BREXIT : du rififi à la Chambre des Lords

par Nicole Cheverney
mercredi 11 septembre 2019

Heros ! C'est ainsi que le journal UK Column qualifie le très courageux Lord anglais (pro-Brexit), Sir James of Blackheath, dans un article daté du 9 septembre 2019 et intitulé : « Hero of Brexit » Lord James of Blackheath Threatened over EU défence Union - « Secret Party Political Pact of Silence on Defence Reveals Itself ».

Cet article, abondamment relayé sur twitter en Angleterre, dévoile au public anglais ce que l'Etablishment n'a pas l'intention de diffuser – à savoir, le pacte secret pour la création d'une armée de défense européenne passé entre l'UE et le gouvernement anglais – ainsi que les pressions subies par Sir Lord James of Blackheath, suite à son intervention pour le moins audacieuse.

Voici le détail de l'article (traduit de l'anglais) du UK Column reporters relatant le déroulement de cette séance qui a provoqué une réaction au vitriol contre le courageux Lord James, qui s'est exprimé non seulement devant ses pairs et ses collègues parlementaires, mais aussi devant les représentants de l'OTAN.

En effet, que s'est-il passé à Londres, dans la Chambre des Lords ?

Pendant son intervention Sir James ose poser une question extrêmement embarrassante pour l'Etablishment, concernant le destin de l'armée anglaise au sein du projet de l'UE d'une « Union Européenne de la Défense ».

S'en suivent aussitôt des menaces à son encontre et l'injonction de retirer immédiatement ses propos. Il faut dire que Lord James of Blackheath avait assisté quelques jours auparavant à une conférence au Royal United Services Institute sur le thème : « Union Européenne de la défense - menace pour la démocratie, l'industrie et les alliances ».

Le professeur Gwythian Prins, Conseiller auprès du ministre de la Défense et de l'OTAN, et plusieurs officiers de l'armée britannique assistaient également à cette conférence. La réunion portait sur les conséquences pour le Royaume-uni de l'approbation des sections de défense et de sécurité de l'accord « Brexit » de Thérésa May et de sa « déclaration politique sur les relations futures ». Lors de cette réunion, il fut convenu que Lord James soulèverait la question à la Chambre des Lords, ce qu'il fit, comme prévu, 4 jours plus tard.

(Précisons que la vidéo de l'intervention de Lord James a été également largement diffusée sur Twitter) - (je donne en fin d'article le lien de UK Column)

Intervention de Lord James :

« Nous avons ce document merveilleux appelé yellowhammer1 qui nous raconte toutes les choses épouvantables qui se produiront en cas de brexit dur. Ma secrétaire a une liste alternative à laquelle je me réfère appelée le vautour noir, c'est une liste de faits ignorés du public et qui se produiront en cas de no deal. Premièrement, le danger que cela représente pour la couronne, deuxièmement, allons-nous connaître la vérité sur l'Union Européenne de la Défense ? C'est de loin le plus gros problème auquel le public britannique est confronté et n’est pas officiellement au courant. Pouvons-nous s'il vous plaît avoir un compte-rendu approprié de ce que cela implique ? Est-il vrai que le Gouvernement a conclu avec la Communauté Européenne des accords privés prévoyant qu'il transférera à l'UE à Bruxelles, tout le contrôle de l'ensemble de nos forces combattantes y compris les forces armées et les équipements ? Que les nobles seigneurs plaisantent, mais cela est un fait réel et ils devraient vérifier. C'est trop important pour l'ignorer. Nous devons connaître la vérité à ce sujet. Il faut que tout le public le sache clairement. Je crois que c'est vrai et je pense qu'on devrait nous le dire. Je crois comprendre que le serment de tous les membres actifs de nos forces sera annulé et qu'ils devront faire un nouveau serment de loyauté à Bruxelles. Je comprends mieux pour quelle raison ces derniers mois des équipes de nos forces armées ont été envoyées pour créer et installer des centres de commandement et de contrôle qui serviront au contrôle de nos troupes une fois que nous aurons cessé de contrôler leur utilisation, leur application, leur déploiement. Mais il y a pire. Ils doivent prendre le contrôle de nos services de renseignements, le cœur même de Five Eyes. Ils disposeront du MI6 et du Centre de Surveilllance de Cheltenham. Nous en serons totalement exclus en vertu des nouvelles dispositions auxquelles nous n’ aurons plus accès ».

UK Column : « A ce stade de l'intervention, Lord Blunkett, ancien ministre de l'intérieur du cabinet de Tony Blair est intervenu avec ce qui pourrait être perçu comme une menace : « Je me demande si le noble Seigneur serait prêt d’écourter juste un instant. Je lui demande de conclure, car ce n'est ni dans son intérêt, ni dans celui du Comité de continuer ». Pourquoi ne serait-il pas dans l'intérêt de Lord James de continuer ? Dans le hall, juste après la session des Lords, Lords James est accosté par l'ancien secrétaire de la défense de l'OTAN, Lord Robertson, qui, rouge de fureur, avec rage, exige de connaître les sources de Lord James concernant les déclarations faites à la chambre : « Taisez-vous, sinon ! ». Les sources de Lord James sont limpides pour tous ceux qui suivent la couverture de cette question abordée par UK Column. Il n'a rien dit qui ne soit déjà dans le domaine public et qui n'ait déjà été rapporté entre autres, par UK Column. La seule chose que Lord James a demandé en supplément, au gouvernement, c'est de faire connaître ses intentions afin que le public puisse faire un choix en toute connaissance de cause.

Examinons la question principale de James : que signifie l'UE de Défense ? C'est une bonne question. C'est une question à laquelle l'ensemble de l'Etablishment politique britannique a fermement refusé de répondre, en prétextant que l'Union Européenne ne prévoyait pas de créer une armée de l'UE. Pour répondre à cette question, nous devons nous tourner vers l'UE, Tony Blair et RUSI. Pour l'UE, Ursula Von der Leyen ancienne ministre allemande de la Défense a fait preuve de clarté quant à ses projets concernant les objectifs de l'Union de défense : « je veux parler de 4 composantes (…) qui, selon moi, sont importantes pour la mise en place d'une Union Européenne de défense », a-t-elle déclaré. « Tout d'abord, il y a à peine 2 ou 3 semaines, pour la première fois, nous avons pu donner le feu vert à une capacité de commandement européen à Bruxelles. C'est la première fois que ces instruments civils et militaires, sont associés depuis un seul bureau de commandement. « C'est un grand pas en avant c'était impensable il y a peu de temps, mais c'est précisément la bonne approche à adopter si nous voulons donner une touche européenne à notre politique de défense ». Dans une déclaration précédente, elle a précisé que l'UE souhaitait poursuivre des politiques interventionnistes en Afrique, un continent où l'OTAN n'a aucun intérêt réel. Curieusement, ses propos ont été repris par l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair. Ainsi, les anciens Premiers ministres euro-britanniques sont absolument sur le même registre quant à l'avenir de l'Union Européenne de la Défense.

Mais cela ne se termine pas là, cependant le Royal United Services Institute a organisé de nombreuses séances d'informations sur le sujet, qui ne recueillent aucune couverture médiatique. Comme par exemple, la conférence intitulée « Implication du Brexit pour la Défense », tenu en mars 2017, où, lors de cet événement, Nick Witney du Conseil Européen des relations extérieures a appelé à des relations nucléaires conjointes anglo-française si « Trump ne pouvait être destitué... »

Si le témoignage de Défense Union et ses implications sont connues, pourquoi donc cette attaque au vitriol contre Lord James ? Nous pensons que la seule raison, c'est que pour la première fois, la question est posée de manière aussi directe dans un forum politique public (le débat sur l'un des projets de lois les plus controversés jamais soumis au Parlement), en violation du pacte secret sur l'Union Européenne de Défense, conclu entre le parti conservateur et le parti travailliste comme nous l'a rapporté un ancien Amiral du Trident en 2015.

Les menaces se multiplient.

Les propos abusifs de Lord Plunckett et Lord Robertson à la Chambre des Lords envers Lord James étaient modérées au regard des communications récentes. Car depuis lors, d'autres collègues de Lordly exigent maintenant sa démission immédiate et lui font savoir qu'il peut s'attendre à des ennuies judiciaire et une visite de la police pour infraction à la loi sur les secrets officiels.

Lord James a eu le courage de lever le couvercle sur une politique dont personne d'autre que lui, dans l'Etablishment politique ne veut aborder. Il a besoin du large soutien du public anglais.

Lien : texte original en anglais - https://www.ukcolumn.org/article/hero...

 

1Yellowhammer : l'opération yellowhammer est un plan britannique visant à planifier l'action dans l'hypothèse d'un no-deal.


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