Bon président contre méchante commission, la fable de M. Hollande

par Fab81
vendredi 31 mai 2013

Hollande feint de s'insurger de voir la commission de Bruxelles lui dicter sa politique. S'opposerait-il à l'agenda politique des eurocrates néo-libéraux ? Non, il l'a repris à son compte !

Entend-il rendre au peuple le pouvoir confisqué par l'eurocratie ? Il le fera d'autant moins que cet abandon est l'oeuvre des gouvernement successifs. Social-démocratie dévoyée et droites européennes s'entendent de leur propre aveu pour mettre les politiques néo-libérales à l'abri des aléas du suffrage universel . La démocratie se meurt à l'échelle nationale sans renaître au niveau europénne. Et cela, aucune mise en scène ridicule ne nous le fera oublier.

Monsieur Hollande est en colère. Il n'a, nous dit-on, pas apprécié que la commission de Bruxelles lui intime l'ordre d'appliquer le programme économique de l'UMP.

Rogner encore un peu plus le système de retraite par répartition ? D'accord M.Barroso, mais on peut se débrouiller tout seuls comme des grands. Cela se fera "à notre rythme" !

Démolir ce qui reste de service publics ? Oui, mais pas besoin de Bruxelles pour cela !

Généraliser toujours plus la précarité ? C'est prévu, le boulot est déjà bien entamé. Mais c'est au Medef parlement de déchirer page par page le code du travail.

Paupériser chaque jour un peu plus le service public en coupant à la tronçonneuse dans la dépenses publiques ? Réduire comme peau de chagrin le champ d'intervention de la puissance publique ? Bien entendu, mais on a des cabinets de consultants très cher payés pour préparer cela sous couvert de RGPP et autres MAP...

En somme, notre bon président n'entend pas obéir à Bruxelles. Il veut appliquer souverainement la politique qui lui semble bonne pour le pays. Et qui, par un heureux hasard, ressemble comme deux gouttes d'eau à celle que lui recommande la commission. Bien plus, d'ailleurs, qu'à celle qu'il a promise aux français. On a les sursauts de dignité patriotique que l'on peut...

Le gentil président, donc, est en colère contre la méchante commission. Cette fable qu'on nous sert est révélatrice de la considération qu'on a pour le peuple français. De grands enfants un peu idiots à qui il faut raconter des histoires, aussi invraisemblables soient-elles.

De grands enfants trop bêtes pour comprendre qu'à l'heure de la mondialisation, une saine politique doit privilégier les intérêts de la finance et des rentiers et non les leurs.

De grands enfants à qui on, a, peu à peu, confisqué traité après traité la maîtrise de leur destin. Un destin effectivement déposé pour partie entre les mains de la commission européenne. L'idée d'une commission outrepassant ses prérogatives est juridiquement discutable et politiquement absurde. Bruxelles ne fait guère plus que ce qu'on lui laisse faire. Peut-être aujourd'hui le golem bruxellois échappe-t-il quelque peu à son créateur. Mais jamais Hollande n'a manifesté de volonté de neutraliser le monstre. Au contraire, il n'a fait de concert avec ses homologues que renforcer ses pouvoirs de contrôle. On lui a même octroyé le droit d'examiner les budgets nationaux avant le parlement !

Mais qu'on ne s'y trompe pas. En cas d'affrontement, malgré les pouvoirs exhorbitants qu'on lui a concédé, malgré sa technostructure hypertrophiée, la commission ne ferait pas le poids face aux gouvernements.

En vérité, la fable de gouvernements impuissants face à la commission arrange beaucoup de monde. Les gouvernements eux-même, trop heureux de faire endosser à une instance non-élue leurs propres choix. Mais aussi, il faut bien le dire, beaucoup d'adversaires des politiques néo-libérales. La commission serait responsable de notre triste sort. Donc, les électeurs qui, par leur vote, n'ont pas su ou pas voulu changer la donne n'y sont pour rien !

Mais ne soyons pas trop sévères avec Hollande. Sa colère est sans doute en partie sincère. La social-démocratie dévoyée et les droites européennes ont noué un pacte. Hollande a cru que ce pacte inciterait la commission dominée par la droite à ne pas affaiblir sa position. Voir Bruxelles lui dicter sa conduite au vu et au su des citoyens français, forcément cela ne lui a pas plu ! Une sortie de ce type, et ce sont des centaines de milliers de voix qui échappent au partis dominants, et tout particulièrement au sien. Hollande le sait bien, et c'est la vraie raison de sa colère. Il aurait juste souhaité plus de discrétion...


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