Bourdin est le vrai auteur de « influence juive »
par Grégoire Duhamel
mardi 17 février 2015
Le concept n'a pas été prononcé par Dumas, à aucun moment. C'est le bateleur Bourdin qui a suscité et créé le buzz.
Le CSA a annoncé qu’il instruisait un dossier sur BFM-TV et RMC sur les mots malheureux prononcés lundi.
L’ancien ministre Dumas, âgé de 92 ans, a provoqué un tollé avec ses propos sur Manuel Valls et sa supposée "influence juive". Mais en réalité c’est Bourdin qui conceptualise dans sa question le terme « influence juive ». C’est l'animateur populiste qui formule cette question ahurissante : « Le premier ministre est-il sous influence juive ? », l'ex président du Conseil Constitutionnel, cherche alors ses mots, et répond : "Probablement... Je peux le penser".
Certes, c’est une indéniable faute de valider la question comme telle, comme si elle était admissible, mais en aucun cas Roland Dumas ne l’a « inventée », il n’est pas l’auteur du concept.
" Déontologiquement, la question de Bourdin est inacceptable", a d’ailleurs avancé Maurice Ulrich, éditorialiste du journal L'Humanité. "C'est une question de pousse-au-crime. C'est Bourdin qui met le feu. On est dans une situation où les mots ont tout leur poids."
Sur le site "Pure Médias" Bourdin s’est défendu avec sa modestie habituelle ainsi :
« Une question peut être antisémite mais celle-ci ne l'était pas. Il s'agissait de savoir si mon interlocuteur pensait ce qu'il dit ou pas !Il faudra s'habituer à des journalistes indépendants qui ne prennent pas parti et qui sont libres de toute influence, libres de toute chapelle... »
Or ce mardi matin en interviewant le philosophe Alain Finkielkraut, Bourdin a carrément franchi les rives du mensonge en disant ceci : « (…) que pensez vous des propos de Roland Dumas sur l’influence juive ? ».
Or, encore une fois, les mots « influence juive » sont de lui, Dumas y a répondu.
Il est probable que Bourdin s'en tirera sans grand mal. Mais de là à dire que c'est du journalisme, non.