères qui déterminent, hic et nunc , à chaque moment, le choix des décisions qui encadrent notre existence.

Ce sont ces critères qui décident de ce qui est ou non pour l’individu un facteur de survie, de ce qui est pour lui agréable ou désagréable, de ce qui lui semble pour lui « bien » ou « mal »… et de ce que SONT pour lui le « bien » et le « mal. Ces critères fondent les préférences de l’individu et définissent ce qui fait de lui un être unique. Ces critères constituent pour chacun son IDENTITÉ et il y tient beaucoup.

Chacun cherche donc à maintenir la permanence de ces critères qui déterminent l’ensemble de ses choix. Mais l’identité, étant image pondérée, se modifie progressivement, comme évolue la moyenne d’une série à laquelle s’ajoutent sans cesse de nouveaux termes. Elle ne peut avoir aucune permanence et sa durée est pure illusion.

Chacun ne peut donc, paradoxalement, percevoir sa propre identité qu’en s’en détachant et l’extériorisant. Le défi, si on ne veut pas percevoir et ressentir ce détachement comme une plongée dans le non-être, est de s’identifier au mouvement lui-même. On peut relever ce défi en jouant sur le TEMPS, renonçant aux souvenirs de ce qu’on a été – qui sont toujours une fabulation – comme en est une autre, prospective, celle-ci, et donc encore plus « irréelle », si faire se peut, le cheminement dans l’univers infini des options de ce qu’on pourrait être.

En chassant ces fantasmes de l’avant et de l‘après, on limite la notion d’identité à la perception du moi qu’a la conscience dans le présent. Un présent sans durée dont, comme le disent les Upanishads, « on ne peut dire qu’il existe, ni qu’il n’existe pas ». Un pas de plus vers l’accueil de n’importe quoi comme identité, laquelle se confond alors avec la conscience. Sum qui sum…

 

Pierre JC Allard


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