Billets doux : 004 Altérité
par Pierre JC Allard
mercredi 25 mars 2015
Identité et altérité sont les deux aspects d’une même perception ; les deux faces d’une même réalité...
Billets doux : 004 Altérité
16 mars 2015
Identité et altérité sont les deux aspects d’une même perception ; les deux faces d’une même réalité. ..
Ce que je suis est-il limité par autre chose que par ce que je ne suis pas ? Plus généralement, ce qui EST, en bloc, peut-il etre borné par autre chose que par ce qui n’est pas ? L’identité, c’est l’Être dans la durée. Une l’illusoire permanence, en obstacle au flux du Devenir (Tao).
Paradoxalement – mais tout à ce niveau n’est-il pas paradoxe ? – l’IDENTITÉ est la source première de l’ALTÉRITÉ, puisque, se créant en opposition au changement, elle est le quintessentiel « AUTRE » pour le Tao en éternel devenir…. qui est lui-mème le tout aussi essentiel « AUTRE « , pour l’Être qui se voudrait permanent.
Cette coexistence de l’Etre et du Devenir – deux pulsions parfaitement antinomiques – est la manifestation première de l’alterité : la confrontation dont naît la Conscience. La Conscience résout cette antinomie, car mettant le TEMPS dans l’équation, on peut, sans remettre en cause la mutuelle exclusion de l’Ètre et du Néant (qui est dite justement « Principe d’Identité », créer un espace de rationalité soumis aux exigences de la causalite et produisant des effets, permettant que le DEVENIR qui est un fantôme sans substace soit accepté par la Conscience comme source de réalité.
À cette relation « Être-Devenir » , toutes les grandes religions et autres quêtes philosophiques d’un sens à l’existence, s’ empressent de trouver une explication… ou au moins d’accoler un mythe explicatif …. Ainsi, dans la pensée chrétienne occidentale, le « Fils », symbole de l’Identité, est né du « Père » – (Tao, chaos initial, « Tout », « univers des possibles », etc… ) -…. et la Conscience, dite « Esprit », procède du rapport entre les deux… (Un concept que rejettent les Églises chrétienne orthodoxes !!!)
Mon propos ici n’est pas de dire qui a tort ou raison, mais de souligner le rôle central de ce concept qui a été à l’origine du Grand Schisme de la Chrétienté. Toutes les religions dans leur composante ésotérique – celle qui cherche a comprendre, et non seulement à manipuler (de bonne ou de mauvaise foi !) les « croyants » vers une moralité consensuelle – ont la prétention d’expliquer cette relation trine cruciale : Identité- TOUT-Conscience…
Cette relation est cruciale, en ce qu’elle propose une réponse au mystère du Mal. On peut voir le Mal comme l’attachement de la Conscience à une Identité qui veut DURER et qui donc refuse de « servir » en acceptant toutes les formes que peut prendre le Tout en éternelle transformation…. Durer est l’impossible chimère de l’Identité. Son « non serviam » luciférien est souffrance pour l’Identité, et elle n’echappe à cette damnation que par sa « crucifixion », c’est-à-dire sa totale soumission à la « volonté du Pere » … synonyme du déroulement sans contrainte du Tao.
La Passion (souffrance) de l’Identité se termine quand tous les possibles découlant d’un rapport spécifique entre le moi et le non-moi qui définissent une Identité sont épuisés … C’est la symbolique du « grain qui meurt, la « mort » de l’Identité qui n’est qu’un moment évanescent de l’Étre, suivie de sa « résurrection » en nouvelle Identité….
Comprendre l’altérité est la clef. Elle peut conduire la Conscience à la vision d’un univers à deux (2) joueurs, qund le NON-MOI qui est l’Autre est ressenti comm« Dieu », ou une variante de la relation « I-Thou » dont parle Martin Buber… Mais l’altérité peut aussi apparaitre sous la forme d’ une multitude d’entités, elles-mêmes « percevantes », non plus des objets, mais des SUJETS... des Autres…
L’identité qui appréhende des « sujets » doit apprivoiser une nouvelle relation à l’alterité qui exige une COMMUNICATION avec ces Autres, Une communication qui peut s’établir sous le signe de l’assimilation des Autres – impliquant la destruction de leur identité – … ou sous le signe de la coopération, de la fusion librement consentie, de tout ce qu’on appelle une relation d’amour (A suivre)