Briefe von Deutschland (Lettres d’Allemagne), 2 : Kathrina

par Pierre Chazal
samedi 15 mai 2021

Depuis cet hiver, en Allemagne, la récréation est terminée. Les manifestations anti-corona de la fin de l’été ne sont plus qu’un lointain souvenir et l’ordre sanitaire s’est entretemps considérablement durci. A Berlin, la situation s’améliore néanmoins peu à peu. Kathrina, 55 ans, fonctionnaire au Ministère des Affaires Familiales, dévoile une partie de son quotidien durant la crise, qu’elle a choisi de traverser du mieux possible, sans trop se poser de questions.

 

Berlin, mercredi 12 mai 2021.

 

Cher Pierre,

 

Ma famille va bien. J'ai presque honte de le dire, mais oui, ça pourrait être pire. Pour parler d'abord des avantages, nous avons pu profiter d’une année supplémentaire avec nos enfants, qui deviennent progressivement des adultes. En temps normal, ils auraient été souvent absents (sports, amis, fêtes…) alors que là, ils ont passé tout leur temps à la maison. Nous avons mangé ensemble tous les soirs, ri et discuté, et appris beaucoup les uns des autres. Bref, ça faisait des années que nous n'avions pas été aussi proches. Pour mon mari et moi, c’était très appréciable même si bien sûr, ce n'était pas toujours facile pour de jeunes adultes comme eux. Ma fille avait déménagé pour le semestre d'hiver et elle a dû retourner chez nous pour étudier en distanciel. Mon fils a fait l'école à la maison pendant quelques semaines, ce qui le stressait un peu, mais il a pu ensuite reprendre ses cours en présentiel car c’était sa dernière année avant son diplôme et des règles spéciales sont applicables ici à Berlin.

Je suis en télétravail depuis 16 mois et c’était plutôt agréable. Pas de longs trajets à faire, un travail très productif avec une pause déjeuner sur le balcon ou une promenade avec le chien.

Trois choses m’ont vraiment manqué. Je n'ai pas vu mes parents de plus de 80 ans pendant presque un an et demi, et quand ma mère a fait un AVC pendant le confinement, j’ai vraiment eu peur de ne plus pouvoir les revoir un jour. Entretemps, ils ont reçu tous les deux leurs deux injections de vaccin et nous avons pu leur rendre visite il y a trois semaines. Quelle joie de nous revoir !

Bien sûr, mes amis me manquent aussi, et les soirées ensemble autour d'un verre de vin (français). C’est un plaisir qui a toujours fait partie de ma vie et qui a soudainement disparu. Mais nous avons réussi à nous entraider. Nous avons beaucoup communiqué par Skype et cela nous a même permis de nous rapprocher de certains amis qui habitent loin et qu’en temps normal nous « voyions » mois. Donc, au final, pas si mal. Il en va de même pour les voyages : nous avons fait beaucoup de projets et avons maintenant très hâte de retourner en France cet été.

La peur de tomber malade est particulièrement stressante. Je suis un sujet à risque et je ne dois pas être infectée. Cela augmente la pression, en particulier pour les jeunes sur qui l’on fait porter une lourde responsabilité. C'est maintenant au tour de mon groupe prioritaire d’être vacciné, mais il est encore difficile d'obtenir un rendez-vous. J'ai l'impression que tout le monde est devant moi sur la liste et je dois encore attendre dix-neuf longs jours avant ma première injection. J'espère que je me sortirai sans mal de cette période. Depuis que le taux d’incidence a diminué, les gens font moins attention.

 

Alors, cher Pierre, croisez les doigts pour que nous puissions tous rester en bonne santé et nous revoir en été, ou au plus tard en automne, à Paris ou à Berlin.

 

Kathrina

 

 

Courier original :

 

Berlin. Mittwoch, 12. Mai 2021

 

Lieber Pierre,

 

Meiner Familie geht es gut ich schäme mich fast es zu sagen, aber ja, es könnte schlechter sein.

Zunächst einmal die Vorteile : Uns wurde ein weiteres Jahr mit unseren heranwachsenden Kindern geschenkt. Normalerweise wären sie immerzu unterwegs gewesen (Sport, Freunde, Parties etc.) und nun waren sie einfach immer zu Hause. Wir haben jeden Abend zusammen gegessen, gestritten, gelacht, diskutiert und viel voneinander und übereinander gelernt. Kurz, so nah waren wir uns seit Jahren nicht. Mein Mann und ich haben es genossen, aber für die jungen Erwachsenen war es natürlich nicht immer leicht, insbesondere da meine Tochter eigentlich zum Wintersemester ausgezogen wäre und nun stattdessen im Online-Studium zu Hause saß. Mein Sohn hatte nur wenige Wochen Homeschooling, was ihn ziemlich gestresst hat, war dann aber recht bald wieder im Präsenzunterricht in der Schule, da er eine Abschlussklasse (letzter Jahrgang vor dem Abitur) besucht und für ihn hier in Berlin Sonderregelungen galten.

Ich bin seit 16 Monaten im Homeoffice und genieße es. Keine weiten Wege, hocheffizentes Arbeiten und zwischendurch eine Mittagspause auf dem Balkon oder ein Spaziergang mit dem Hund.

 Drei Dinge (und wirklich nur diese drei) haben mir aber doch gefehlt : Meine über 80jährigen Eltern habe ich fast 1 ½ Jahre nicht gesehen und als meine Mutter mitten Lockdown einen Schlaganfall bekam und ich nicht wusste, ob ich sie jemals wieder sehen würde, habe ich es doch ziemlich mit der Angst zu tun bekommen. Mittlerweile sind beide, weil über 80, zweimal geimpft und wir haben sie vor drei Wochen besuchen können. Welche Wiedersehensfreude !

Natürlich fehlen mir auch meine Freunde, gemeinsame Abende bei einem Glas (französischen) Wein. Das gehörte, wie selbstverständlich, immer zu meinem Leben und war nun plötzlich weg. Aber wir haben uns zu helfen gewusst : Wir haben viel geskypt und zu manchen Freunden ist er Draht dadurch sogar wieder enger geworden, weil wir uns auf diese Weise häufiger gesehen haben, als wenn man sich gegenseitig in weit entfernt liegenden Orten besuchen will. Also, nicht so schlimm. Gleiches gilt für das Reisen : Wir haben viele Pläne gemacht und hoffen nun sehr darauf, im Sommer wieder nach Frankreich fahren zu können.

Belastend ist vor allem die Angst zu erkranken. Ich bin Risikopatientin und darf mich nicht anstecken. Das baut Druck auf, vor allem auch für die Kinder, die eine große Verantwortung tragen. Nun ist meine Prioritätsgruppe dran, aber es ist trotzdem schwer an einen Termin zu kommen. Gefühlt, sind alle anderen vor einem dran und ich selber muss immer noch 19 lange Tage bis zu meinem ersten Pieks warten. Hoffentlich stehe ich das auch noch durch, seitdem die Inzidenzen sinken, werden die Leute wieder leichtsinniger.

Also, lieber Pierre, drücke uns die Daumen, dass wir alle gesund bleiben und uns dann im Sommer, spätestens im Herbst, in Paris oder Berlin wiedersehen können.

 

Kathrina


Lire l'article complet, et les commentaires