Brèves de sucre

par alinea
mardi 4 février 2014

et pendant ce temps-là...

J'en ai marre ! Je n'en peux plus ; je rêve d'un prince même sans charme ou un preux chevalier, ça irait, qui chevaucherait avec moi un beau destrier blanc ou noir, peu importe, je les aime tous les deux, et me fasse oublier ce monde de fous, cet asile d'aliénés qui veulent nous aliéner nous tous ; je rêve d'espaces où mes pieds s'enracinent, où mes mains fouillent la terre ou le crin des chevaux, où ma tête, dans le lune ou les étoiles, se met en méditation.

Et même sans prince je partirai ; c'est moins sympa, c'est moins plaisant mais, de toutes façons, mon cheval ne prend qu'un cavalier. J'ai trois chevaux, bon, tant pis.

Je vous parlerai du sucre un peu plus tard. Pour l'instant, je vais vous parler de la terre.

« Vends propriété 102 hectares, trois maisons, dont une à retaper, source, xxxxxxx euros. L'annonce est sur le site de la SAFER, sensée être l'agence qui « régule » le retour de la terre aux paysans. Elle est dans une agence, qui n'a qu'une envie c'est de vendre pour faire son pourcentage. Dans cette agence, on parle à peu près français, avec un accent à chier, mais on se comprend. Sur cent hectares, on peut élever des moutons, des vaches ou des chèvres, on peut faire « de la viande (pouah !) ou du lait (pouah !) ; mais bon, le végétarisme n'est pas pour demain.

Alors, il y a un petit couple qui rêve d'être paysan, sans doute idéalise-t-il les bêtes, la nature, la neige le froid le chaud le sec les inondations, mais il a envie de vivre comme ça, retrouver les valeurs simples et ancestrales, ce qui est, forcément, un coup de la droite dure, puisqu'il n'y a qu'elle qui aime la lune les vaches et les chiens. Vous l'aurez compris, tout bien pesé, en comptant sur les parents les amis les emprunts, ils arrivent à peine tous les deux à deux cent mille euros. Et puis, il y a un couple de quinqua, qui a bossé toute sa vie, là-haut dans le grand nord, qui rêve pour sa retraite de retour à la nature, bien qu'il n'y soit jamais allé- à condition qu'il y ait du confort, faut pas déconner- l'un rêve d'un âne pour l'aîné des petits enfants, l'autre d'un poney pour la cadette qui adooore les chevaux ; ils aimeraient bien quelques poules aussi. Ils ont jamais vécu ça mais ils sont sûrs que ça ne pose pas de problème, d'autant plus que xxxxxxx euros, c'est donné. Le sud de la France, c'est forcément super comme climat, le doute ne leur vient même pas à l'esprit.

Adjugé vendu ; les Hollandais, Allemands Belges ou autres Anglais débouleront avec leur barda avant l'été. Ah ! L'été !

Pendant ce temps, le petit couple rendu à l'évidence de son insolvabilité, a trouvé un hectare à louer, avec une source dont il ne sait pas qu'elle est à sec l'été, et achète une caravane, super occas, et, tous les deux se mettent à trimer comme des dingues pour faire pousser leurs carottes dans les caillasses, semer pour les poules, se réjouir de leur bonheur. Mais ils jouent le jeu un peu quand même ; ils font les marchés, mettent des couleurs sur leur étalage, pratiquent des prix prohibitifs, vendent leur plan un euro- les bobos, qui ont acheté la propriété où ils auraient pu assouvir leur désir d'élevage, ont les ronds, eux, pour un euro le plan de tomate. Tout roule.

Au bout d'un petit moment, les maraîchers sont fatigués, et les bobos s'ennuient. Ils disparaissent dans la nature, et d'autres, les mêmes, viennent les remplacer.

Pendant ce temps, les vaches sont enfermées dans ce -qu'on-ne peut-pas-nommer-étables, les cochons sont torturés dans leurs hangars, les agneaux, sevrés à trois semaines partent en Espagne se faire engraisser et reviennent en France se faire estourbir en gigots longs ou courts selon la mode, les veaux sont entravés, jamais tété maman, les poules... n'en parlons pas ; les poules, c'est quasi préhistoriques comme bestioles !

Pendant ce temps, les bobos trouvent les maraîchers sympas et mettent du beurre sur leurs épinards, et le peuple citadin qui ne sait pas à quoi ressemble une poule en bouffe quand même.

C'était la première brève : souvenir de la campagne de France.

Je garde le sucre pour la fin ; pas parce que c'est le plus important, mais justement, parce que ça n'a aucune importance, au point où nous en sommes.

Les humains n'arrêtent pas de se regarder le nombril ; ils sont les plus malheureux, ils pleurent sur le malheur de l'un, s'offusquent de la violence de l'autre ! Ne peut-on s'oublier un peu ? Non, ils veulent de la barbaque, aller aux îles canaries en avion low cost, y prendre un plateau de fruits de mer, mais chez eux aussi en rentrant, restent pas en place, s'ennuient quand ils ne bougent pas, sont curieux de tout, veulent tout goûter, les petits garçons, les petites filles, les sushis, se foutent de ce qu'ils font, se foutent de comment c'est fait ... ils rattrapent des millénaires de frustrations, de malheur, de labeur, d'oppression , d'envie, d'être roi, d'être princesse, d'être riches,... C'est bien ma veine d'être née à ce moment-là !

Mais pendant qu'ils jouissent de toutes ces richesses, ils laissent tout aller à vau l'eau ! Pardi, il y en a qui jouissent moins des plaisirs basiques que d'autres, plus élevés, de gouverner le monde, l'asservir, le mettre à leurs bottes !

Pendant ce temps là, on interdit aux petites graines de rester des petites graines, là, gratuites pour qui les recueille les choie et les ressème. Niet ! Interdit  ! http://19.r.mailjet.com/nl/0o/xp955.html?a=6N7Zkm&b=fec77321&c=0o&d=4f700739&e=2bba6127&email

Mais tout le monde s'en fout, parce qu'il faut, fissa, sortir de l'Europe pour retrouver nos despotes bien à nous, ceux qui parlent la même langue, encore que...

L' Écume, l'écume n'est plus celles des jours qui endolorie notre adolescence si ardente et si folle, ni celle des vagues qui bulle notre peau frémissante de plaisir, ce n'est même pas la mousse d'une bière belge qui se happe et dessine des moustaches à la plus belle des filles, non plus celle des mourants dégoûtants, débordant de lèvres livides, pas celle dont n'étaient pas faites les pipes en bruyère de mon père, encore moins celle qu'ôte Marthe, la cuisinière, concentrée sur son bouillon de pieds de porc, ni Marie sur ses confitures ; non l'écume des choses, ce qui se voit, n'a pas de consistance et se laisse « écumer », se recomposant sans cesse. Ça déborde, nous engloutit, nous submerge ! C'est à qui propose l'écumoire la plus efficace !

Pendant ce temps la soupe de grenouilles cuit.

Mais non, celle qu'on nous propose est toute synthétique, artificielle, appétissante ; on y plonge nos cuillères, on y abîme nos neurones, on y perd nos calories.

...On vole et stérilise nos terres, on confisque nos graines, on réduit à peau de chagrin la récolte de nos diversités, on nous égalise, on artifice notre vitalité, on ridiculise nos cultures, on confirme le seul chemin, on inhibe nos envolées, on endocrine nos cellules, mais on ne fait pas ressusciter nos morts.

Et pendant ce temps là, on a chacun sa petite idée.

Et le sucre ? attendez-vous. Rien de plus, il est là : http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/industrie-sucre-ne-pas-dire-eleves-ce-qu-faut-manger-729.html

Quant au reste allons-y, il est urgent de boycotter ; ne plus positivez ; n'avoir que ses pieds, palmés ; ne valoir moins que rien ; souffler sa bougie avant de s'endormir ; désobéir aux ordres ; boudez, mais calmes, nous n'avons plus ni père ni mère à qui réclamer notre pitance ; ne pas gaspiller les coups de pied au cul ; voler de ses propres ailes, n'avoir d'essence que la sienne ; récupérer la peau de l'ours... abattre des montagnes, ...et oser s'amuser ensemble !


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