Brice, le récidiviste

par Samuel Roth
lundi 13 décembre 2010

Brice, le récidiviste

On pensait avoir tout vu, apparemment on en est encore loin. Brice Hortefeux, ce brillant fils de banquiers de Neuilly a une fois de plus élevé le niveau de la politique en France. Brice est un homme libre ; libre de toute responsabilité morale, éthique ou politique. L’homme qui a toujours joué les seconds rôles pour pouvoir être élu se construit une réputation à la sueur de son front. Il s’était déjà brillamment illustré à l’université d’été de l’UMP en 2009, en présence d’un J.F. Copé hilare, en humiliant un jeune militant UMP d’origine magrébine. Cette sortie qui rendrait jaloux Le Pen lui-même lui a valu sa première condamnation pour injure raciale et une promotion gouvernementale. Désormais en France, quand un ministre est condamné, personne ne s’en aperçoit ; la méritocratie selon Sarkozy. Brice, lui, nie tout en bloc malgré l’évidence de la vidéo tel un gamin prie les mains dans le pot de confiture. Fini le temps des hommes politiques qui démissionnent, qui s’excusent, place aux cyniques, aux nihilistes, admirateurs de Houellebecq et de Zemmour, amoureux nostalgique d’une France qui n’a jamais existé.

 Soutenu par Sarkozy lui-même, Brice renchérit dans la foulée et livre les Roms à la vindicte populaire. Accusés de tous les maux et servant à faire du chiffre, les Roms sont généreusement renvoyés chez eux avec un peu d’argent de poche. La moitié des immigrés clandestins renvoyés chez eux sont des Européens bénéficiant de la liberté de circulation. Peu importe, il faut justifier son salaire et empêcher le F.N. de reprendre les voix des personnes âgées, terrifiées par le journal de Pernaut. La droite décomplexée s’exprime. Brice rêve même secrètement de la mairie de Vichy, plus abordable que Clermont-Ferrand où sa cote de popularité rejoint sa grandeur d’âme. C’est le sort des génies, des artistes que d’être incompris. C’est bien connu, les Français sont des veaux, disait le général. On le voit bien. On ne peut même plus leur faire confiance pour adopter le traité européen. Mais les députés sont là pour rattraper les erreurs de ce peuple ignorant.

Brice, une certaine idée de la république

Heureusement, la France compte de grands hommes comme Brice Hortefeux. Ceux qui marquent l’Histoire, les éclairés, les visionnaires. Ceux qui sont honnêtes, francs et qui perpétuent les valeurs républicaines de la liberté, de l’égalité et surtout de la fraternité ; socle de notre identité. Ceux qui montrent la voie par leur exemple et non par leur discours. Pas ceux qui font leur petite cuisine politique sinistre et la propagande à leur propre gloire. Heureusement, car en temps de crise, c’est ces leaders populaires qui rassemblent un pays où tout le monde se serre les coudes.

Brice, lui a des idées et il les applique. Grâce à lui, nous avons maintenant deux types de citoyen français. Ceux de moins de trois générations à qui on demande les papiers de naturalisation du grand-père lorsque l’on veut refaire sa carte d’identité et les autres, les « vrais » français. Une idée empruntée aux Le Pen, boutique familiale spécialisée dans le racisme et la xénophobie en tout genre, ne perdant jamais une occasion de se référer à la Seconde Guerre mondiale pour justifier tout et surtout n’importe quoi.

Brice est depuis longtemps fâché contre la justice qu’il trouve trop clémente envers les délinquants. Écoutant ses remarques, la justice décide donc de sanctionner comme il se doit 7 délinquants. Seulement, voilà, eux sont des policiers, pas des Roms. Et selon la déclaration du ministre de l’Intérieur dont seuls les génies ont le secret, cela a son importance. Il y a donc maintenant en France, deux sortes de délinquants, les fonctionnaires pour qui la justice est trop sévère et les autres pour qui la justice est trop clémente. Rappelons tout de même les faits : le 9 septembre dernier, un homme se soustrait à un contrôle de police. Il est pris en chasse et un policier est blessé par la voiture de ses collègues. Ils tentent alors de mettre cet accident sur le dos du fuyard en rédigeant un faux procès-verbal. Ce dernier risquait quand même la perpétuité pour homicide involontaire sur un fonctionnaire de police. La justice condamne les 7 policiers pour dénonciation calomnieuse et faux en écriture. Cinq d’entre eux seront radiés de la police avec des peines de prison allant de 6 mois à un an de prison ferme. Pour Brice, c’est un scandale (comme disait Marchais) !! Si Brice avait été rappeur, il se serait contenté d’un laconique « nique la justice ». Un ministre de l’intérieur qui défend des délinquants c’est probablement comme ça que Sarkozy imaginait sa république irréprochable. Il faut dire qu’en termes de délinquance, l’UMP ressemble à une association de réinsertion sociale. Que feraient ces Tiberi, Balkany, Devedjian, Juppé, Agostini, Tuduri, Chirac, Dassault, Bédier et compagnie...sans leurs amis. Il y a maintenant deux types de délinquants en France : il y a les délinquants officiels (policiers, ministres, etc.) que l’on défend publiquement et les autres, les pauvres, les sans-réseaux qui sont déjà condamnés avant même d’être jugé (comme julien Coupat, Zyad et Bouna ...).

Brice et le bourbier marseillais

C’est probablement la réussite marseillaise de Brice Hortefeux qui lui a donné des ailes.

 Après la mort d’un jeune de 16 ans assassiné à la kalachnikov, Brice découvre la criminalité, la vraie, pas celle en col blanc qui saigne la France (voir la fraude récente des 4000 pharmacies), mais celle de la rue qui est bruyante, visible et mal élevée. Tout fier d’être le chef de la police, Brice promet monts et merveilles à des Marseillais lassés. Les médias sont avertis, le spectacle peut commencer. Super Brice organise des contrôles au Prado c'est-à-dire dans le centre-ville chic, probablement l’un des seuls endroits de Marseille où l’on ne vend pas de drogue. La découverte d’une kalachnikov dans un coffre d'une voiture échappe à TF1. Peu importe, TF1 reconstitue la scène, il faut que la ménagère en prenne plein la vue. Il faut aussi rentabiliser les C.R.S qui ne resteront que quelques semaines, le temps d’oublier. Pendant ce temps, on fait quelques descentes dans les quartiers sensibles. Une descente de police a eu lieu à la Castellane il y a quelques jours, huit mois après la dernière. Le quartier de Zidane tremble. La pêche est bonne. Les 200 policiers venus ce matin là, découvrent deux 4x4 Volkswagen garés sur le parking (comme la police ne vient jamais, pas la peine de les cacher), 3 moteurs BMW, dont un presque neuf !! Une portière, un capot et quelques pièces détachées. Belle réussite notre ministre dans ce quartier qui compte au moins 3 points de vente et réalise par an des millions de chiffre d’affaires. Pendant ce temps, les deals continuent ailleurs. Dormez tranquille amis marseillais, Brice protège vos enfants.

Dans une époque où le chômage monte, la dette explose et les violences faites aux personnes sont en hausse, il est rassurant de voir que le gouvernement se place du côté des délinquants. Les libertés se réduisent comme une peau de chagrin, la solidarité a disparu et l’égalité vient de mourir.


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